Paul-Harry Aithnard (Ecobank Côte d’Ivoire): « les opportunités et défis de l’Afrique francophone en 2022 »

Paul Harry Aithnard, DG de Ecobank Côte d'Ivoire

La plateforme commerciale Invest Africa, basée à Londres, a organisé le 9 février 2022 un webinaire en présence de Paul-Harry Aithnard, Ecobank, sur le thème: “Quels sont les opportunités et défis de l’Afrique francophone en 2022 ?”

La réunion a été l’occasion pour Monsieur Paul-Harry Aithnard, Directeur régional de Ecobank Afrique de l’Ouest francophone, de présenter sa vision du rôle de la Banque commerciale sur la thématique.

Quel impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie régionale fin 2021 ? Comment mesure-t-on le facteur risque pays des États francophones sous les coups d’État ? Quelle politique structurelle de diversification économique ? Ou encore quelle stratégie de facilitation des échanges à travers des blocs régionaux comme la CEDEAO ou la ZLECA pour offrir de nouvelles opportunités économiques pour les marchés francophones en 2022 ? Que dire des enjeux et défis juridiques de l’économie numérique ? Le tout, dans un contexte d’instabilité sociopolitique, sans précédent en Afrique francophone, marquée par des crises sécessionnistes et des coups d’État consommés ou déjoués en Centrafrique, au Cameroun, en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en RDC, au Tchad.

Ce sont là, quelques préoccupations abordées par les experts de haut niveau de la plateforme d’affaires et d’investissement de premier plan, Invest Africa.

LIRE AUSSI : Préparations CAN 2023 : la CAF fait taire les détracteurs de la Côte d’Ivoire, « les stades en construction sont des bijoux »

Pour l’occasion, le Directeur régional de Ecobank Afrique de l’Ouest francophone & Directeur général Ecobank Côte d’Ivoire, avait à ses côtés Aliou Maïga, Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale d’IFC, filiale de la Banque mondiale dévolue au secteur privé, Nadine Laure Tinen Tchangoum, Associée principale régionale Afrique francophone subsaharienne, PwC Cameroun, également fiscaliste agréé CEMAC et François Conradie, économiste, Oxford Economics Africa, Responsable de la Recherche – NKC Economie Africaine.

Le speaker Paul-Harry Aithnard a décliné sa vision du rôle de la Banque et de l’évolution du continent dans les années à venir.

L’objectif global de la participation d’Ecobank à cette rencontre virtuelle a été de positionner la Banque en tant qu’acteur clé capable de mobiliser des ressources pour soutenir durablement le développement et une gouvernance inclusive des pays francophones.

Il a tenu à élargir le dialogue sur la gestion des priorités institutionnelles des banques en période post Covid-19.

En effet, pour de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME), les effets immédiats du Covid-19 se sont fait ressentir, confrontées à des réductions drastiques de revenus en raison de la baisse de la demande et du tarissement des sources traditionnelles de liquidité.

LIRE AUSSI : Les meilleurs films de la Saint-Valentin

Selon M. Aithnard, la pandémie de Covid-19 s’est accompagnée, dans de nombreux pays africains, de chocs économiques provoqués par un ralentissement spectaculaire de l’activité et des flux commerciaux.

“Les banques étaient plutôt les solutions”

Cependant, dans la sous-région ouest-africaine et particulièrement en Côte d’Ivoire, il y a une reprise économique très forte, mais qui s’accompagne également d’une hausse des prix.

“Je pense qu’il faut souligner aussi l’effort qui a été fait par les banques centrales. Je pense qu’on n’en parle pas assez, mais les banques centrales en Afrique francophone, grâce à un matelas de ressources accumulé depuis plusieurs années, ont réussi à faire des efforts qui pour moi, sont des efforts à souligner. Ils ont injecté des liquidités de manière massive dans les structures financières et spécialement des banques, ainsi que des fenêtres de refinancement qui n’existait pas avant. Et cela a permis aux banques de continuer d’aider les entreprises qui en ont besoin”, a fait savoir le manager.

Pour lui, les banques jouent leur rôle et ce rôle est extrêmement critique lorsqu’on se retrouve face à une crise politique.

“Les banques étaient plutôt les solutions. Ce qu’il a fallu faire, c’était de donner de l’air aux entreprises, donc en participant à des programmes, en réduisant aussi dans certains cas de financement pour certaines entreprises, on voyait très bien que si elles continuaient de s’endetter à ce rythme-là, elles étaient dans des secteurs qui allaient être vivement secoués par le Covid-19. Prenons le cas par exemple du tourisme, de tout ce qui est l’hôtellerie, où il a fallu faire attention pour mettre en place un programme adapté, donc donner de l’air, c’était vraiment ça le maître mot chez nous”, a-t-il poursuivi.

