3è mandat de Ouattara : « Pourquoi s’entêter à faire passer une volonté monarchiste qui pourrait encore défigurer le pays ? »

Qu'il est bien plaisant d'écouter un chef d'Etat encore en fonction, comme le nôtre, qui, du haut de sa tour d'ivoire, tient le beau rôle de crier, à qui veut l'entendre, qu'il serait le plus fort, le plus doué, le plus grand des chefs d'Etat, qui ne fait que des prouesses de gouvernance et jamais d'erreurs !

Il disait, hier, qu'il était « indéboulonnable » (parlant de son régime politique), il dit aujourd'hui qu'il est « inattaquable » (parlant de son bilan présidentiel). Pour les enfants qui adorent les films à sensations d'effets spéciaux à profusion, entendre notre tout-puissant chef d'Etat s'exprimer au superlatif, c'est comme voir Superman planer dans les airs au-dessus du pays, ou Spiderman, Batman et autres, faire, chacun, leurs actions de héros, magiques, épiques et surnaturelles. Napoléon 1er lui-même ne se présentait pas pour abdiquer quand il perdait la guerre : il était trop fier pour rendre son épée.

Seulement, voilà, ne rêvons pas trop debout, car nous sommes en Côte d'Ivoire, un pays où l'on a vu les régimes les plus durs, tutélaires même du pays, s'effondrer d'eux-mêmes en un temps inimaginable, avec leurs tout-puissants chefs, par le simple fait d'une poussée de vent de changement. Et le changement, dans un pays dont l'esprit se sent étouffé, reste imparable, quand il est enfin en marche pour conduire à la libération.

Donc, on peut soi-même s'endormir l'esprit et rêver de détenir un pouvoir politique grandissime, ou le croire infaillible et irréprochable. Mais il est plus sage d'être réveillé et de vivre conscient de tout ce qui se passe, car le pays a une réalité indéniable : il étouffe, socialement et politiquement, et a grand besoin de respirer l'air frais des libertés humaines et de la démocratie.

Et c'est en ce moment-là que notre infaillible chef d'Etat, excellent en tout et super-héros politique, choisit pour se pénétrer et se nourrir de désirs de longévité et d'inamovibilité au pouvoir d'Etat ? Et cela, s'évertue-t-il à dire, parce que la Constitution le lui permet ?

Non, renoncez-y, car vous n'êtes ni neuf, ni nouveau, lui répondront à l'unisson les qui lisent la même Constitution qu'il leur a forgée en 2016, quand il annoncera en juillet 2020 sa candidature pour un troisième mandat présidentiel.

Oui, un troisième mandat présidentiel, quand la Constitution de leurs Etats n'en permet d'exercer limitativement que deux, est de trop pour les chefs d'Etat sortants. Quand ils en font la tentative, c'est le peuple, toujours pris par eux comme une bête de somme, qui se cabre, se braque et hennit contre cette imposture éreintante. L'amère expérience d'être éjectés de la scelle et de mordre durement la poussière, les ramène alors brutalement sur terre pour voir qu'ils ne se sentaient grands, hauts et inatteignables que parce que le peuple avait simplement permis leur montée au pouvoir.

La Côte d'Ivoire est, certes, un pays tenable, mais son peuple réel est imprenable, quand il se rend bien compte que l'on veut le forcer à un amour de dupe. Donc, qu'on soit clair, une bonne fois pour toutes : le troisième mandat rêvé en 2020 ne passera pas par le peuple de Côte d'Ivoire, même si la Constitution l'y force. La Constitution actuelle n'efface pas le fait politique que notre chef d'Etat a exercé deux mandats présidentiels de 5 ans chacun. On ne peut pas gommer cela de la conscience nationale.

Arrêtons donc de vouloir à tout prix créer en Côte d'Ivoire les mêmes causes qui ne produiront que les mêmes effets. Pourquoi s'entête-t-on de vouloir faire passer une volonté monarchiste qui pourrait encore casser et défigurer le pays comme on ne le souhaite pas ? Pourquoi ne pas plutôt regarder les choses bien en face et commencer par nous asseoir, pouvoir, opposition et société civile, pour discuter, de fond en comble, du changement des mauvaises causes qui promettent un avenir immédiat trouble, tant redouté pour le pays, à savoir, la réforme totale de la CEI, du Code électoral, du découpage électoral, du listing électoral, de la Loi constitutionnelle ? Pourquoi, à l'issue de cette tabula rasa, ne pas donner, une bonne fois pour toutes, à la Côte d'Ivoire de l'après-crise, des institutions démocratiques fortes qui garantiraient que tout aille pour le mieux dans la gouvernance de la République, plutôt que faire instaurer un règne de type monarchique pour l'unique prestige personnel d'un chef d'Etat de qui dépendrait, seul, la pluie et le beau temps dans le pays ?

Sylvain Takoué,

Président du

Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)

Written by YECLO.com

Alain Lobognon

Le premier tweet de Lobognon après sa libération : « Je poursuis le combat »

Soro Guillaume

Soro dans ses habits neufs d’opposant : Une conférence ce vendredi, pour noyer la visite de Ouattara à Macron