Selon Nazaire Kadia qui se prononce sur le meeting du 10 octobre, l'opposition doit prendre les choses en main.
Si un fait a retenu l'attention cette semaine relativement à l'actualité politique ivoirienne, c'est le message subliminal envoyé aux ivoiriens par la mission UA- CEDEAO-ONU, et par le ministre français des Affaires Etrangères, M. Yves le Drian.
Dans son communiqué sanctionnant les rencontres avec les personnalités politiques ivoiriennes, la mission UA-CEDEAO-ONU, affirme entre autres, qu'elle va sécuriser les élections, envoyer des observateurs tout en demandant que ces élections soient inclusives.
Elle s'est donc fait à l'idée, que les élections doivent se tenir à la date prévue, en faisant l'impasse sur les différentes préoccupations de l'opposition. Ni la recomposition de la Commission Electorale Indépendante (CEI) telle que demandée par l'arrêt de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) ; ni le retrait de la candidature anticonstitutionnelle du candidat du RHDP, encore moins le report desdites élections n'ont été évoqués. In fine, la mission prend ainsi acte de la candidature du président du RHDP en violation de la constitution ivoirienne.
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L'autre réaction notée, est celle du ministre français des Affaires Etrangères. Devant les députés français. Interpellé par le député Jean Paul Lecoq, M. Yves le Drian affirme : « …Sur la Côte d'Ivoire, nous sommes très très vigilants sur la manière dont vont se dérouler les élections…En Biélorussie il y a des dizaines de milliers de personnes dans les rues…je ne suis pas chargé d'apprécier la constitution de la Côte d'Ivoire…ce serait de l'ingérence…M. Ouattara a décidé de se représenter, c'est son libre choix… ».
De toutes ces réactions, ce que le peuple et particulièrement l'opposition ivoirienne doit retenir, c'est que personne ne viendra mener la lutte à sa place. Il lui revient d'écrire la nouvelle histoire de la Côte d'Ivoire.
A entendre M. le Drian, la France s'inquiète de la situation en Biélorussie parce qu'il y a des dizaines de milliers de personnes dans les rues depuis un certain temps. C'est un message suggestif et subliminal qu'il faut savoir décrypter. Tout se trouve dans le rapport de force. Tant qu'on observera un calme plat et que les ivoiriens se contenteront de se plaindre dans leur salon, les choses se dérouleront comme projetées : et « la communauté internationale » se contentera de prendre acte de cette situation et de ce qui en sortira.
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Au nom d'une certaine non-ingérence à géométrie variable, elle sera spectatrice et adoubera celui qui sortira vainqueur de cette situation. L'opposition est donc devant ses responsabilités. Il lui faut sortir définitivement des conférences et autres déclarations de presse où elle est prompte à prendre « la communauté internationale à témoin », et réveiller le peuple. Et comme le disait si bien Jean Marie Adiaffi, « on ne réveille pas un peuple qui dort avec une berceuse ! ».
Le peuple burkinabé a-t-il eu besoin de « la communauté internationale » pour faire de Blaise Compaoré un exilé et un immigré naturalisé ivoirien ?Le peuple malien a-t-il eu besoin de l'extérieur pour obliger Ibrahim Boubacar Kéita à donner sa démission de la présidence du Mali ?Et comme à son habitude, « la communauté internationale » a protesté, menacé et a fini par prendre acte de la situation nouvelle au Burkina Faso et au Mali.
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C'est tout dire ! L'opposition ivoirienne doit en tirer des leçons. Elle va parler le 10 octobre prochain au stade Félix Houphouët-Boigny, mais elle doit parler bien et surtout parler fort !Alors rendons-nous tous au Félicia pour l'écouter. Il y a certes eu un matin, il y aura assurément un soir.