Depuis quelques années précisément, la Côte d’Ivoire est malheureusement secouée par une problématique tristement célèbre qui alimente de jour en jour toutes les conversations dans l’ensemble du pays en général et dans la capitale économique en particulier. Il s’agit bien d’un phénomène gravement infanticide qui n’est autre que les enlèvements de personnes en général et d’enfants en particulier pour des fins de sacrifices rituels (Sorcellerie ou magie noire) ou non, est bien loin d’être une réalité nouvelle car il peut être aussi vieux que nos civilisations africaines ou les sacrifices humains ont été pratiqués différemment selon les cultures, les âges et les situations géographiques. Ainsi, ces enlèvements de personnes se justifient à bien des égards sur la base de certaines croyances africaines têtues, omnivores et infanticides…qui font croire que les déchets corporels, les liquides, les membres ou tout autre partie du corps humain posséderaient un pouvoir magique capable d’offrir ou d’accorder des pouvoirs surnaturels à son souscripteur en vue d’obtenir un avantage matériel, social, politique ou économique quelconque recherché. État de fait qui ramène incommensurablement à de nombreux types d’acteurs qui ont pour objet de travail toutes les personnes en position de vulnérabilité: leurs nombreuses victimes innocentes.
Qu’est ce qu’un enlèvement de personnes de manière générale et sa particularité dans le contexte africain ?
« Un enlèvement, rapt ou kidnapping est l’action qui consiste à s’emparer de quelqu’un ou à le détenir, contre sa volonté, généralement par la force, souvent dans l’intention d’échanger la victime contre une rançon ou d’en obtenir tout autre avantage…»
Si cette définition a le mérite de nous éclairer avec précision sur la définition du terme « enlèvement » de façon générale, il est important de signaler que ce terme révèle plusieurs sous-entendus dans le contexte typiquement africain qui n’a rien à avoir avec les enlèvements à rançon qui eux, dans la plus part des cas, aboutissent à la libération des victimes…car ici, en ce qui nous concerne, les rançons ou les demandes de rançon ne constituent pas le but premier des enleveurs d’enfants en Afrique et en Côte d’Ivoire et cela est bien connu de tous nos services d’ordre et de sécurité. Ce qui nous fait pencher impérativement vers d’autres mobiles qui justifient avec une assurance presque certaine ces enlèvements de personnes.
Quel sens peut-on donner à ces enlèvements d’enfants en particulier et à ceux des personnes en général en Afrique noire ?
Selon un sondage effectué par l’ONG SAPE CI en mars-avril 2008, toujours dans le cadre de ses efforts pour comprendre et saisir mieux les contours du phénomène, il est ressorti que plus de 75% des populations ivoiriennes, toute catégorie confondue, consultent des sorciers (féticheurs, devins, marabouts ou autres mystiques…), ce malgré la place importante qu’occupent le christianisme et l’Islam qui sont de loin deux religions monothéistes qui conjuguent le même verbe contre la sorcellerie et ses pratiques maléfiques. Et ces sorciers qui sont considérés comme des demi-dieux en raison de leurs prétendus pouvoirs magiques, du profond respect et de la confiance inouïe placés en eux, peuvent faire et défaire les états d’âme des populations et des individus à leur convenance au point même de contrôler leur vie comme bon il leur semble. C’est en effet une telle situation traditionnelle et encrée entretenue et nourrie par des habitudes millénaires qui est à l’origine de certaines pratiques culturellement et socialement néfastes mais pénalement criminelles tels que les sacrifices humains et bien d’autres assez bien connues.
Sur cette base de notre spiritualisme, si l’Homme est considéré comme une source d’énergie, de puissance et de ressource mystiquement transformable et utilisable pour le bonheur de l’Homme, quel qu’en soit la manière en effet, il n’en demeure pas moins que c’est bien cet état de fait qui est le mobile premier qui justifie les enlèvements de personnes et d’enfants presque partout en Côte d’Ivoire. Les victimes de ses sacrifices sont le plus souvent des enfants impubères. Leur sang ou tout autre liquide corporel, leurs organes sexuels, et parfois d’autres parties de leurs corps sont exigés par ces sorciers qui promettent à leurs clients un enrichissement rapide, une position sociale élevée ou tout autre avantage…
Si les enfants, en raison de leur immaturité physique et psychologique, morale et intellectuelle, donc de leur vulnérabilité connue et reconnue, sont pour les sorciers et leurs clients une proie plus facile et pratique, il n’en demeure pas moins que les personnes adultes sont partie intégrante de leurs matières premières. C’est pourquoi, en sus des enlèvements récurrents d’enfants, une vingtaine plus ou moins déjà signalée ici et là dans le Sud de notre pays, des enlèvements et assassinats d’adultes à des fins de ces mêmes sacrifices rituels ont bel et bien été découverts aussi dans la même zone. C’est dire autant que les efforts de lutte ne doivent pas se focaliser uniquement sur les cas d’enfants victimes car notre organisation non gouvernementale détient des témoignages importants et fiables à ce niveau également.