L’imposture française en Côte d’Ivoire : « à force de compromissions la voix de la France deviendra inaudible »

Franck-Hermann Ekra, analyse politique, donne son avis sur l'entretien du président de la France, Macron à Jeune Afrique sur la Côte d'Ivoire

« Dans un entretien publié ce 20 novembre par Jeune Afrique pour faire l'état des lieux de la politique française sur le continent africain, s'est exprimé sur la meurtrière crise de légitimité démocratique ouverte par le maintien anticonstitutionnel d' à la tête de l'État ivoirien.

Concernant la situation en Côte d'Ivoire, la ligne d'Emmanuel Macron a des accents rétrogrades et passéistes. À l'analyse le discours élyséen mêle outrageusement arrogance et relativisme moral. Il ne tient aucun compte de la quasi centaine de morts, du demi-millier de blessés et des plus de huit mille déplacés dénombrés par le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies depuis août 2020 et l'entêtement de son allié.

Le président français a pompeusement recours à la vertueuse grammaire du devoir et à l'antienne de la stabilité, pour exonérer une piteuse violation constitutionnelle aux conséquences funestes. Une telle posture relève de l'imposture !

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Le point de vue contre-factuel d'Emmanuel Macron l'amène à affirmer l'intention d'Alassane Ouattara de favoriser l'obsession française de renouvellement du paysage politique ivoirien, en se focalisant sur le casting des acteurs plutôt que de considérer la dynamique des systèmes régaliens et partisans, des structures sociales d'encadrement, soit une prime à la fiction au détriment du réel… À force de compromissions la voix de la France deviendra inaudible.

Chacun en Côte d'Ivoire sait que la constitution de 2000 comportait un âge plancher et un âge plafond que M. Ouattara a supprimé en 2016, pour se donner le moment venu une chance de présidence à vie. Seul le président français se serait laissé manipuler.

En prenant ainsi parti pour l'illégalité, l'inconstitutionnalité et le camp du déni de démocratie, M. Macron répond indirectement mais très clairement à une interrogation sur la duplicité française que je formulais il y a quelques mois dans les colonnes du journal Le Monde. Ce parti pris risque de maculer l'image de la France dans l'opinion ivoirienne et de gauchir davantage sa perception sur le reste de notre continent, le miroir ivoirien ayant pour la politique de coproduction franco-africaine des effets de kaléidoscope.

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La France ne peut pas continuer à donner d'elle le spectacle d'un pays rance.
M. Macron s'avance en outre publiquement sur le terrain de la formation d'un gouvernement d'ouverture en Côte d'Ivoire comme si la question de la légitimation des autorités de fait, sans l'onction du peuple souverain, devait être entérinée par sa simple volonté.

Comme si l'histoire de la maturation démocratique ivoirienne écrite en lettres de sang devait être passée par perte et profit sur injonction élyséenne. Qui s'étonnera demain dans ce contexte, d'une nouvelle polarisation entre acteurs nationaux et partenaires internationaux ?

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