« L’ECO, monnaie de la ruse, quatre ans après »

(Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Quatre ans après son annonce, la monnaie Eco apparaît n'être pas l'écho de l'opinion ouest-africaine. C'est ce que dénonce le journaliste ivoirien Ferro Bally.

« Le 21 décembre 2019, en visite officielle en Côte d'Ivoire, le président français, Emmanuel Macron, et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, créaient la surprise. Ils signaient, seuls, la fin du FCFA, vestige de la colonisation et de la françafrique, et cela à partir de juin 2020″, rappelle Ferro Bally.

Mais depuis, les choses ne se sont pas passées comme prévu. « Les exécuteurs de cette monnaie coloniale n'ont toujours pas prononcé son oraison funèbre », constate le journaliste. « Car l'opération s'est révélée une grosse farce et un coup de bluff monétaire. »

Ferro Bally pointe du doigt deux principales raisons à cela. D'une part, « la réforme promise n'est pas une révolution ». La parité fixe de l'Eco avec l'Euro (1 = 655,957FCFA) est reconduite, de même que la liberté de transfert des capitaux et revenus et la garantie de la Banque de France.

L'Eco, une réforme cosmétique du FCFA

« Pour tout dire, comme avec le FCFA, la tutelle du Trésor français s'exerce sur la nouvelle monnaie et la , à travers la garantie de convertibilité totale », souligne Ferro Bally.

D'autre part, l'Eco n'est pas une monnaie unique pour l'ensemble des pays de la CEDEAO, mais seulement pour les huit pays de l‘UEMOA. « Il s'agissait, en réalité, d'un croc-en-jambe pour brouiller les pistes et saboter le projet ouest-africain », dénonce le journaliste.

L'Eco, un coup de bluff de la France

En effet, les quinze pays de la , sous la direction du géant nigerian, entendaient mettre en circulation une monnaie unique à partir de 2020. Mais le Nigeria, qui représente à lui seul plus de la moitié du PIB de la CEDEAO, ne souhaite pas rejoindre l'Eco franco-ivoirien.

« L'architecture de l'Eco franco-ivoirien est une vaste supercherie », conclut Ferro Bally. « Elle indique que le FCFA, bien que débarrassé de ses atours les plus polémiques comme son nom et la présence de la France au conseil d'administration de la BCEAO, n'est pas mort. Et voilà pourquoi cette monnaie Eco de la ruse est mort-née. »

Le constat de Ferro Bally est partagé par de nombreux observateurs ouest-africains. L'Eco, loin d'être une monnaie d'émancipation, apparaît comme une nouvelle forme de dépendance vis-à-vis de la France.

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Written by Christian Binaté

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