Ange Grah Olivier, magistrat ivoirien, demande la libération des auteurs de la vidéo du sacrifice d'être humain en pleine rue d'Angré.
Nous constatons que de nombreux internautes se réjouissent de l'arrestation de ces jeunes gens qui ont eu la mauvaise inspiration (nous le convenons) de tourner et de publier une vidéo sur le satanisme, en ne dévoilant qu'il s'agissait d'un montage qu'après le buzz qu'ils ont suscité. Le caractère répété de cette réaction des autorités judiciaires a cette nouvelle forme de désignation à la vindicte populaire ne manque pas de faire naître des préoccupations sur la sagesse et la pondération dont elles devraient pourtant faire montre en toute circonstance.
En effet, il y a lieu de s'interroger sur le point de savoir si l'emprisonnement est devenu le seul moyen de sanctionner toutes les erreurs ou fautes des individus en Côte d'Ivoire. Est-ce qu'il suffit qu'un évènement suscite un certain émoi populaire pour justifier la mise en branle du processus judiciaire. Une ou deux vidéos de mauvais goût et vlan, voilà des artistes derrière des barreaux au nom d'une morale dont la contenance nous paraît des plus floues.
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Des DG qui ont détourné des centaines de milliards de Francs CFA de l'argent public se baladent tranquillement dans les rues de la capitale, profitant en plus du produit de leurs infractions, cela ne dérange pas grand monde. Des microbes qui tuent d'innocentes personnes, ne prennent pas le chemin de la prison. Par contre, un individu est condamné à deux ans de prison pour avoir participé à une émission décriée d'une chaîne de télévision, alors que l'animateur est à peine inquiété et le Directeur Général, qui pourtant est responsable conformément à la loi, n'est même pas mis en cause.
Où est la Justice, lorsque le Juge fait semblant de se soumettre à l'émotion du Peuple quand il s'agit de pauvres hères et joue à l'aveugle lorsque les puissants sont concernés. Quelle société construit-on, lorsque ses membres sont là perpétuellement à demander la tête des plus faibles, lorsque ces derniers commettent les plus bénignes et font preuve de couardise quand il s'agit d'en faire de même pour les puissants ?
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Qu'on libère ces jeunes gens, qui n'ont fait qu'user, même si c'est maladroitement, de leur droit à la liberté d'expression. On ne peut agir autrement lorsqu'on prend régulièrement des Décrets de grâces au bénéfice de milliers de véritables délinquants, sous le prétexte de l'engorgement des prisons. Pourquoi, ils ne le seraient pas si on n'hésite pas à embastiller des citoyens, pour des peccadilles comme c'est le cas en l'espèce ?
Le Parquet, n'a-t-il rien de mieux à faire que de vouloir satisfaire cette forme de méchanceté collective qui se développe dans notre pays ? On ne doit pas accepter de faire de l'emprisonnement, une chose banale, même si c'est ce qu'Alassane Ouattara et son Gouvernement ont érigé en principe pour les plus pauvres et les plus faibles de la société.
