Le pro-Soro, Francis Kouadiani, fait une analyse sur les ambitions politiques, d'Alassane Ouattara, président de la République de Côte d'Ivoire.
Quand Alassane a démystifié Ouattara. Malgré que certains Ivoiriens ne l'ont jamais porté dans leur cœur, c'est grâce au mythe qu'il a toujours cultivé autour de sa personne que l'ancien DGA du Fonds monétaire international est devenu en 2010 le 5e président de l'histoire de la Côte d'Ivoire post-indépendance.
Au début, beaucoup croyaient en lui. Car, malgré que quelques Ivoiriens n'ont pas apprécié son entrée par effraction sur la scène politique nationale, sa renommée de grand banquier passé entre autres par la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et par le Fonds monétaire internationale (FMI) avaient convaincu plus d'un observateur qu'il fallait l'essayer.
Quand il accède à la magistrature suprême en fin 2010, Alassane Ouattara bénéficie donc de la confiance de pas mal de gens, persuadés que rien qu'avec son carnet d'adresse, il redonnerait à la Côte d'Ivoire son lustre d'antan. Effectivement, porté par une sorte d'union sacrée, celui était jusque-là président du Rassemblement Des Républicains (RDR) entame son premier mandat le pied au plancher, en lançant plusieurs chantiers : construction ou réhabilitation de routes, construction d'infrastructures socio-éducatives… Les résultats sont épatants.
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Sur cette lancée, M. Ouattara réalise qu'il lui faut davantage de temps pour faire mieux. Il obtient le soutien de ses alliés pour rempiler. Mais, après avoir été reconduit à la tête du pays, l'ancien banquier change de cap. Ses soutiens ne le reconnaissent plus. Son premier chantier de taille ne sera pas infrastructurel mais plutôt politique. Il lance la réforme de la Constitution. Réservé au départ, ses alliés finissent par apporter leur caution au projet, étant donné que la Loi fondamentale jusque-là en vigueur, a été parfois décriée.
Sa nouvelle Constitution en poche, le chef de l'Etat va alors commencer à présenter un autre visage à Henri Konan Bédié, Président du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), à Guillaume Soro, Président de l'Assemblée Nationale. Au premier cité par exemple, il assure qu'il n'a jamais été question d'alternance, c'est-à-dire un soutien à un candidat du PDCI pour la présidentielle de 2020. Quant à l'ancien Premier Ministre, il doit négocier fort pour être reconduit Président de l'Assemblée Nationale.
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Poste où se voit retirer plusieurs prérogatives, notamment au niveau de sa garde. Excédés, ces deux alliés vont finir par laquer la porte. S'il se réjouit un temps du départ de ces soutiens qu'il juge encombrant, en privé, il réalisera plus tard que sans eux, son projet de faire un troisième mandat pourrait coincer. Et, après avoir abdiqué, Alassane Ouattara choisit d'intensifier la guerre qu'il a déclarée à ses anciens alliés. Dans cette entreprise, il apparaît sous un autre jour. On n'a plus affaire à l'homme policé venu du FMI.
Après avoir contraint des proches d'Henri Konan Bédié, de Guillaume Soro… à rejoindre son nouveau parti, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) à travers des menaces directes ou en achetant leur conscience, le président de la République veut en finir avec le Président de l'Assemblée Nationale, poussé à la démission du perchoir.
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Dans la forme comme dans le fond, la démarche visant à faire plier l'échine au Président de Générations et Peuples Solidaires (GPS) n'a rien à envier aux entreprises des plus dictateurs de la planète. C'est donc ébahi que le monde entier découvre que celui qui s'est toujours fait passer pour un démocrate, hanté par sa fin de mandat et sans doute aussi par tous les faux coups réalisés durant ce magistère, est devenu un autocrate.