Jean Bonin à Kéi Gbohou: « je comprends ton amertume. Tu as attendu en vain que le RHDP, ton parti politique d’alors, te trouve du boulot »

Jean Bonin, ancien vice-président du FPI, décrypte la colère du politique Kéi Gbohou, ex-cadre du RHDP, contre le président Ouattara.

Cher Kéi, je comprends ton amertume. Tu as attendu en vain que le , ton parti politique d'alors, te trouve du boulot. Las d'attendre, tu as bruyamment quitté le parti… dans l'indifférence générale.

Je voudrais, humblement, te donner un conseil : comme l'amitié, le militantisme ne saurait être une prise en charge. Sinon, il n y aurait aucun chômeur au RHDP lorsque tu le rejoingnais.

C'est le travail dignement obtenu qui libère l'homme. Tu me sembles être un homme intelligent, qui as un certain talent oratoire, qui, en plus, est en bonne santé et a tous ses membres au complet. Autant d'atouts qui devraient te permettre d'entreprendre et de réussir comme le font des millions d'ivoiriennes et d'ivoiriens.

Sois un homme de valeurs et défends les constamment avec conviction. Ne sois pas revanchard, aigri ni haineux. Cela ne sert absolument à rien et te rongera inutilement davantage.

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Je te donne ces conseils car moi aussi je suis passé là. À la différence près que, lorsque le vice-président du FPI que j'étais et qui a démissionné du parti, à aucun moment, je n'ai craché dans la soupe qui, d'ailleurs, ne m'a jamais nourri. Je suis parti en souhaitant bon vent à mes camarades militants d'hier et je suis passé à autre chose.

J'aurais pu être gagné par la rancune et les ressentiments car j'ai, en tant que Directeur départemental de campagne de Gbagbo, de 2004 à 2010, mouillé le maillot, pris des risques pour le candidat du parti dirigé par Affi N'Guessan et financé de ma poche toute sa campagne dans le département de Dimbokro.

En 2000, j'étais directeur juridique puis DGA de l'Anaré, recruté suite à un appel international à candidatures. C'est un responsable du FPI, proche du ministre Monnet Emmanuel, qui a supprimé mon poste en 2004 pour « incompatibilité d'humeur » et qui, par la suite, m'a licencié, en 2012, pour « motif économique », avait-il écrit dans sa lettre de licenciement.

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En réalité, il n'avait pas digéré que je dénonce des actes de corruption et de mauvaise gouvernance qui avaient cours dans l'entreprise. Me licencier, abusivement, était sa façon à lui de se venger de moi. J'ai saisi la justice et j'ai gagné mon procès. J'ai même été indemnisé à hauteur de 43 millions.

Cher Cadet, je n'en ai voulu à personne. J'ai continué à militer au FPI jusqu'en mai 2021, tout en travaillant pour le cabinet d'avocats dont j'étais membre et en dirigeant ma propre entreprise.

En mai 2021, il y a un an de cela, j'ai démissionné sans bruit. C'est le parti lui-même qui a rendu public ma démission. Depuis mon départ, jamais je ne me suis pas donné pour mission de critiquer le FPI ou son président, avec lequel j'entretiens toujours d'excellents rapports.

Il m'arrive de critiquer indifféremment Gbagbo, Ouattara ou Bedié lorsque j'estime que certains actes qu'ils posent ne cadrent pas avec mes convictions politiques et sociales. Ou encore, quand ceux-ci sont contre-productifs pour le concept de la « Côte d'Ivoire d'abord » que je promeus.

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Le revirement que tu opères ne te grandit pas lorsque, en guise de vengeance, tu te donnes pour mission désormais de déconstruire ton ancien parti et ses dirigeants que pourtant, toi-même, il y a peu, tu encensais jour et nuit.

Tu ne peux raisonnablement, hier, glorifier ton parti, le RHDP et son président, en nous rabâchant à l'oreille qu'ils étaient les meilleurs, et, aujourd'hui, parce qu'ils ne t'ont pas trouvé du boulot, essayer de nous convaincre qu'ils ont échoué. Nous ne sommes pas dupes. En adoptant cette posture, tu perds le peu de crédibilité qui te reste.

Pour ma part, je ne me contenterais pas de te donner des conseils. Je pense pouvoir t'aider à trouver du boulot. Envoie-moi ton cv et, en fonction de ton expérience professionnelle ou de tes qualifications, je devrais pouvoir t'en proposer. La balle est à présent dans ton camp.

Fraternellement.

Written by Jean Bonin

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