Mamadou Koulibaly signe son retour: « il est temps que la BCEAO sorte de l’enclos français »

« Basta à l'infantilisation monétaire! » Mamadou Koulibaly résume en « français facile » l'article sur la fermeture du compte d'opération de la BCEAO.

Pour ceux qui ont trouvé trop technique l'article sur la fermeture du compte d'opération de la publié sur cette page le 08 mai 2022, ce texte résume en « français facile » le problème et les solutions proposées.

Certaines personnes, soit par paresse, soit par malhonnêteté intellectuelle, s'émeuvent du fait que la BCEAO a réalisé des performances financières sur ses réserves en nette régression depuis la fermeture, il y a un an, de son compte d'opérations (CO) auprès de la banque de France. Elles s'empressent d' épingler la clôture de ce compte comme LA raison de cette contre-performance. Mais ne vous y trompez pas ! ces personnes tentent en fait de tromper l'opinion publique tout en cachant leur agenda françafricain.

En vérité, la raison des moins bons résultats financiers de la BCEAO, n'a rien à voir avec la fermeture – soit dit en passant salutaire ! – du CO et tout à voir avec sa capacité à faire une gestion indépendante de ses réserves dans le strict intérêt de ses états membres, sans la tutelle du Trésor publique français. Dis simplement, quand vous avez laissé quelqu'un d'autre (La Banque de France et le Trésor français) gérer votre argent pendant 60 ans, vous (La BCEAO) vous sentez naturellement et particulièrement démuni devant la tâche lorsque cette gestion vous incombe du jour au lendemain, sans préparation. Aucune. Car Il n'y a pas de miracle : l'expertise dans un domaine ne s'acquiert que par le travail et l'apprentissage sous-tendus par la volonté d'apprendre.

LIRE AUSSI : Résultats CAFOP 2022 CI, 1er tour: disponible ce vendredi ? consulter en ligne sur men-deco.org

Et maintenant quelques explications pour vous permettre de mieux comprendre :
Le fond du problème est que l'option actuelle prise par la BCEAO d'investir ses réserves dans des titres souverains pour l'essentiel exclusivement libellés en Euros (90%) et en dollars (9.5%), ne lui permettra pas d'en accroître, ni même d'en préserver la valeur. La raison en est simple : ces instruments financiers rémunèrent ses avoirs à des taux réels (c'est à dire ajustés par l'inflation) nuls, voire carrément négatifs. En clair, et pour prendre un exemple hypothétique, schématisé et simplifié, cela veut dire que quand la banque centrale place l'équivalent en Euro de 10. 000 FCFA sur le marché et que ce placement lui rapporte 2% par an, elle gagne 10.200 FCFA en fin d'année. Mais imaginez que le taux d'inflation durant cette année ait été de 5%. Alors, concrètement, le rendement sur ce placement aura donc été de -3% et les 10.000 FCFA ne valent en réalité plus que 9.700 FCFA !

Il n'est donc pas étonnant que les choix de placement de la BCEAO, qui détient presqu'exclusivement des Euros à très faible rémunération dans son portefeuille, ont eu des conséquences négatives sur son compte de résultats. Si l'inflation continuait à la hausse, ce qui semble être le cas dans le contexte actuel, sans que la BCEAO ne change de stratégie de gestion de son portefeuille d'actifs, les risques de pertes latentes seront réels, importants et durables sur ses bénéfices financiers.

LIRE AUSSI: Obsèques : Guikahué pleure Amadou Soumahoro depuis Séguéla, « un homme de conviction et d'engagement »

Il est donc urgent pour éviter les effets d'érosion de l'inflation européenne sur les avoirs extérieurs nets des pays de l'UEMOA qu'il y ait un réel changement de stratégie de gestion qui vise à prémunir les populations des pays membres contre cette inflation et des pertes catastrophiques de pouvoir d'achat.

Pour ce faire, la BCEAO devrait renforcer ses capacités dans ce domaine et, réévaluer et adapter, comme toute banque centrale respectable, la gestion de ses réserves au vu des bouleversements politiques, géopolitiques, économiques et financiers en cours. Ceci nécessite l'intégration au sein de ses réserves, de poches de diversification, qui tiennent compte du profil de commerce extérieur de ses pays membres et permettent l'ajout d'autres devises telles que le Yuan entre autres. Elle devrait également rapatrier la totalité de ses stocks d'or détenus dans les coffres de la Banque de France pour pleinement acter son émancipation des contraintes du CO. En matière de souveraineté, pas de demi-mesure !

Il est temps que la BCEAO sorte de l'enclos français et travaille à l'intérêt des populations de l'UEMOA. Basta à l'infantilisation monétaire!

Written by Mamadou Koulibaly

Inhumation : Amadou Soumahoro m’a confié son « tabouret » révèle Bictogo

Air Zimbabwe: une pénurie de carburant perturbe les vols