Le PPA-CI à propos de la réouverture des frontières terrestres : « le gouvernement ivoirien s’est trouvé pris à son propre piège »

La Côte d'Ivoire, la dernière à maintenir ses frontières officiellement fermées, vient de les ouvrir ce mercredi 15 février 2023. La réaction du PPA-CI.

𝗜𝗜𝗜. 𝗟𝗮 𝗿𝗲́𝗼𝘂𝘃𝗲𝗿𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗿𝗼𝗻𝘁𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝘀 𝘁𝗲𝗿𝗿𝗲𝘀𝘁𝗿𝗲𝘀

Cela fait plus pratiquement trois ans que, sous le prétexte de la lutte contre la pandémie de la Covid-19, les frontières terrestres entre les pays membres de l'espace sont officiellement fermées. Il en résulte que les déplacements des personnes par voie terrestre sont interdits dans cet espace pourtant fondé sur le principe de la libre circulation des personnes et des biens. En revanche, les frontières aériennes et maritimes sont ouvertes. Trois après la décision de blocus terrestre que les gouvernants ont imposé à leurs citoyens, la Côte d'Ivoire, la dernière à maintenir ses frontières officiellement fermées, vient de les ouvrir ce mercredi 15 février 2023. C'est l'annonce faite suite au Conseil des ministres.

Les peuples de la CEDEAO, en général, et les Ivoiriens, en particulier, ont besoin au moins que l'on leur fasse le bilan d'une telle mesure en termes de son impact sur la maîtrise de la pandémie. Or, à l'évidence, le bilan sera très difficile sinon quasiment impossible à établir. En effet, tout bilan est d'abord une comparaison entre des données de départ (input) et des données d'arrivée (output) pour une période prédéterminée. En l'occurrence, il aurait été juste d'établir, par des données épidémiologiques, que les mouvements transfrontaliers des populations de l'espace communautaire constituaient en eux-mêmes un médium avéré de transmission de la Covid-19. Or cette étude préalable n'a pas été faite.

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La décision de fermeture desdites frontières a été prise par chaque Etat, sans aucune coordination, tout simplement par mimétisme de ce qui se faisait ailleurs. A supposer que les dirigeants, affolés par une propagande inexplicable qui condamnait l'Afrique à une hécatombe, aient pris cette décision comme ils en ont pris d'autres de très discutables, les données scientifiques après un an d'observation indiquent clairement le contraire des prévisions apocalyptiques de début de la pandémie. En tout cas, le Continent africain est le moins touché par la pandémie du Covid-19. Dès lors, l'interrogation demeure entière. Pourquoi a-t-on continué de maintenir ces frontières fermées tout en tuant tout un pan de l'économie de subsistance des populations les plus fragiles.

Les statistiques sur les échanges intracommunautaires sont sans ambiguïté quant à la part prépondérante du micro-commerce dans lesdits échanges. Les importations intracommunautaires ne représentent que 5% des importations de l'ensemble de l'espace CEDEAO. Les institutionnels (Etats, entreprises du secteur formel) représentent à peine 30% des acteurs des échanges commerciaux intracommunautaires. Plus de 70% des autres acteurs sont les petits commerçants qui ne peuvent se donner le luxe d'importer leurs marchandises par voie aérienne ou par voie maritime ou même d'aller d'un pays à un autre, pour les besoins de leur commerce, par avion. Encore faut-il avoir un réseau maritime et/ou aérien suffisamment dense pour faciliter, en termes de coût et de fréquence, la desserte des pays de l'espace commun.

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Le transport aérien intracommunautaire est l'un des plus cher au monde. Joindre Cotonou à partir d'Accra est par exemple plus cher que voyager d'Accra à Dubaï. Le chiffre de 70% ci-dessus mentionné va bien au-delà de 90 % pour des pays comme le Bénin, le Togo etc. dont les populations tirent profit de leur voisinage avec des pays à des économies relativement fortes comparées aux leurs. C'est la même proportion que l'on trouve dans tous les pays au niveau des populations les plus proches des frontières comme Noé, Ouangolodougou, etc. En effet, il existe une véritable économie frontalière développée de part et d'autre des frontières par les populations riveraines. Ce sont toutes autant de victimes directes d'une approche mondialiste de la lutte contre la pandémie de la covid-19 adoptée sans différenciation par les Etats africains. Pourtant, le gouvernement ivoirien ne peut ignorer que ses frontières ont été traversées malgré leur fermetures officielles.

