Les deux images sont frappantes et traduisent tout le côté cocasse de ces ralliements spectaculaires. D'un côté un Honoré Guibony heureux de rencontrer Henri Konan Bédié, au lendemain de sa victoire aux municipales à Duékoué et de l'autre, un homme décomposé, qui pose à côté d'un Amadou Soumahoro, au sourire jaune.
L'on en sait désormais un peu plus sur les méthodes dignes du KGB utilisées par le RHDP, pour obtenir le ralliement de certains nouveaux élus. Le cas du nouveau maire de Duékoué, délégué PDCI, Honoré Guibony, raconté par ses proches, en dit long.
« A l'heure où je vous parle, le maire Guibony est dans le bureau du ministre Amadou Soumahoro. Il est quasiment séquestré depuis le matin. Depuis plusieurs jours, on lui met la pression et on le fait chanter. Etant directeur aux impôts, on lui a demandé de choisir entre rallier le RHDP et être limogé d'abord, puis avoir des ennuis ensuite », ainsi s'est exprimé, l'un des proches d'Honoré Guibony, nouveau maire PDCI de Duékoué.
De fait, dans de nombreux cas de ralliements, des témoignages font état de pressions exercées sur les nouveaux élus. Au RHDP, c'est l'opération « Zéro fonctionnaire dans l'opposition ». Et ceux qui sont chargés de mettre en oeuvre cette autre forme d'autocratie sont ceux qui apparaissent aux côtés des élus prétendument ralliés, à savoir Kobenan Kouassi Adjoumani, Amadou Soumahoro et Adama Bictogo.
Soutenu par le doyen Aoua Touré, vice-président du PDCI et ami de longue date de Bédié, Honoré Guibony avait battu à plate couture, le candidat du RDR-RHDP, le maire sortant soutenu par Adama Toungara. Une humiliation pour ce dernier. Depuis le 16 octobre 2018, date à laquelle Guibony s'est rendu à Daoukro, il a fait l'objet de pressions, de menaces et de chantages. Jusqu'à ce mardi 30 octobre 2018, où « séquestré » durant des heures, il a été contraint de rallier le RHDP.
Elvire Ahonon
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