Lettre ouverte de Grah Ange Olivier au président Alassane Ouattara relative au passeport diplomatique de Laurent Gbagbo en Belgique.
Monsieur le Président Alassane Dramane Ouattara,
Lorsque Monsieur Laurent Gbagbo, ex-Président de la République de Côte d'Ivoire traduit devant la Cour Pénale par vos soins, a été acquittée par cette juridiction et mis en liberté conditionnelle, vous avez avec le RHDP suscité des manifestations dans le pays pour qu'il ne lui soit pas accordé le droit de retourner chez lui au motif que les victimes de la crise politique ne le supporteraient pas et qu'il y avait un risque réel de troubles à l'ordre public.
Vous ne vous être pas contenté de faire cela, vous avez même commis des avocats pour aller soutenir cette thèse devant la CPI. Après l'échec de cette entreprise, nous apprenons que vous lui refusez le passeport diplomatique en violation de l'article 1er du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance qui prévoit comme principe constitutionnel commun à tous les pays membres de cette organisation, que tout ancien Chef d'Etat bénéficie d'un statut spécial incluant la liberté de circulation, une pension et d'autres avantages matériels.
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La loi portant statut des anciens Président, pris en application de ce texte, donne en son article 9 aux anciens chefs de l'Etat le droit à un passeport diplomatique. Vu que le Président Laurent Gbagbo était votre adversaire lors des élections de 2010, les difficultés que vous faites pour lui délivrer ses documents de voyage ne peuvent que s'analyser en violation de l'article 10 du Protocole susvisé qui interdit l'acharnement et le harcèlement contre un candidat ayant perdu des élections.
Cela est d'autant plus vrai que Monsieur Blaise Compaoré, ancien Président du Burkina Faso bénéficie d'un tout autre traitement de votre part. Non seulement vous acceptez de l'accueillir sur le territoire national alors qu'une bonne partie de la population lui en veut car elle lui reproche sa participation à la crise militaro-civile de 2002, mieux, vous lui avez accordé à lui et à sa famille, son frère y compris, la nationalité ivoirienne et leur avez délivrez le fameux passeport diplomatique alors qu'il n'y ont pas droit légalement.
Nous ne pouvons que constater qu'avec vous, un ancien Président d'un pays étranger à plus de droit en Côte d'Ivoire, qu'un ancien chef de l'Etat ivoirien. Nous ne pouvons que déplorer cette attitude mesquine, cette volonté d'humilier un adversaire politique, indigne des fonctions que vous occupez.
Cela est d'autant plus inacceptable que vous rabaissez en vous conduisant ainsi les fonctions de Président de la République et fragilisez le statut d'ancien Chef de l'Etat qui vous serez amené à revendiquer tôt ou tard. Il y a vraiment lieu de vous demander Ouatt's happen ? Votre attitude est incompréhensible.