Dans la grisaille du licenciement collectif à Fraternité Matin, parmi lesquels 11 journalistes et 13 délégués et syndicalistes, soupçonnés de ne pas être favorables au RHDP unifié dont s'est fait le chantre, le directeur général Venance Konan, une victime de taille : Marcelline Gneproust.
Celle-ci, comme d'autres, figure sur la liste, non parce qu'elle n'a pas de mérite (elle a été sacrée super Ebony de la presse ivoirienne) mais parce qu'elle est soupçonnée d'être pro-Gbagbo. Tout comme d'autres journalistes sont visés par la mesure parce que soupçonnés d'être pro-Bédié.
Super Ebony en 2012, Marcelline Gneproust faisait la fierté de Fraternité Matin et était brandie par le DG de Frat Mat à toutes les occasions publiques. Cette spécialiste des questions de santé de la maison verte d'Adjamé, vient d'enterrer son époux. Elle figure sur la triste liste des agents à renvoyer pour motif économique. Ironie du sort : la décision intervient quelques jours avant la remise du prix Ebony 2018, parrainé par la première dame Dominique Ouattara, qui avait d'ailleurs félicité la lauréate.
Expliquant les causes profondes du licenciement collectif, dans un document remis aux délégués, le directeur général adjoint chargé des finances, Serge Nouho, protégé du premier ministre Amadou Gon Coulibaly, a énoncé un certain nombre d'explications.
On peut lire : « l'absence d'une vision stratégique clairement définie et acceptée par tous », « la gestion de l'entreprise en dehors des recommandations ou plan d'actions arrêtées au titre du plan stratégique 2011-2015 », sous la PCA Zunon-Kipré remplacée par Dr Ibrahim Séga, par ailleurs PCA de l'Hôpital Mère Enfant (HME de Dominique Ouattara) de Bingerville.
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De même que « la non-maîtrise des charges d'exploitation de l'entreprise (7.8 milliards FCFA en 2017 contre 3.8 milliards FCFA en 2012) », « la ligne éditoriale inadaptée », etc. Un diagnosic qui pointe davantage la responsabilité du management de l'entreprise que celle du petit personnel.
Mais les Ivoiriens devront s'en doute s'habituer à ce genre de thérapie. Face à un problème, le gouvernement Ouattara qui a validé un plan de restructuration de 1.4 milliard FCFA alors que la direction générale a annoncé 900 millions FCFA, sans que personne ni le ministre de la Communication, ni la Présidence ne demandent où sont passés les 500 millions FCFA ; préfère traiter les conséquences, plutôt que la cause.
Elvire Ahonon