Un sacrifice de 100 bœufs à Daoukro, ville natale d'Henri Konan Bédié, au centre-est de la Côte d'Ivoire ; crée la psychose chez des pro-Bédié. La scène s'est déroulée, le jeudi 23 août 2018, dans le quartier de Gagou.
Les initiateurs de ce rituel sont des Turcs membres d'une tendance islamique qui accorde une place aux sacrifices de charité. Cependant, l'ampleur de ces immolations, le chiffre symbolique de 100 et le lieu choisi font poser des questions à certaines populations, notamment les pro-Bédié, dans un contexte de crise politique et de rupture de l'alliance du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Dans la ville de Daoukro, la ville natale d'Henri Konan Bédié, président du Parti Démocratique de Côte d' Ivoire (PDCI), il se raconte même que les initiateurs n'ont pas reçu l'onction des chefs de terre. En effet, Gagou est le village fondateur de Daoukro. Raison pour laquelle, son choix émeut des natifs de Daoukro, partisans de Bédié.
« Pourquoi un tel sacrifice après la Tabaski et non pendant la Tabaski ? Pourquoi Daoukro, ville natale d'Henri Konan Bédié ? »
Mais les initiateurs, selon notre source, clament avoir reçu l'autorisation de certains responsables de la notabilité de la ville. De même, ils expliquent le chiffre par le fait qu'il y avait de nombreux pauvres à satisfaire dans toute la ville, et non pas seulement dans le quartier de Gagou.
Toujours selon cette source, cette histoire a amené un natif de Gagou à se demander : « Pourquoi un tel sacrifice après la Tabaski et non pendant la Tabaski ? Pourquoi Daoukro, ville natale d'Henri Konan Bédié ? ». Pour les saintes écritures musulmanes, le sacrifice n'occupe pas une place centrale dans l'expérience religieuse musulmane.
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Il n'y a pas identification entre le sacrifiant et sa victime. En outre, le sacrifice n'est pas obligatoire, mais seulement recommandé par le Coran et il admet des substitutions et des équivalences notamment le jeûne et l'aumône.
Signalons que Daoukro n'est pas la seule ville où ce genre de sacrifice de charité, en rapport avec la Tabaski, a eu lieu. D'autres villes de l'intérieur, notamment N'Douci, ont connu ces scènes, toujours le même jour.
En tout état de cause, certaines personnes redoutent ces pratiques qu'elles accusent de sataniques. D'ailleurs jusque-là, dans la ville de Daoukro, des rumeurs jamais vérifiées, font état de pratiques de ce genre qui auraient précédé la chute de Bédié. Et ce sacrifice à grande échelle ravive cette psychose.
Roxane Ouattara