LIRE AUSSI : Laurent Gbagbo à Yopougon le 13 février 2022

Banques commerciales et Relance économique post-covid

Aujourd’hui, la question est de savoir maintenant comment accompagner ces entreprises dans le rebond qui est un rebond très passif.

Il y a besoin d’investissement et besoin de financement, a estimé Charles Dakoiko : “nous essayons d’accompagner les entreprises et les États qui sont actuellement dans les nouveaux programmes d’investissement. De manière pratique, on essaie d’accompagner des PME, qui plus que jamais ont besoin de financement aujourd’hui, en créant des programmes qui sont des programmes spécifiques pour les soutenir”.

Risque pays en Afrique de l’Ouest, signaux rouges au Mali et au Burkina

Sur la question de l’insécurité, à la question de savoir comment les banques commerciales africaines apprécient le risque politique particulier notamment celui relatif à la situation d’instabilité en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, l’expert a regretté que les efforts qui avaient été faits pour le développement du secteur privé et pour la modernisation de l’environnement, ces efforts vont être ralentis. C’est le cas au Mali et au Burkina Faso où il y a des feux clignotants orange-rouge qui vont s’allumer et qui vont faire qu’en termes de financement, les banques devront être beaucoup plus prudentes. Ce qui pourrait réduire les emplois.

“Il n’est jamais bon pour une banque commerciale de faire face à une crise politique”.

À en croire le Togolais Paul-Harry Aithnard, qui dit incertitude, dit croissance molle et dit aussi faible demande de financement, donc ce n’est jamais intéressant ni pour un institut de financement, ni pour une banque commerciale de faire face à une situation de crise politique.

Le secteur privé est fortement impacté et on se rend compte que dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali ces pays étaient déjà classés à des niveaux assez bas au niveau du business. Si mes souvenirs sont bons, je pense que le Mali est 148e et le Burkina Faso à 151e. Donc tout ça déjà dans un environnement d’incertitude politique, tous les efforts qui avaient été faits pour le développement du secteur privé et pour la modernisation de l’environnement, ces efforts vont être, à mon avis, ralentis. Sur le papier ce n’est pas une bonne nouvelle”, se désole le panéliste.

Les banques commerciales et le numérique

Sur la question du numérique et de la dématérialisation des services bancaires, Paul-Harry Aithnard a souligné que les banques commerciales ont intégré le numérique.

“Si je prends l’exemple d’Ecobank, seulement 1/4 de nos transactions avec nos clients aujourd’hui se fait par des agences, tout le reste se fait par des canaux qui sont des canaux numérisés”, a confié le DG d’Ecobank Côte d’Ivoire.

LIRE AUSSI: Laurent Gbagbo: son rendement politique critiqué, Steve Biko contre-attaque

“Un autre exemple, c’est qu’aujourd’hui Ecobank est capable de proposer au gouvernement toute une palette de solutions. Nous permettons au gouvernement d’être beaucoup plus proche des citoyens, soit sur des sujets de fiscalité, soit sur les sujets liés aux cadastres, donc voilà un certain nombre de choses que les banques commerciales font aujourd’hui, et pour les clients c’est de plus en plus important. D’autant plus que l’obsession de la majorité de nos clients aujourd’hui, c’est de demander comment vous pouvez nous aider à nous digitaliser ?, a-t-il poursuivi.

Le numérique, pour l’ancien directeur du Groupe Eti, constitue une potentielle révolution économique.
“Aujourd’hui quand j’ai un client qui est à Dakar qui fait un paiement à un client, il est obligé de prendre 1 000F CFA ou passer par le dollar avant de payer le client, je ne suis plus obligé de passer par le dollar. Je peux faire le paiement directement à travers une banque commerciale, donc je le dis c’est une révolution technologique et potentiellement économique qui va permettre de développer un ensemble de flux commerciaux”.

Il convient de beaucoup travailler avec les entreprises pour les aider à se transformer, les aider à se digitaliser et à être prêt face à l’ouverture des marchés financiers dans les prochaines années, recommande le spécialiste des marchés des capitaux, gestion du patrimoine et d’actifs et ancien administrateur de Ebi Sa Paris en France.

Rappelons qu’Olivier Fille-Lambie, associé, Hogan Lovells, a assuré la modération des échanges au cours de ce webinaire.

Invest Africa est une plateforme commerciale et d’investissement de premier plan, utilisant plus de soixante ans d’expérience en Afrique pour fournir à ses membres des informations uniques et une exposition aux opportunités commerciales.

Basée à Londres, Invest Africa opère également à partir de quatre villes capitulaires : Johannesburg, New York, Dubaï et Genève.

Written by Tristan Sahi

Côte d’Ivoire : dans le secret de la rencontre Simone Gbagbo – Anaky

Libye : le Premier ministre victime d’une tentative d’assassinat