Marcel Amon-Tanoh, nouvel opposant à Ouattara ?

Marcel Amon-Tanoh démissionne. Et maintenant ? Va-t-il se lancer tout seul dans la conquête du pouvoir en octobre 2020, comme opposant à Ouattara ?

Démission, sans surprise de Amon-Tanoh du gouvernement. « Un ministre démissionne en Côte d'Ivoire? Vive la liberté. », s'est écrié un membre du gouvernement. Son absence à la réunion politique du (au pouvoir en Côte d'Ivoire), le jeudi 12 mars 2020 au Sofitel Hôtel Ivoire avait intrigué plus d'un observateur.

Déjà la veille, l'information avait circulé. Rencontre d'explications et d'échanges entre le président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix et le conseil national mais aussi et surtout plébiscite du premier ministre en qualité de candidat du parti pour la présidentielle 2020. « Nous avons alerté le président sur les risques du choix de Amadou Gon Coulibaly. Les sondages ne sont pas favorables. Le président nous demande de lui faire confiance. », souffle un cadre du parti au pouvoir

Une absence qui sonne comme une opposition

Tout était donc clair que ce 12 mars 2020, le président entendait obtenir l'adhésion du conseil national sur son choix. Dans la salle, tout le monde est là. Sauf . Personne n'explique son absence. Il a souvent manqué des réunions de conseil de gouvernement mais il y avait toujours un justificatif: raison de maladie. Cette fois, il n'est pas là et des membres du conseil national, se l'expliquent difficilement.

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Rupture consommée

Il y a bien longtemps que les rumeurs persistantes faisaient état de l'ambition d'un des fidèles parmi les fidèles du président Alassane Ouattara. « Il a toujours été aux côtés du président. », soupire un membre du directoire du RHDP. Sa silhouette fait partie de l'environnement du président du RDR, puis du président de la République et enfin du président du RHDP.

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Fils de l'ancien ministre de l' du temps du président Felix Houphouët-Boigny, il a très vite embrassé les affaires. L'ancien président de la République de Côte d'Ivoire, le décrit comme « un homme d'affaires devant l'éternel. ». Un de ses condisciples explique son ascension et son enrichissement par « son mariage avec l'une des filles du président Houphouët-Boigny. ».

Homme discret

Toujours est-il que sa discrétion malgré la place importante dans la task-force de ADO, son dévouement et sa loyauté à l'égard du président Ouattara sont légendaires. Il passe inaperçu ou sait s'effacer devant son patron. Il sert Alassane Ouattara. Quand celui-ci arrive au pouvoir en 2011, tout naturellement, Marcel Amon-Tanoh est à sa place au Palais: directeur de cabinet. Patron de l'administration. À côté de lui, il y a un autre fidèle du président Ouattara, au secrétariat général de la présidence: Amadou Gon Coulibaly.

La montée en puissance de Amadou Gon

Les deux hommes se connaissent. Ils ont toujours été là, pour le même chef. Le tandem est parfait au début du premier mandat. Chacun joue sa partition mais visiblement, Amadou Gon Coulibaly monte en puissance. L'ancien premier ministre Soro Guillaume raconte que certains ministres prenaient ordres et consignes chez le secrétaire général de la présidence . « J'ai dû donner de la voix pour que cela cesse. ».

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Deux hommes, deux tempéraments

Deux caractères forts dans le même bateau. Les frictions naissent indubitablement. A la présentation des vœux de la presse au chef de l'Etat en 2016, un fin mot du président de la République n'échappe pas aux observateurs: « Amadou Gon est le vrai patron de la présidence ». Visiblement, celui que les militants du parti au pouvoir appellent « le lion » avait pris le pouvoir au palais. Un an plus tard, en janvier 2017, il prend le perchoir à la primature. Le 18 septembre, Amon-Tanoh rejoint l'équipe gouvernementale en qualité de ministre des Affaires étrangères

La guerre des héritiers

Tant que le président Ouattara maintenait le suspense sur sa candidature pour la présidentielle 2020, les ambitions autour de lui se neutralisaient ou s'exprimaient en sourdine. À partir du moment, le voile s'est déchiré, le premier cercle a commencé à bouillonner. Chacun désirant à la fois succéder « au père » et protéger les intérêts du clan. Le choix du président Ouattara de faire le lit de Amadou Gon Coulibaly n'a pas été du goût de plusieurs de ses proches, dont Marcel Amon Tanoh.

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Si le ministre d'Etat, ministre de la Défense, a qui l'on prêtait des intentions de candidature s'est vite rétracté et surtout fait contre mauvaise fortune, bon cœur, ce ne fut pas le cas du ministre des Affaires étrangères. Boudeur et orgueilleux jusqu'au bout des ongles, l'originaire de , 68 ans, a démissionné du gouvernement. Avec élégance, il a remercié le président de la République: «J'ai travaillé à ses côtés en toute loyauté, en prenant toujours soin de lui faire part de mon honnête opinion en toutes circonstances ». Puis tente de mettre l'opinion de son côté. « Seuls la grandeur de la Côte d'Ivoire, la justice, la démocratie et le bonheur des ont constamment motivé mon engagement politique. ».

Et maintenant?

Grosse interrogation désormais sur son avenir politique. Va-t-il se lancer tout seul dans la conquête du pouvoir en octobre 2020? Le pari est plutôt risqué. L'homme n'est pas connu comme « une bête politique » qui ferait chavirer les cœurs à sept mois des élections. L'hypothèse probable, rejoindre le camp des opposants. Avec son carnet d'adresses qui est en partie celui du président Ouattara après 26 ans d'amour-passion, de confiance et de collaboration étroite, il peut servir de cheval de Troie…

Written by Fernand Dédeh

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