Par Martina Fuchs
GENEVE, 17 novembre (Xinhua) — Les efforts mondiaux pour lutter contre le changement climatique ne parviennent pas à protéger les personnes les plus vulnérables, a déclaré à Xinhua Jagan Chapagain, le secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), appelant à une action gouvernementale urgente pour arrêter une augmentation des catastrophes et à un financement « plus intelligent ».
Dans son « Rapport 2020 sur les catastrophes dans le monde » publié mardi, la FICR basée à Genève montre que les pays les plus touchés par les catastrophes liées au climat ne reçoivent qu'une fraction du financement disponible pour s'adapter au changement climatique et protéger leurs populations des effets croissants de ce phénomène.
M. Chapagain a ainsi mis en garde contre « une déconnexion claire entre là où le risque climatique est le plus élevé et où va le financement de l'adaptation au climat, » avertissant que « cette déconnexion pourrait très bien coûter des vies ».
Dans son interview à Xinhua, il a indiqué que l »une des principales recommandations de la FICR aux gouvernements était de « définir correctement les priorités ». « Où voulons-nous vraiment hiérarchiser les ressources? La priorité No1 serait ceux qui sont les plus vulnérables », a-t-il souhaité.
« Nous devons également donner la priorité aux communautés les plus vulnérables au sein des pays. Parfois, les ressources, même si elles atteignent les pays, n'atteignent pas les communautés ou les gouvernements locaux où les choses se passent réellement », a poursuivi le secrétaire général de la FICR.
Le rapport de l'institution révèle que 38 pays à forte vulnérabilité (sur 60) et cinq pays à très forte vulnérabilité (sur huit) ont reçu moins de 1 dollar par personne de financement pour s'adapter au changement climatique.
Le document note que le nombre moyen de catastrophes climatiques et météorologiques par décennie a augmenté de près de 35% depuis les années 1990 et qu'au cours de la dernière décennie, 83% de toutes les catastrophes ont été causées par des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes tels que des inondations, des tempêtes et des vagues de chaleur.
Les données montrent également qu'ensemble, ces catastrophes ont tué plus de 410.000 personnes et affecté 1,7 milliard de personnes.
Fondée en 1919, la FICR est la plus grande organisation humanitaire au monde, comprenant 192 sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui agissent ensemble pour sauver des vies et promouvoir la dignité dans le monde.
DAVANTAGE DE CATASTROPHES
M. Chapagain a insisté sur le fait que le travail d'adaptation au climat ne devait pas passer au second plan alors que le monde est préoccupé par la pandémie de nouveau coronavirus et que les deux crises devaient être abordées en même temps.
Il a également averti que le nombre et l'ampleur des événements météorologiques extrêmes et des catastrophes liées au climat devraient augmenter.
« L'impact des vagues de chaleur, en particulier en milieu urbain, va malheureusement s'aggraver. Nous prévoyons également que les inondations et les glissements de terrain continueront de s'aggraver. Ceci est bien sûr également lié à la déforestation », a-t-il dit à Xinhua.
« Nous prévoyons également plus de tempêtes de catégorie 4 et 5. Nous verrons également plus de feux de forêt (…) Dans différentes parties du monde, nous verrons une élévation du niveau de la mer dans les zones côtières d'une part et une sécheresse croissante dans les zones intérieures d'autre part ».
UN FINANCEMENT INTELLIGENT
La FICR estime qu'un financement intelligent, axé sur l'alerte précoce et l'anticipation pour réduire les risques et prévenir les catastrophes avant qu'elles ne surviennent, ainsi que les mesures de réduction des risques, peuvent jouer un rôle majeur dans la protection des communautés les plus exposées.
Selon lui, la Chine, en tant que deuxième économie mondiale et pays le plus peuplé de la planète, pourrait contribuer à jouer un rôle très important.
« Il pourrait y avoir deux choses : l'une consiste à investir intelligemment dans le financement du développement », a-t-il dit. « Dans le même temps, investir dans la réduction des risques et des catastrophes et dans le renforcement de la résilience devient extrêmement important ».
« L'autre élément dans lequel le gouvernement chinois peut faire plus est d'investir davantage dans les financements prévus. Au lieu de débloquer des financements après la crise, nous débloquons les financements à l'avance », a conclu Jagan Chapagain. Fin