Toujours pas d'accord entre l'opposition et le gouvernement à quelques jours du scrutin présidentiel ivoirien
A une semaine de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, le gouvernement et l'opposition peinent à accorder leurs violons sur le processus électoral pour aboutir à un scrutin apaisé, inclusif, crédible et transparent le 31 octobre.
Après une mission conjointe début octobre de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de l'Union africaine (UA) et des Nations unies (UN), une mission ministérielle de la CEDEAO a séjourné en Côte d'Ivoire du 17 au 19 octobre pour « promouvoir une élection présidentielle inclusive, crédible, transparente et pacifique » dans le pays.
Au terme de cette mission, la CEDEAO avait noté la persistance des points de divergence relatifs au processus électoral et appelé les parties prenantes à faire des efforts afin de parvenir à un accord, non sans appeler l'opposition à reconsidérer son appel à la désobéissance civile.
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LA MAIN TENDUE DU GOUVERNEMENT
Suite à la mission de la CEDEAO, le Premier ministre Hamed Bakayoko a organisé mercredi une rencontre avec l'opposition boudée par les principaux partis, notamment, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, d'Henri Konan Bédié) et le Front populaire ivoirien (FPI, de Pascal Affi N'guessan).
Au terme des échanges, le gouvernement a décidé d'opérer des réaménagements au sein de la Commission électorale indépendante (CEI).
Il a ainsi décidé de l'intégration d'une cinquième personnalité au sein de la Commission centrale de la CEI au titre de l'opposition, de l'octroi d'un poste de vice-président au PDCI dans le bureau de la Commission centrale de la CEI et de la recomposition des Commissions électorales locales.
Le gouvernement a également exprimé « la disponibilité » du chef de l'Etat Alassane Ouattara à rencontrer son ex-allié devenu son principal rival, Henri Konan Bédié, pour aplanir leurs différends.
En retour, le gouvernement a demandé à l'opposition de lever sans délai son mot d'ordre de désobéissance civile, de s'inscrire dans la voie du dialogue et d'oeuvrer pour un déroulement apaisé de l'élection présidentielle.
LE NIET DE L'OPPOSITION
Lors d'une conférence de presse conjointe jeudi, les deux candidats de l'opposition retenus pour l'élection présidentielle, Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'guessan, ont refusé en bloc les propositions de réaménagement de la CEI annoncées par le gouvernement.
Ils soutiennent n'avoir « à aucun moment formulé une telle demande » lors des discussions avec la mission de la CEDEAO.
Ils ont rappelé leurs revendications relatives au retrait de la candidature « anticonstitutionnelle et illégale » d'Alassane Ouattara, à la réforme de la CEI et du Conseil constitutionnel, à l'audit international de la liste électorale, et au retour des exilés et à la libération des prisonniers politiques.
Les candidats Henri Konan Bédié et Pascal Affi N'guessan ont exprimé leur « volonté de dialogue » tout en demandant une « médiation internationale » sous l'égide notamment de la CEDEAO.
Ils appellent l'organisation sous-régionale africaine à continuer de jouer son rôle de « facilitatrice du dialogue car ils ne sauraient participer à une rencontre présidée par le gouvernement protagoniste au conflit » et qui serait de ce fait « juge et partie ».
In fine, les deux candidats de l'opposition ont déclaré qu'ils maintiennent leur mot d'ordre de désobéissance civile et de boycott du processus électoral.
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MM. Bédié et Affi ne battent pas campagne, soutenant que l'élection du 31 octobre « ne peut se tenir à date échue sous sa forme actuelle ».
Seuls le président sortant Alassane Ouattara et le candidat indépendant Bertin Kouadio Konan participent à la campagne électorale ouverte le 15 octobre pour deux semaines.
Lancé le 20 septembre, le mot d'ordre de désobéissance civile et de boycott du processus électoral a été suivi à Abidjan et à l'intérieur du pays par des manifestations de rue sporadiques entachées très souvent par des affrontements avec les forces de l'ordre, des attaques de groupes armés non identifiés muées en conflit intercommunautaire ou des saccages de biens publics et privés.
Près de neuf personnes ont été tuées depuis le début de la semaine dans les localités de Bonoua (sud-est, 50 km d'Abidjan) et Dabou (sud-ouest, 40 km d'Abidjan).
Courant septembre, les premières manifestations de l'opposition contre la candidature d'Alassane Ouattara avaient fait une quinzaine de morts, des centaines de blessés et des personnes interpellées.