Révocation de Bendjo, les preuves de l’illégalité : Tout ça pour Sawegnon ?

Alassane Ouattara et Noël Akossi Bendjo
Alassane Ouattara et Noël Akossi Bendjo

La révocation de Bendjo à la mairie du Plateau est illégale dans sa forme. La loi sur l'organisation municipale a été violée à travers cette décision du conseil des ministres de Côte d'Ivoire. 

« La suspension relève de l'autorité de tutelle. La révocation est décidée par décret en conseil des ministres. Toute suspension ou révocation du maire ou d'un adjoint doit être précédée d'une audition de l'intéressé ou d'une invitation à fournir ses explications par écrit ». Le premier article à avoir été violé par le gouvernement est l'article 83 de la loi portant organisation municipale.

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En la matière, l'autorité de tutelle n'a ni auditionné , ni invité ce dernier à fournir des explications écrites. Tout ce qui s'est passé, c'est une convocation de la brigade de recherches de la gendarmerie du Plateau, l'invitant à se présenter à elle, pour affaire le concernant. Et cette convocation a été délivrée en son absence. Au demeurant, la brigade de recherche n'est pas la tutelle d'un élu municipal. Les maires ont pour tutelle le ministère de l'Intérieur et la brigade de recherches de la gendarmerie dépend du ministère de la Défense.

« A deux mois des municipales, cette précipitation peut être interprétée ainsi : empêcher Bendjo d'être candidat à sa propre succession »

La deuxième violation est relative à la mise sous tutelle de la mairie. La loi exclut cette possibilité. En effet, l'article 84 de cette même loi précise : « En cas de suspension ou d'absence temporaire, le maire est provisoirement remplacé par un intérimaire résidant effectivement dans la commune et désigné parmi les adjoints pris dans l'ordre des nominations et, à défaut d'adjoint, parmi les conseillers municipaux, en tenant compte de l'ordre du tableau ».

Révocation de Bendjo et gêne du pouvoir

Ici, le gouvernement n'a pas eu le courage, ou n'a pas encore eu le courage de faire diriger la commune par le premier adjoint au maire. Tout le monde comprendra pourquoi. En effet, le premier adjoint au maire se nomme et est le frère du ministre Hamed Bakayoko.

Si dans la région du Hambol, Jean-Louis Billon a été remplacé, sans autre forme de procès, par le dernier conseiller régional sur la liste, qu'il avait proprement battu aux élections, quatre ans plus tôt, c'est bien parce que cela n'était pas trop gros, mais en remplaçant Bendjo par Bakayoko, cela aurait été trop gros comme le nez au milieu du visage. Si donc le gouvernement se gêne pour appliquer ce texte, c'est qu'il a conscience que sa décision n'est pas fondée sur les textes, en tout cas dans la forme.

D'ailleurs, une phrase prononcée par Sidi Touré, le nouveau porte-parole du gouvernement trahit la précipitation du gouvernement. « Les enquêtes sont en train d'être menées pour consolider les chiffres exacts ». Ce bout de phrase a fait réagir l'analyste politique André Silver Konan. Tout en précisant qu'il réagissait uniquement sur la forme et non sur le fond, il s'est exclamé : « bienvenue en Côte d'Ivoire, le seul pays au monde où un gouvernement démet un maire, sans attendre les résultats d'une enquête ».

« Empêcher Bendjo d'être candidat »

Pour lui, « A deux mois des municipales, cette précipitation peut être interprétée ainsi : empêcher Bendjo d'être candidat à sa propre succession. D'ailleurs, au Plateau, il n'y a pas que Bendjo qu'on empêche d'être candidat. Si l'on m'avait dit qu'un pouvoir aurait empêché un Ivoirien d'être candidat, j'aurais perdu mon pari, tant le combat politique de ce parti a été axé sur le refus de l'empêchement de Ouattara à être candidat ».

Selon nos informations, alors que les candidats RDR sont connus depuis le mardi 31 juillet 2018, dans les localités du pays, à travers des lettres de recommandation signées de Kandia Camara, le candidat du parti présidentiel au Plateau n'est toujours pas connu. Des pressions sont exercées sur Ouattara Dramane dit OD, candidat à la candidature du RDR, pour qu'il se désiste en faveur de Fabrice Sawegnon, le « candidat du couple présidentiel », selon des médias. Ceci explique-t-il cela ?

Elvire Ahonon

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