« Soro sollicite le pardon des Ivoiriens, mais ne quémande pas le pardon des politiques pour des besoins d’alliance »

Selon Abi-Daman Koné, Soro sollicite le pardon des Ivoiriens, et non celui des acteurs politiques pour des besoins d'alliance.

En sa qualité d'acteur de premier plan de la longue et mortifère crise politico-militaire qui a éclaté non pas dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 mais des années avant (l'action militaire de décembre 1999 en fait foi), , avec insistance sollicite le pardon de ses compatriotes.

Sauf qu'au lieu de bienveillance, cette démarche responsable, plus humaine que politique, lui vaut des diatribes dans diverses écuries politiques. Les détracteurs se retrouvant pour la plupart dans les camps de , ancienne coalition au Pouvoir, et du , actuelle coalition décomposée au Pouvoir. Armés, ils le sont d'arguments aussi spécieux qu'irresponsables.

Pour ses détracteurs, le Pardon du Président de souffre d'une carence en sincérité parce qu'à leurs yeux, politiquement motivé. En somme, un procès en sorcellerie car si par indulgence, l'on peut accorder à leur affirmation le statut de simple hypothèse, il n'en demeure pas moins que nos Procureurs ne disposent pas d'un instrument de mesure de sincérité à même de produire un tel réquisitoire péremptoire.

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Surtout qu'à la décharge de l'ex-Premier et Président de l', il y a lieu de lui reconnaître qu'il n'a pas attendu d'être en rupture d'avec le Pouvoir, ni de dérouler ses prétentions présidentielles pour professer l'impératif égorique du Pardon et de la nationale. Mieux, à plusieurs reprises, du haut du si douillet, juteux et convoité perchoir de l'Assemblée nationale, il n'a pas hésité à interpeller le Président de la République sur la nécessité d'engager le chantier de la réconciliation par le préalable d'une libération des prisonniers de la de 2010.

Avouons là qu'à défaut de l'attestation de sincérité, il faut au moins lui décerner celle du courage politique. D'ailleurs, une analyse plus sereine et objective nous permettra d'affirmer que la Pardon aujourd'hui prôné n'est que le prolongement et la suite logique des différents accords de paix signés par le Chef de la rébellion armée qu'il fut, notamment l'accord politique de qui a accouché des premières élections démocratiques et inclusives d'une irréprochabilité planétairement reconnue.

A l'analyse de leurs réactions insensées à la démarche de Guillaume Soro, ce qui choque davantage chez les détracteurs, c'est moins le déni de sincérité que les dispositions psychologiques qui les induisent.

En effet, tout dans leurs attitudes milite dans le sens de la seule responsabilité de l'ex-chef de la rébellion dans les tribulations pourtant advenues comme un purgatoire lié aux manquements et inconduites collectives. Comme le concerné lui-même aime à le dire, la rébellion armée ne fut pas un donné naturel comme la pluie. Encore que la pluie a des causes scientifiquement établies et donc sous cet angle, méritée.

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Ceci est d'autant vrai que depuis la guerre de succession au premier Président de la République, et avec, l'émergence d'idéologies identitaires et ultra-nationalistes, l'alarme fut donnée par les observateurs . Le coup d'État de décembre 1999 était d'ailleurs indissociable de ce contexte sulfureux.

La transition militaire dominée par une purge identitaire dans les quartiers et sous-quartiers d', dans les campagnes et pire, au sein de l'Armée avec son corollaire de militaires exilés désireux de rentrer au par tous les moyens ; les élections présidentielles et législatives de 2000 hautement calamiteuses et meurtrières ; la victimisation et la manipulation sur la base de l'appartenance ethnique et religieuse ; les marches de l'opposition d'avant septembre 99, toutes réprimées dans le sang, sont-elles de la responsabilité de Guillaume Soro ?

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Les charniers ne sont-ils pas apparus dans le vocabulaire des avant la rébellion ?Si Guillaume Soro, avec responsabilité demande pardon, cela ne doit être une raison de lui imputer l'exclusivité de la responsabilité de la tragédie ivoirienne ou encore de lui dénier la justesse des raisons qui lui ont imposé la solution douloureuse.

Il sollicite le pardon des ivoiriens, mais ne quémande pas le pardon d'acteurs politiques pour des besoins d'alliance. Car autant il sollicite la solidarité des autres pour sauver la démocratie à nouveau menacée, autant les autres ont eux-aussi besoin de son soutien pour le salut collectif.

Pour le reste, il est important que tous, à l'instar de Guillaume Soro, reconnaissent leur part de responsabilité dans la souffrance des ivoiriens et comme lui, sollicitent leur pardon, rompant définitivement avec l'orgueil et la polémique irresponsable et inutile.

Written by Abi-Daman Koné

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