Ouattara, plus rien ne saurait l’arrêter après sa rencontre avec Macron

Nazaire Kadia revient sur la rencontre Ouattara et Macron à Paris. Et la présence de la France dans tous les secteurs stratégiques du pays.

Décidément, il est loin, encore loin et même très loin, le temps où les pourront se départir de l'ingérence de la dans le choix de leur président et prendre résolument en main la destinée de leur . Cette ingérence, qu'elle soit du fait de la France ou voulue et demandée par les dirigeants ivoiriens, devient vraiment pesante. Et voir les hommes politiques ivoiriens, au pouvoir ou dans l'opposition, sans gêne aucune la (l'ingérence) solliciter est très affligeant.

Ainsi, M. , parti en France pour être reçu par son homologue français, fait-il le pied de grue en se rongeant les freins? L'opposition est aux anges, pour ce qu'elle considère comme un désaveu des autorités françaises.

M. Ouattara est-il finalement reçu à déjeuner par M. ?
Ses partisans sautent de joie au plafond. Pour ceux-ci, leur champion vient d'obtenir un blanc-seing pour briguer un troisième mandat en violation de la constitution. Plus rien ne saurait l'arrêter.
D'autre part, M. Affi N'guessan, président d'une frange du , ne s'est pas empêché d'adresser une lettre ouverte au , dont la substance est que ce dernier dissuade le chef de l'Etat sortant de briguer un troisième mandat de tous les dangers.

Toute cette agitation est révélatrice d'un fait. Qu'on soit du pouvoir ou de l'opposition, tout le monde politique ivoirien a fini par admettre, par intérioriser et par trouver normal que celui qui veut conduire la destinée de notre pays, en tant que président, doit être adoubé par . La notion de souveraineté a disparu et jetée aux calendes grecques.

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L'un des reproches faits à à l'époque de sa gouvernance, c'est ne de n'avoir pas tissé de relations étroites au sein des familles politiques de France et de ne pas disposer d'un carnet d'adresses, susceptible de lui permettre un lobbying au sein de l'establishment français. Tout au contraire, on ne tarit pas d'éloges pour Monsieur et Madame Ouattara quant à l'épaisseur de leur carnet d'adresses, qui leur permet de mettre à leurs côtés, hommes politiques et chefs d'entreprises français, pour défendre leur cause.

Si disposer de relations étroites avec les hommes politiques et le milieu d'affaires français n'est pas une mauvaise chose en soi, en faire la condition sine qua non pour être président de la Côte d'Ivoire, est absolument indécent, irresponsable, inacceptable et infantilisant.

La France de son côté, a toujours évolué en Côte d'Ivoire en territoire conquis, en dé de la pseudo- des années 60. Elle y entretient une base militaire qui veille sur ses intérêts et ses ressortissants. Premier partenaire économique de la Côte d'Ivoire, la France est omniprésente dans tous les secteurs stratégiques de notre pays et bénéficie de choix préférentiels dans l'attribution des grands marchés. Dans ces conditions, elle ne peut pas ne pas œuvrer pour contrôler le sommet de l'.

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Cette conception qui fait pratiquement de la Côte d'Ivoire « un territoire d'outre-mer », est tellement ancrée et exacerbée dans la mentalité des français, du moins dans celle des hommes politiques, que nous avons été marqué par un fait en 2011.

Quand, à l' française, le premier d'alors, M. François Fillon a annoncé la chute du président Laurent Gbagbo, grande fut notre surprise de voir la nouvelle accueillie par un tonnerre d'applaudissements, des cris de joie et des embrassades, comme si les honorables députés français, venaient d'apprendre que l'équipe de France a remporté la coupe du monde de football ! C'est tout dire !

Cette manifestation de joie, est le signe et le symbole achevé de ce que représente notre pays dans la conscience collective des hommes politiques français : un territoire conquis qui ne saurait quitter le giron français et par conséquent ne saurait exister par lui-même. Si cette position peut se défendre en se tenant du côté des français, elle l'est moins quand, du lambda aux hommes politiques et dirigeants de partis politiques, on a fini par l'accepter, par l'intérioriser et par se résigner à croire que c'est la norme.

C'est vraiment désolant et désespérant qu'après soixante ans d'indépendance, les hommes politiques ivoiriens de tous les bords, en soient encore, à en appeler à M. Macron afin qu'il « dise un mot » pour qu'ils soient guéris, à la veille de l'élection .

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Mais à en croire les bruits de couloirs du fameux déjeuner, il reviendra absolument aux ivoiriens de se mobiliser pour faire barrage à la forfaiture. Seule la lutte paye et l'indépendance a un prix! Ne pas le comprendre, c'est rester toujours de grands enfants ! Il y a certes eu un matin, il y aura assurément un soir…

Written by Nazaire Kadi

Revue de la presse malgache du 08 septembre 2020

Revue de la presse marocaine du 08 septembre 2020