Frontière Côte d’Ivoire Burkina : les djihadistes à nos portes, la zone classée rouge par la France

La France a placé en zone rouge la région frontalière entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso en raison de la menace terroriste et djihadiste.

« Il y a une volonté de pénétration de la katiba Macina dans cette région à la frontière du Faso », assure un diplomate français.

En fin d'année dernière, la a placé en zone rouge, formellement déconseillée aux voyageurs, la région frontalière entre la Côte d'Ivoire et le en raison de la menace terroriste.

Les armées de ces deux pays ont renforcé la sécurité dans la zone pour ne pas laisser s'installer de nouveaux foyers jihadistes. Samedi 25 janvier 2020, le poste de Yendéré, proche de la frontière, a été attaqué pour la seconde fois en dix mois, sans faire de victime.

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Dans le village d'Alidougou, les habitants ont été réveillés au son du canon, le 4 janvier 2020. L'armée burkinabée a mené un raid aérien et terrestre dont l'objectif était, selon l'état-major, d'anéantir une cellule terroriste repliée dans une zone forestière attenante. Cette opération menée au sud-ouest du Burkina Faso, à moins de 10 km de la Côte d'Ivoire, a suscité le mécontentement des autorités à , non informées, qui ont mis leurs troupes en alerte le long de la frontière.

Les choses semblent rentrées dans l'ordre après le déplacement à du chef d'état-major général de l'armée ivoirienne, , cinq jours plus tard. Les deux pays ont annoncé leur volonté de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Des opérations militaires conjointes ont eu lieu en 2018. Elles doivent être relancées.

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« Il y a une volonté de pénétration de la katiba Macina [groupe jihadiste né au ] dans cette région frontalière du Burkina Faso et de la Côte d'Ivoire où les terroristes profitent de la porosité pour passer d'un côté à l'autre des frontières, explique un diplomate français. Si on ne fait rien, cette région échappera à tout contrôle, comme le nord du Burkina, d'ici à dix-huit mois ».

Coupeurs de route. En décembre, le gouvernement français a placé la zone frontalière avec le Burkina Faso en zone rouge sur sa carte de conseil aux voyageurs. En raison du risque terroriste et d'enlèvement, il déconseille formellement à ses ressortissants de se rendre dans le Nord ivoirien, dans les districts des Zanzan et des Savanes, ainsi que dans le parc national de la Comoé, un peu plus au sud, à la frontière du .

« Il existe des mouvements frontaliers, reconnaît un responsable du renseignement ivoirien. Mais nous n'avons pas encore de preuves de tentatives de recrutement des groupes jihadistes sur notre territoire ». Les premiers passages de jihadistes au nord de la Côte d'Ivoire ont été signalés en 2015 lors de la perpétuation d'attentats, réalisés du côté malien de la frontière. « Il y a une menace islamiste dans la région, confie le général Bruno Clément-Bollée, ancien commandant des Forces françaises en Côte d'Ivoire. D'ailleurs, les autorités avaient interdit la construction de nouvelles mosquées en 2016 dans cette partie du nord ivoirien ».

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Ces régions du nord, où se trouvent des forêts, ne sont pas réputées sûres. Les coupeurs de route et bandits de grands chemins y sévissent depuis longtemps. Les collusions sont nombreuses entre les uns et les autres sur des routes fréquentées par les orpailleurs clandestins, les braconniers, les trafiquants… Plusieurs postes de douane et de police ont été attaqués ces derniers mois. « Ces attaques se déroulent sur les routes empruntées par les trafiquants pour l'acheminement de la drogue et des produits de contrebande comme les cigarettes, ajoute le responsable ivoirien. Leurs auteurs cherchent à chasser les représentants de l'autorité étatique ».

Forces spéciales. Pour les analystes, le nord ivoirien est en train de vivre une phase de transition. « Les criminels cherchent à s'approprier la zone, ajoute le responsable. On a repéré des contacts entre eux et des jihadistes du Front de libération du Macina (FLM) au Mali qui jouent sur les antagonismes ethniques et les conflits existants (différend foncier, vol de bétail) pour instrumentaliser les conflits communautaires. Mais le jihadisme est largement utilisé comme paravent pour les activités illicites, même s'il existe quelques idéologues avec un projet politique. » LIRE LA SUITE

Written by Pascal Airault

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