Franc CFA : Piège ou opportunité pour l’économie ivoirienne ?

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Franc CFA © Crédit Photo DR

L'endettement de la Côte d'Ivoire est souvent l'objet de débats. FCFA et Euro, comprendre les implications pour la dette ivoirienne. Une analyse de Jean Bonin.

L'endettement de la Côte d'Ivoire est souvent l'objet de débats. Certains affirment que le pays est surendetté, tandis que d'autres soutiennent que la situation est sous contrôle.

Jean Bonin analyse les implications de la dette ivoirienne libellée en et en euros.

Les nouveaux chantres du prétendu surendettement de la CIV brandissent souvent l'argument selon lequel les pays développés s'endettent dans leur propre monnaie. Analysons.

C'est quoi le risque de s'endetter en monnaie étrangère ? Principalement, le risque de change. En effet, si par exemple vous vous endettez en dollars, dont le taux de change fluctue quotidiennement à la hausse ou à la baisse, le montant de votre dette, et donc de vos échéances de remboursement de cette dette, connaîtra la même variation.

Ainsi, si vous empruntez le 1er mai 2022, un (1) million de dollars alors que 1 dollar vaut 500FCFA et qu'à l'échéance du premier remboursement, le 1er mai 2025, le même dollar vaut 600FCFA, il est clair que votre dette aura mécaniquement augmentée et entraînera parallèlement une augmentation du montant des remboursements.

Même là encore, il existe de nombreuses assurances, telle que MIGA ou COFACE, qui couvrent le risque de change. Il n'y a donc rien de rédhibitoire à emprunter en devises étrangères.

La dette de la Côte d'Ivoire, contrairement à certains pays qui ont « leur propre monnaie », notamment hors Uemoa, tels que le Ghana ou le Nigeria, est à 90% libellée en FCFA et en . Cela résulte du fait que la CIV s'endette principalement sur les marchés financiers de l'Uemoa et avec des pays qui utilisent l'Euro.

Avec le FCFA il n'y a pas de risque change. Il en est de même avec l'Euro qui a une parité fixe avec le FCFA. 1000 Euro en 2024 resterons 1000 Euros en 2025, c'est à dire 655 957 FCFA. Donc, que la CIV s'endette en FCFA ou en Euro, cela ne change absolument rien au montant nominal de sa dette ni au montant des remboursements à échéance. C'est un des très gros avantages de la parité fixe du FCFA avec l'Euro.

C'est donc un argument non pertinent et sans consistance que d'opposer à la dette ivoirienne celle des pays qui s'endettent dans leur monnaie locale.

Autre chose qu'on entend souvent dire, et qui est encore faux, c'est que 80% de la dette américaine est détenue par des américains. Pour vous en convaincre, je vous exhorte, à titre d'exemple, à jeter un coup d'œil sur la capture d'écran ci-dessous concernant la dette de ce pays en 2018.

Selon les données de la Réserve fédérale de décembre 2022, les 31 400 milliards de dollars de titres de dette américaine étaient détenus par le secteur privé américain (15 600), par les investisseurs étrangers (7 400), par le gouvernement fédéral (6 800) et par les Etats et les gouvernements locaux américains (1 600).

Qu'est-ce qu'il faut entendre par le secteur privé américain ? Le secteur privé américain est constitué d'entreprises immatriculées aux USA. Mais une entreprise a beau être immatriculée aux USA, son capital peut très bien, lui, être détenu par des investisseurs étrangers, surtout si elle est cotée en bourse.

Par exemple, Orange Ci est immatriculée en Côte d'Ivoire comme une entreprise privée ivoirienne. Idem pour Socoprim, qui exploite le pont HKB mais qui est une filiale de Bouygues, une entreprise française.

Cela revient à dire que la nationalité de l'entreprise importe peu si on n'ignore qui sont ceux qui contrôlent sont actionnariat et surtout ses droits de vote.

J'éviterai, pour la facilité de compréhension du post, de parler des catégories d'actions (À, B et C) quand bien même cela aurait permis de comprendre qu'un individu peut détenir la majorité des droits de vote d'une entreprise mais pas la majorité des dividendes (ou du capital).

Avant de s'engager dans un débat technique, il faut prendre le temps de se cultiver et non se précipiter pour se jouer les doctes. On ne devient pas économiste en visionnant des vidéos de Kemi Seba qui n'a jamais dirigé une entreprise et même une seule fois travaillé de sa vie ou encore de Franklin Nyamsi qui est un enseignant philosophie de collège et qui n'a aucune notoriété reconnue en économie.

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Mamadou Koulibaly est un économiste. Donc ce qu'il dit ou écrit peut être intéressant d'un strict point de vue scientifique. Pour autant les thèses qu'il développe ne sont pas une vérité scientifique ou biblique. Il exprime une opinion et comme telle, celle-ci peut toujours être battue en brèche, pour peu qu'on soit libéral ou socialiste par exemple.

Il a été ministre de l'économie et des finances et même président de l'assemblée nationale pendant de longues années. Il avait tout le loisir d'engager le débat ou de faire des propositions de lois pour mettre en œuvre sa vision sur la FCFA, d'autant que son parti était majoritaire à l'assemblée nationale. L'a-t-il une seule fois fait ? Que nenni !

Certes on a pas besoin nécessairement d'être économiste pour comprendre ou parler d'économie mais il est indispensable de se cultiver pour avoir un minimum de pre requis en la matière.

Sarkozy a été ministre de l'économie et des finances de la France, il est juriste, tout comme l'ex présidente du FMI, Christine Lagarde et actuelle présidente de la Banque Centrale européenne (BCE). Ils parlent économie car ils ont pris le temps d'apprendre.

À ce sujet, je vous recommande le best seller du vice-président de FIER, l'économiste / banquier, Liby Guillaume, « économie pour tous, pour tout comprendre ». Une fois que vous aurez lu ce livre, comme moi je l'ai fait, alors vos commentaires sous mes posts apporteront une plus-value scientifique à la discussion et non seulement une position politique ou opportuniste.

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