Quand Danièle Boni Claverie parle de la classe politique ivoirienne

Danièle Boni Claverie fait une analyse de la classe politique ivoirienne et sur les deux réactions antagonistes qu'elle suscite.

Souvent les intellectuels aiment à débattre sur des thèmes généraux comme celui-ci « Avons-nous les dirigeants que nous méritons ? ». Grave question mais je vous épargnerai aujourd'hui cette dissertation politico-philosophique. Cela m'amène cependant à m'interroger sur et sur 2 réactions antagonistes qu'elle suscite puisque j'écarte de ma réflexion les indifférents et les apolitiques.

Même si ce phénomène de rejet de la politique est général et transcende les frontières, on constate ici chez nous une désaffection certaine des jeunes générations envers les hommes politiques, une véritable crise de confiance à leur endroit. A l'opposé, me direz-vous, une certaine jeunesse s'engouffre dans des mouvements de soutien à un mentor mais peut-on dire que cela ressemble à un engagement politique.

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C'est ce que nous allons essayer d'analyser mais je voudrais vous faire remarquer une chose très particulière à la Côte d'Ivoire. Ici pour désigner un homme politique, on utilise le terme de « politicien » qui en fait a une charge très péjorative, très négative.

Un politicien est une personne qui se complaît dans les intrigues et des œuvres utilisées à son seul profit alors que l'homme ou la femme politique s'occupe des affaires publiques et le fait dans l'intérêt général. L'appropriation de ce terme par les était-elle prémonitoire ?

Aujourd'hui, malheureusement, elle s'avère fondée. En effet, n'est-il pas choquant que des partis politiques interpellent publiquement leur principal allié pour récuser le partage de postes ministériels parce qu'ils n'en n'ont pas obtenu ?
Dans nos pays, le jeu démocratique est faussé par la confiscation du pouvoir, la tricherie, les hold-up électoraux.

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Le Pouvoir est hyper personnalisé et le Chef est plus obsédé par la loyauté à sa personne que par la fidélité à un programme de gouvernement.

C'est pourquoi, le Chef recherche l'obéissance absolue, celle qui justifie les passages en force en oubliant toutefois que toute autorité pour qu'elle s'exerce pleinement doit reposer sur une base morale indiscutable sinon les risques de désaffection des citoyens sont grands.

Si cette base morale est absente, au nom de quel principe peut-on en appeler le peuple à la solidarité, à l'entraide ou même au sacrifice. On nous rebat les oreilles avec une forte croissance avant covid 19 mais cela a-t-il changé la vie de nos compatriotes.

Les constructions de luxe, les immeubles chics, les hôtels 5 étoiles et la multiplication étonnante des supermarchés sont certainement les symboles d'une classe moyenne émergente et nous nous en félicitons mais le vrai problème reste la manière d'absorber les millions de jeunes qui se déversent sur le marché de l'emploi et de faire reculer la pauvreté.

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Pour cela, il faut investir massivement dans l'Education et la Formation professionnelle pour changer les mentalités.
Nous sommes indépendants depuis 60 ans et nous avons encore des comportements de vassaux.
N'est-il pas abusif que des populations en 2020 soient encore invitées à remercier le Chef de l'Etat pour des dons qui ne viennent pas d'un apport personnel mais bien plutôt d'emprunts et de dettes que nous allons devoir rembourser ?

Ne serait-il pas temps de grandir ? Un Président de la République que je sache, utilise les fonds que tous les contribuables mettent à sa disposition pour qu'il puisse travailler à leur bien-être.

C'est aussi simple que cela. Actuellement, les distributions d'argent en espèces sont légion alors qu'Houphouët-Boigny aimait à citer Confucius qui disait : « Quand un homme a faim, il vaut mieux lui apprendre à pêcher que de lui donner du poisson ».

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Cet adage a le mérite de mettre l'homme en 1ère place. C'est lui qui décide d'apprendre. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui l'automatisation, la prise en compte de la responsabilisation de l'apprenant qui n'est plus tributaire des conditionnalités de l'aide selon le bon vouloir des donneurs.

De la même manière, quand cessera-t-on de croire qu'en , et je cite : « il n'y a pas d'opposants mais que des mécontents ». Notre insatisfaction viendrait, paraît-il, de ce que notre statut ne nous permettrait pas de participer au partage du gâteau ou d'être invités au Restaurant selon les termes à la mode.

Quelle pitié ! Et surtout quel modèle offrons-nous à nos enfants ! Arrêtons aussi de nous infantiliser avec ces mouvements de soutien qui prolifèrent surtout en période électorale et dont la caractéristique est de s'éteindre aussi vite que le mentor disparaît.

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Leur mission : vanter, louer, vénérer l'idole et l'encenser avec une ferveur proportionnelle au nombre de billets de banque distribués. Et l'on favorise ce tapage démagogique au détriment de mouvements citoyens qui devraient être encouragés plutôt que pourchasser et emprisonner.

Ils sont souvent l'expression comme « les Indignés » de Samba David d'une jeunesse engagée qui veut jouer le rôle de sentinelles de la démocratie et peu importe qu'elle le fasse parfois maladroitement.

Avec peu de moyens, ils tentent de créer un nouveau type de citoyens et éviter ainsi que la colère mêlée à l'injustice n'en fassent des révoltés.
Alors, faut-il désespérer de notre classe politique ? Ce n'est pas à moi de porter un jugement qui ne pourrait être que subjectif mais je conclurai en citant Aimé Césaire qui disait : « Refusons de désespérer parce que désespérer, c'est refuser la vie. Alors, gardons la foi ».

Et surtout, vous qui m'écoutez, refusez de croire que la pandémie est terminée. Les mesures barrières sont indispensables si nous, Abidjanais nous voulons épargner l'intérieur du pays. Il y va de notre responsabilité de citoyen

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