Une enquête réalisée par une ONG togolaise sur les couloirs transfrontaliers de la corruption ne fait que confirmer ce que relève du secret de Polichinelle. Il existe bien une économie souterraine de la Covid-19 qui s'est développée dans l'espace communautaire. Elle est alimentée par la corruption et l'escroquerie à la fois institutionnelle et non institutionnelle. Les frontières terrestres réputées hermétiquement closes s'ouvraient pourtant facilement à coups de FCFA . Dans ces frontières, les billets de banques remplacent tous les tests de la Covid-19 imposés aux frontières aériennes et les autres documents de santé requis des voyageurs internationaux tels que le carnet jaune. Finalement, l'ironie veut que les mesures prises pour combattre la Covid-19 soient celles-là mêmes qui en favorisent la propagation.

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Le gouvernement ivoirien s'est trouvé pris à son propre piège. En effet, il y a quelques semaines, le gouvernement annonçait l'arrivée massive de réfugiés Burkinabé fuyant les zones sous contrôle des groupes armés terroristes. Comment faire une telle annonce alors que les frontières sont déclarées fermées. Comment ces populations ont-elles pu franchir des frontières réputées hermétiquement fermées pour cause de Covid19 ? ces questions sont d'autant pertinentes que le gouvernement n'a jamais annoncé une ouverture exceptionnelle des frontières pour laisser entrer des réfugiés sur son territoire. Se rendant compte qu'une telle annonce mettait à nue l'impertinence de sa mesure de fermeture des frontières, il ne lui restait plus qu'à annoncer l'ouverture de celles-ci.

Alors, pourquoi avoir imposé tant de supplice à nos compatriotes et aux peuples frères des pays voisins en maintenant fermées des frontières qui sont manifestement perméables ? l'arrivée massives des réfugiés atteste que la fermeture réputée de ces frontières n'a jamais été une solution efficace contre le Coivid19. Elle a servi d'autres causes que celles pour lesquelles elle a été officiellement prise. Cependant elle aura exposé notre pays à des dangers plus graves. En effet, C'est peu de dire que la Côte d'Ivoire, à l'instar de tous les pays de la CEDEAO ayant une façade maritime, fait partie des objectifs des mouvements djihadistes qui ambitionnent d'étendre leur domination jusqu'aux côtes maritimes.

Comment peut-on prétendre se battre contre un tel fléau lorsque les frontières terrestres réputées fermées se traversent aussi facilement comme l'atteste l'arrivée des réfugiées ? Le trafic à nos frontières étant devenu clandestin, on en déduit qu'il s'opère en dehors de tout contrôle puisque les frontières sont justement déclarées closes. Autant dire que la mesure de fermeture des frontières terrestres, inutilement pénalisante pour les populations de la sous-région ouest africaine, a pu servir d'autoroute pour toute sortes de trafics illégaux et dangereux à la fois pour l'économie ivoirienne et pour la sécurité nationale. Que l'on n'attribue pas au une opposition à l'arrivée des réfugiés venant des pays frères confrontés à menaces sécuritaires avérées.

Au contraire, le PPA-CI se félicite que le gouvernement ivoirien ait pris des mesures pour accueillir dans la dignité ces populations. Le problème est ailleurs. Il est en rapport avec la souffrance inutilement imposées à nos concitoyens qui vivent dans les villes frontalières et qui survivent grâce aux échanges commerciaux aux frontières alors que lesdites frontières étaient poreuses ailleurs. Le gouvernement doit des explications aux Ivoiriens et aux autres pays voisins. Les Ivoiriens ont besoin de savoir quel a été le bilan de cette fermeture abusive des frontières dans la lutte contre le COVID. La facilité avec laquelle les gouvernements de la CEDEAO ont abusivement maintenu les frontières terrestres fermées révèle une vérité. La CEDEAO reste encore une réalité trop lointaine des populations qui sont tenues dans l'ignorance absolue.

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Les gouvernants n'ont pas l'exclusivité de la responsabilité même s'ils en portent une part prépondérante. La classe politique dans son ensemble et la société civile ont leur part de responsabilité dans la mise à l'écart des populations dans le processus d'intégration. Il n'existe, à ce jour, aucun parti ou groupement politique dont l'organisation transcende les pays. Or ce sont eux les principaux encadreurs des masses populaires. Les errements des gouvernements au sein de la CEDEAO imposent la nécessité d'un mouvement politique fédérateur au niveau de la sous-région pour faire face aux nombreux défis qui se dressent sur le chemin du développement intégré.

C'est ce défi que le PPA-CI entend relever. La situation est identique au niveau de la société civile dont les organisations dépendent pour leur fonctionnement essentiellement de l'extérieur. La segmentation de la conscience populaire dans des espaces nationaux rend difficile une prise en main transnationale des questions communautaires. Au bout de compte, les populations se retrouvent devant des gouvernements autocratiques qui leur imposent des décisions contraignantes sans qu'elles ne soient associées aux différentes étapes de prise desdites décisions. En absence de contrepoids au niveau des oppositions politiques ayant un rayon d'action ou de concertation sous-régional, les populations se résignent et s'en remettent à leurs prières quotidiennes.

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