Cissé Bacongo prend pour responsable Bédié, candidat du PDCI à la présidentielle des morts de la marche de l'opposition le 13 août 2020.
Dans un message diffusé, par voie de presse et de médias sociaux, le mercredi 12 août 2020, relatif aux manifestations de rues organisées par son Parti, le PDCI et ses alliés du CDRP, l'ancien Président de la République, Aimé Henri Konan BEDIE, Président du PDCI-RDA, a pris à témoin l'opinion publique, nationale et internationale, de ce qu'il appelle «la répression des marches pacifiques organisées par la société civile».
Ce faisant, le Président du PDCI-RDA s'est indigné «d'une vague de répression aveugle et des agressions brutales (commises) sur des jeunes démocrates ivoiriens, épris de paix et de responsabilité citoyenne (sic), qui manifestaient pacifiquement contre la candidature du Président Alassane OUATTARA pour un troisième mandat à l'élection présidentielle du 31 octobre 2020».
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Puis, il a déploré que «ces braves militants pacifistes (sic), de Ferkessédougou, de Daoukro, Daloa, Oumé et d'autres villes de la Côte d'Ivoire (…) aient été victimes des agressions organisées par des hordes instrumentalisées venues d'ailleurs (sic)», avant de condamner «deux morts, de graves blessés et des destructions des biens publics et privés ».
Face aux propos tenus, il convient de relever que ce message n'est pas digne d'une personnalité de la trempe du Président Aimé Henri Konan BEDIE, qui a géré notre pays, du 07 décembre 1993 au 24 décembre 1999. Il trahit le véritable auteur, commanditaire ou concepteur et responsable des prétendues marches pacifiques et de leurs conséquences sur la paix et la sécurité.
En effet, il n'est nullement besoin d'insister sur le fait que le Président du PDCI-RDA sait, pour avoir servir au plus haut niveau l'Etat de Côte d'Ivoire, que conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution, seul le Conseil Constitutionnel est juge, en dernier ressort, de l'éligibilité ou non d'un candidat, à l'élection présidentielle, en l'occurrence.
Ainsi, le Président Aimé Henri Konan BEDIE se discrédite totalement, en tentant de violer, au moyen de la pression dans la rue, l'indépendance du Juge Constitutionnel, dont il a eu à assurer la garantie, pour éviter, dans une compétition démocratique régulière, d'avoir à proposer aux ivoiriens une offre politique alternative face au bilan du Président de la République en exercice, candidat à un premier mandat, sous la troisième République.
Il y a lieu de rappeler à cet égard, la vague de contestations qu'a suscité le Code Electoral «intuitu personae» et inique que le Président Aimé Henri Konan BEDIE a conçu et mis en œuvre en 1995, pour tenter d'écarter le Président Alassane OUATTARA de la course à l'élection Présidentielle d'alors.
Aussi, convient-il d'appeler le Président Aimé Henri Konan BEDIE à faire preuve d'un sens de l'Etat plus élevé, que ne l'atteste la référence qu'il fait à l'article 20 de la Constitution.
En effet, il est vrai que cet article garantit les manifestations publiques, en tant que liberté d'expressions collectives. Mais le Président Henri Konan BEDIE ne saurait ignorer qu'en application de cette disposition, l'exercice de cette liberté, comme celui de toutes les autres prévues par la Constitution, est encadré par la loi, qui prévoit que les manifestations publiques doivent faire l'objet d'une autorisation préalable des autorités administratives compétentes, en matière de maintien d'ordre et de sécurité.
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Le Président Aimé Henri Konan BEDIE ne peut pas faire la preuve d'avoir effectué les démarches administratives nécessaires, en vue de l'encadrement des manifestations qu'il a conçues, planifiées et organisées le mercredi 12 août 2020, dans chacune des villes citées dans son message.
Pour mémoire, dans des conditions similaires, plus de deux décennies en arrière, le Président Aimé Henri Konan BEDIE se souviendra certainement que malgré les démarches effectuées régulièrement auprès des autorités compétentes d'alors, sous sa gouvernance, le RDR, soutenu par son allié du FPI, avait dû renoncer à organiser un meeting à Dabou, le 20 septembre 1999, après une évaluation responsable et sérieuse des risques de troubles à l'ordre public et de violences sur le terrain suscités par les autorités administratives et les cadres locaux du PDCI.
Par ailleurs, le Président Aimé Henri Konan BEDIE qualifie des personnes présumées avoir pris part aux manifestations qu'il a organisées, de «hordes instrumentalisées venues d'ailleurs».
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Le Président Aimé Henri Konan BEDIE ne serait-il pas en train de viser tous ces ivoiriens qui refusent, après les décennies de crises et d'errements que notre pays a connus, la remise en cause des acquis de la gouvernance actuelle du pays, que sont la croissance économique, la cohésion sociale, la paix, la sécurité et la stabilité de notre pays.
Ce faisant, il convainc ne rien avoir appris, ni rien oublié des heures douloureuses et sombres que notre pays a vécues, de 1993 à 1999, en résonnance de sa politique ultranationaliste de l'ivoirité.
Aussi, l'opinion publique, nationale et internationale, doit-elle retenir que les morts et les graves blessés enregistrés dans sa ville natale, Daoukro, par hasard, et ceux d'ailleurs, sont imputables, directement et personnellement, au Président Aimé Henri Konan BEDIE, qui devra en répondre, le moment venu, conformément aux dispositions des lois et règlements en vigueur dans notre pays.
Enfin, tous les ivoiriens pétris des valeurs qui fondent la République, doivent s'associer pour :
condamner les violences gratuites commises lors des manifestations à visée insurrectionnelle organisées par le Président Aimé Henri Konan BEDIE ;
s'incliner devant la mémoire de toutes les personnes ayant perdu la vie, tout en présentant les condoléances de l'Etat de Côte d'Ivoire à leurs familles respectives ;
souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés.