Ousmane Sonko : « Macky Sall est en train de fabriquer un héros »

Mais pourquoi Ousmane Sonko fait-il peur à ceux qui sont favorables à la perpétuation de la domination française en Afrique ?

La Constitution du stipule dans son article 27 qu'un président ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Or l'actuel locataire du palais présidentiel a été élu en 2012, puis réélu en 2019 pour un mandat de 5 ans. ne devrait donc pas prendre part à l'élection présidentielle du 25 février 2024. S'appuyant sur la révision constitutionnelle de 2016 qui fit passer le mandat présidentiel de 7 à 5 ans, ses partisans soutiennent néanmoins que cette révision remet les compteurs à zéro et autorise leur champion à briguer un troisième mandat.

Pour sa part, Macky Sall a affirmé dans le magazine français “L'Express” du 20 mars 2023 que le Conseil constitutionnel s'était prononcé sur la question avant la révision de 2016 en estimant que la réforme ne prenait pas en compte son premier mandat. L'opposition et la société civile, elles, sont décidées à empêcher Macky Sall de rempiler. Elles sont d'autant plus déterminées que Macky Sall faisait partie en 2012 des personnes qui étaient contre la candidature d' à un troisième mandat. La répression des manifestations contre cette candidature par les forces de l'ordre avait fait plusieurs blessés et morts.

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Certains analystes pensent que, si Macky Sall est tenté par le troisième mandat, c'est parce que lui et la ont peur de voir à la tête du Sénégal, le président sénégalais étant avec Dramane Ouattara l'un des valets de l'ancienne puissance colonisatrice en de l'Ouest.

Mais pourquoi Sonko fait-il peur à ceux qui sont favorables à la perpétuation de la domination française en Afrique ? Qui est-il et quel est son parcours ? Radié en 2016 par Macky Sall de la Fonction publique, Sonko devint député à l'Assemblée nationale, puis maire de la ville de Ziguinchor.

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Arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2019, il est perçu comme le chouchou des personnes qui, au Sénégal et dans d'autres pays de l'Afrique occidentale, souhaitent la mort de la Françafrique, ce système qui, depuis Charles de Gaulle, permet à la France d'exploiter les matières premières sans aucune contrepartie pour les Africains, de contrôler les pays africains à travers le franc CFA, les bases militaires et des régimes politiques autoritaires et vomis par les populations africaines. En effet, la thèse sans cesse défendue par Ousmane Sonko est que “la France doit réajuster sa politique en Afrique, comprendre qu'elle a affaire aux jeunes élites intellectuelles africaines”.

Le président du Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) ajoute : “Il y a de belles perspectives entre nous et la France mais, si la France pense que le ton et le comportement paternalistes qu'il y avait autrefois peuvent continuer, ça risque de très mal se passer comme on le voit au Mali, en Centrafrique ou au Burkina Faso… L'Afrique a besoin de tout le monde et tout le monde a besoin de l'Afrique. La France à elle seule ne peut pas symboliser les relations de l'Afrique.

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Ce serait trop réducteur. Nous sommes libres de choisir nos partenaires selon nos intérêts et, sous cet angle-là, si on considère qu'on peut bien négocier avec les États-Unis, avec la Grande-Bretagne, avec l'Union européenne, avec la Chine ou avec la Russie, on est libre de le faire.”

Sonko est de la génération des et Ibrahim Traoré. Non seulement il suit attentivement ce qui se passe dans leurs pays mais on peut aussi imaginer qu'il est intéressé et séduit par la « révolution » en cours au Mali et au Burkina Faso, ce qui n'est pas fait pour arranger les choses de la France qui refuse toujours de voir que les Africains ont « grandi ».

Macky Sall, qui espère barrer la route de la présidence à Ousmane Sonko en mobilisant la justice contre lui, devrait comprendre qu'il est en train de fabriquer un héros et que le peuple s'est rarement détourné d'un martyr.

JCD

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