Tiemoko Assale approuve la marche du 15 février : « l’idée de faire une marche pour la paix est à saluer mais… »

Tiemoko Assale, le maire de Tiassalé à saluer la marche pour la paix organisée par l'église catholique le samedi 15 février.

En , les chrétiens sont majoritaires et représentent environ 80% de la population. Les musulmans sont à peine 15%. En 2013, alors que les rebelles de la « Seleka » conduits par (musulman), sont à quelques kilomètres de Bangui la capitale, un document au contenu dangereux est mis en circulation, y compris sur les réseaux sociaux : « En Centrafrique, les musulmans sont chaque jour insultés et méprisés. Si nous arrivons à Bangui, nous allons mettre en place un régime islamique, afin d'appliquer la charia. »

Ces propos attribués à Michel Djotodia, chef des rebelles ayant renversé le président Bozize (chrétien), étaient censés avoir été tenus en avril 2012. En réalité, il n'avait jamais tenu ces propos. La suite, on la connaît. D'une crise politique, militaire, le conflit a rapidement glissé sur le terrain religieux. Les affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait plusieurs milliers de morts dans un pays complètement détruit.

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On peut intervenir militairement pour séparer deux belligérants. On ne peut pas faire grand chose dans un contexte où des voisins, dans tous les quartiers et, à travers le pays, se découpent à la machette. Au nom de la religion. Ceux qui ont fabriqué le faux communiqué attribué au Cheick Boikari Fofana savaient ce qu'ils faisaient. Et ils ont atteint leur objectif.
Il suffit de voir ce qui se passe sur nos réseaux sociaux depuis que le diocèse d' a annoncé une marche pour le 15 février, pour s'en rendre compte.

L'idée de faire une marche pour la paix (même si jamais dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, un diocèse ou une confession religieuse n'a jamais fait cela), est à saluer. Mais dans un environnement de haine, de rumeurs, d'informations fabriquées, de manipulations, de récupération politicienne, de soupçons et d'accusations de fraudes électorales avec le retour des discours guerriers, peut-être que les uns et les autres devraient faire attention. Je ne cesse de le répéter. Ce pays n'a plus les ressources morales pour digérer une autre crise politique.

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Quant à ceux qui pensent que le procureur de la République et la police scientifique ont les moyens de retrouver en deux temps trois mouvements toutes les personnes qui diffusent des messages de haine et les appels au meurtre sur les réseaux sociaux, ils se trompent. Ceux qui ont été rapidement retrouvés sont uniquement ceux qui se sont inscrits avec des informations permettant de les identifiés en deux clics.

En dehors de cela, il est absolument impossible de retrouver quelqu'un qui sait utiliser les failles informatiques et qui publie sur Facebook. Le seul moyen de le prendre, c'est uniquement l'accord de Facebook, après une réquisition. Mais Facebook ne réagit pas avant deux à trois semaines et généralement pour dire « non ».

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Aucun pays au monde n'a les moyens de réguler totalement les réseaux sociaux. C'est pour cela que des pays comme la n'acceptent pas les réseaux sociaux classiques, ils ont leurs propres réseaux sociaux que le gouvernement contrôle. Il n'y a pas de Facebook en Chine.
Même un pays comme la n'a pas eu les moyens de retrouver tous ceux qui publient des messages de haine sur Facebook.

C'est pour cela que le a mis la pression sur Facebook pour obtenir la communication sur demande, des « IP » de ceux qui diffusent les messages de haine. Mais si Facebook a accepté cela, c'est parce que la France est un pays démocratique avec des institutions de contrôle et une justice indépendante. Jamais Facebook n'accordera la même faveur à des pays comme le nôtre parce que, avec une justice sous influence, quel que soit le régime, ce serait la porte ouverte aux dérivés de tous genres.

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Donc les diffuseurs de haine sur nos réseaux sociaux ont encore de beaux jours devant eux. Et pourraient mettre le feu au pays. Celui qui a diffusé les fausses informations sur la bagarre entre deux individus à Beoumi, a été arrêté. Après plusieurs morts.

Written by Assalé Tiemoko

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