C'est une information exclusive. Ivoiresoir.net détient la preuve selon laquelle, la justice s'est laissée guidée par le politique, en vue de permettre le retour au pays, d'Albert N'Cho, ex-directeur technique de la mairie du Plateau, qui avait pris la fuite, à la suite de son patron révoqué, Noël Akossi Bendjo.
C'est le concerné lui-même qui a confié cette intrusion du politique dans une affaire judiciaire. « Je vais manger mon totem », a-t-il déclaré, alors qu'il laissait entendre qu'il a été quelque peu contraint de trahir son mentor. Albert N'Cho était l'un des hommes forts du système Bendjo. Directeur technique indéboulonnable de la mairie du Plateau, depuis le premier mandat de Bendjo (2001-2018), N'Cho était proche parmi les proches du maire révoqué par le président Alassane Ouattara.
En juillet 2018, Albert N'Cho, le directeur technique, Edwige N'Goran la directrice financière, Jethème Faizan, directeur de cabinet et Jean Michel Amankou, secrétaire général, étaient les principales personnalités à avoir été convoquées à la police. Si la directrice financière a été interpellée puis incarcérée à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), sans que rien de solide contre elle, n'ait été dévoilé, Jean Lichel Amankou, pour sa part, a été démis de ses fonctions et mis à la disposition de la Fonction publique, étant donné qu'il est fonctionnaire.
Collusion justice et politique
Albert N'Cho et Jethème Faizan eux, ont pu se soustraire des griffes de la justice actionnée, avant la révocation de Bendjo. Albert N'Cho s'est retrouvé à Paris, tandis que Jacques Yapi, nommé maire intérimaire, par le ministre de l'Intérieur, sans aucun respect de la procédure en matière, jouait sur la fibre ethnique, pour obtenir son ralliement. « Le maire Yapi m'a dit que Fabrice Sawegnon vient à Paris et qu'il va me rencontrer. Il est venu, nous avons discuté », a confié N'Cho à un proche.
« l'instrumentalisation de plus en plus visible, de la justice, par le politique, qui devient inquiétante et menace gravement la démocratie en Côte d'Ivoire »
C'est alors qu'il a été décidé que le candidat du RHDP au Plateau, userait de ses contacts à la justice, pour faire sauter les menaces d'arrestation qui pèsent sur N'Cho. Suite à cet échange, l'ex-directeur technique est effectivement rentré à Abidjan, sans être inquiété à l'aéroport. Il a retrouvé son poste à la mairie, a changé de véhicule et se promène désormais avec des gardes du corps.
Comme il l'avait promis à un proche, il est bel et bien entré en campagne pour Fabrice Sawegnon. Au-delà de cette affaire, c'est l'instrumentalisation de plus en plus visible, de la justice, par le politique, qui devient inquiétante et menace gravement la démocratie en Côte d'Ivoire.
De même, les méthodes de Fabrice Sawegnon, qui était pourtant précédé d'une réputation de jeune aux méthodes nouvelles; n'augurent rien de bon, ni pour le Plateau où il est candidat, ni pour la Côte d'Ivoire, étant donné son positionnement filial, vis-à-vis du président de la République qui a personnellement œuvré pour l'imposer comme candidat du RHDP, au détriment de Ouattara Dramane dit OD, cadre militant de première heure, du RDR.
Autocratie naissante
Récemment, il avait fait une confidence à un journaliste réputé, qui a par la suite reçu des pressions, pour la suppressions de l'interview. « Voilà un gars qui s'appelle Akossi Bendjo. Il est au PDCI depuis longtemps. Il bouffe. Tout le monde sait qu'il bouffe mais personne ne parle. Parce que les gars se disent, c'est un partenaire politique. Ils sont entre eux. Ils se protègent les uns, les autres. Dans tous les pays du monde, quand tu es dans un système, tu es tranquille. Quand tu commences à cracher sur le système, il se braque », avait expliqué Sawegnon, laissant comprendre que la système judiciaire s'était juste « braqué » parce que Bendjo s'était rebellé contre le RHDP unifié.
Fin septembre, en pleine campagne au Plateau, Hamed Bakayoko avait à peine dévoilé cette collusion entre le politique et la justice, en vue de brimer des opposants au pouvoir. Parlant du candidat du PDCI, Jacques Ehouo, il a lancé, sans terminer sa phrase : « Il y a une justice qui est déjà avec… Que les gens arrêtent de nous sous-estimer ». Précisant : « Dites aux jeunes qui s'excitent qu'il ne sert à rien d'être derrière des candidats qui sont des repris de justice en sursis, des candidats qui sont des prisonniers en sursis. Quel que soit le résultat, la justice fera son travail ».
Emmanuel Gautier
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