Les récentes manifestations à Daoukro, fief de l'ex-chef d'État Henri Konan Bédié, occasionnant 3 morts, ont viré dans un conflit communautaire.
« On ne veut plus d'eux ici », menacent des jeunes en colère: les manifestations contre la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara se sont muées en conflit entre communautés à Daoukro, fief de l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié dans le centre de la Côte d'Ivoire.
Samedi, Apollinaire N'Goran Kouamé, 45 ans, a été tué par balle alors qu'il montait la garde en compagnie des jeunes de la localité d'Anoumabo située près de Daoukro, ont constaté samedi des journalistes de l'AFP.
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M. Kouamé était de l'ethnie baoulé soutenant Henri Konan Bédié, lui-même un Baoulé originaire d'Anoumabo âgé de 86 ans et candidat à la prochanie présidentielle d'octobre face à Alassane Ouattara.
A l'annonce de cette mort, ses jeunes partisans en furie, armés de fusils de chasse, de gourdins et de machettes, se sont rués vers le quartier peuplé majoritairement de Malinké soutenant Ouattara pour en découdre.
De jeunes malinké étaient de leur côté sur le pied de guerre et la gendarmerie a dû s'interposer pour les faire reculer et faire baisser la tension.
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Dans la ville de Daoukro, la même méfiance s'est installée entre les communautés baoulé et malinké qui s'accusent mutuellement des dégâts causés.
Des barricades ont été dressées sur des artères où des jeunes montent la garde pour « défendre leur maison et leur vie contre les assaillants ».
A Baoulékro, quartier situé à quelques encablures de la résidence de M. Bédié, plusieurs maisons ont été incendiées et la plupart des habitants ont fui, craignant les « attaques » de Malinké.
Les rues sont jonchées de cailloux, de morceaux de verres cassés et de restes de pneus incendiés.
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Dans le quartier malinké de Dioulakro, tous les commerces, marchés et stations-essence étaient paralysés.
« Nous, on ne voulait pas les empêcher de manifester. C'est quand ils ont commencé à casser les camions, les magasins, on a dû se défendre pour protéger notre commerce », explique à l'AFP un jeune malinké assis sur une moto, soutenu par ses camarades.
- « Nous demandons la paix » –
« Regardez tous ces dégâts qu'ils ont fait », ajoute-t-il en montrant un magasin incendié et la rue jonchée de morceaux de verre.
Les trois jours de violences ont également porté un coup dur aux sièges du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de M. Bédié et du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) du président Ouattara, qui ont été saccagés.
Entre Baoulékro, le quartier des Baoulé et Dioulakro, les forces de l'ordre ont installé une « zone tampon » dans laquelle elles patrouillent.
« On a évité le pire ça aurait pu être un carnage », affirme Adama Kolia Traoré, président du conseil qui administre la ville de Daoukro où il y a eu selon lui « au moins cinq morts et aujourd'hui » et « 116 blessés » en trois jours.
« Nous demandons seulement la paix », sanglote Marcelline Kouamé Aya, une ménagère trentenaire, en marchant dans les décombres de sa maison familiale dans le quartier Baoulékro.
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Le président Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis réélu en 2015, avait annoncé dans un premier temps en mars passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais celui-ci est décédé le 8 juillet d'un infarctus.
Après ce décès, M. Ouattara a annoncé le 6 aout qu'il briguerait finalement un troisième mandat.
La Constitution limite à deux les mandats présidentiels, mais opposition et pouvoir sont en désaccord sur l'interprétation de la réforme adoptée en 2016: les partisans de Ouattara affirment qu'elle a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.