Grah Ange Olivier, magistrat ivoirien, se prononce sur la nomination d'Hamed Bakayoko, comme nouveau premier ministre de Côte d'Ivoire.
C'est par un communiqué quasi anonyme du Ministre Patrick Achy, Secrétaire Général de la Présidence, que les ivoiriens ont appris la nomination au Poste de Premier Ministre, Ministre de la défense, Monsieur Ahmed Bakayoko, antérieurement Ministre d'Etat, Ministre de la défense. Depuis c'est un concert de félicitation qui s'est élevé pour saluer cette promotion avec des notes dissonantes pour la contester pour diverses raisons.
Je retiendrai la réaction du journaliste André Silver Konan qui note avec pertinence que les conditions de l'annonce de cette nomination, par un simple communiqué diffusé sur Facebook n'augure rien de bon pour l'avenir. La tentative pour rattraper les choses par la diffusion dans la presse audivisuelle de la lecture par son auteur ne change rien pour moi à la justesse de l'analyse car ce n'est pas seulement dans la forme de l'annonce qu'on peut lire la banalisation de cet évènement.
Par orgueil, le bénéficiaire va agir pour donner le change, mais ne nous trompons les conditions de cette nomination constituent un véritable humiliation pour ce dernier. En effet en violation des dispositions de l'article 70 de la Constitution qui prévoient que le Président de la République nomme le Premier Ministre et sur proposition du Premier Ministre, nomme les autres membres du Gouvernement, Monsieur Ahmed Bakayoko ne s'est pas vu confié de proposer un Gouvernement comme le prescrit ce texte.
En le désignant dans le même Décret Premier Ministre de la défense, Alassane Ouattara lui ôte expressement une des rares attributions propres de ses fonctions comme pour lui signifier qu'il ne le voit autrement que comme un un Premier Ministre au rabais. Certe, je suis conscient que le respect de cette formalité n'a jamais empêcher le Président d'être celui qui désigne réellement les Ministres, mais cela aide le locataire de la Primature à asseoir son autorité sur les autres membres du Gouvernement.
Si une attribution aussi formelle, Alassane n'hésite pas à l'enlever publiquement à Ahmed Bakayoko, cela est annonciateur du nombre de couleuvres que l'indésirables en réalité, aura à avaler.Une autre leçon qui est à tirer de cette nomination, c'est qu'Alassane Ouattara prépare l'annonce de sa candidature aux prochaines élections présidentielles en tranchant maladroitement les conflits existants entre les deux franges rivales de son propre camp.
La promotion d'Ahmed Bakayoko vise à satisfaire le Woroba, qui accepterait ainsi que leur fils ne soit pas choisi comme candidat du RHDP après la mort de d'Amadou Gon et la banalisation de la nomination vise à contenter le camp Gon, très remonté contre le nouveau Premier Ministre à qui il impute la mort de leur champion au point de vouloir lui bloquer l'accès non seulement à la candidature à la Présidentielle mais également à la primature.
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Il s'agit de leur montrer que c'est une nomination sous contrainte.Enfin la dernière leçon à tirer de cette nomination est le caractère simplement cosmétique de la présence des cadres des autres régions dans l'organisation politique du rattrapage qu'est le RHDP. Comment avec des personnes de la valeur de Patrick Achy, dont le cv n'a rien à envier à celui du Chef de l'Etat lui même, Alassane peut-il nommer un « grouilleur » comme Ahmed Bakayoko surtout qui traîne à ses basques une sulfureuse réputation de chef du narcotrafic dans la sous-région.
On peut rétorquer qu'il est envisager de le nommer vice-Président, mais toute le monde à constater avec Daniel Kablan Duncan, qu'il s'agit en réalité de fonctions secondaires destinées à satisfaire les besoins de la géopolitique et qui n'apporte rien terme de plus value au poids politique de son bénéficiaire.
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Oui, on ne peut que constater que la doctrine du RHDP, selon laquelle le pouvoir doit rester au Nord, a encore de beaux jours devant elle.
