Vie du Parti, reconquête du pouvoir d'État, débâcle du PDCI-RDA aux élections législatives partielles, Candidature pour 2025, le retour de Mabri au RHDP…, le député d'Agnibilekro Sous-préfecture Jean Michel Amankou répond à ces questions sans faux fuyant. Il propose à sa formation politique un diagnostic profond au cours du Bureau politique et congrès prochain pour un PDCI-RDA conquérant et gagneur.
M. le Député, la défaite du PDCI-RDA lors des législatives partielles, à Bodokro, un de ses bastions traditionnels, laisse un goût amer au sein de votre parti. Qu'est-ce qui n'a pas bien fonctionné, selon vous ?
Je vous remercie. J'avais souhaité garder le silence par rapport à ces questions. Mais compte tenu de l'amour que j'ai pour le PDCI RDA, et pour le président Henri Konan Bédié, j'ai le devoir de me prononcer sur un certain nombre de sujets. C'est un constat que nous faisons tous. Nous avons perdu dans l'un de nos fiefs avec la candidature de notre aîné, Mangoua Jacques. Pour ce que je
perçois, nos militants, dans leur majorité, peinent à suivre la logique du PDCI-RDA. Il arrive que nous prenions certaines décisions qui impactent l'orientation des militants de base, qui ne savent pas à quel saint se vouer. Je le dis tout simplement. La situation que nous vivons est la conséquence de décisions imprudentes. Vous convenez avec moi que, lorsque là où l'on vous attend, vous refusez de combattre, les militants ne sauraient comprendre. Et lorsque vous tissez des alliances, à la limite contre nature, cela perturbe la base,
vous brisez la mobilisation, vous brisez la détermination. Mais il n'est pas trop tard pour bien faire. J'ose espérer qu'avec le congrès qui arrive, le bureau politique avant, nous aurons le courage de débattre de toutes ces questions en interne et dégager des solutions.
Vous évoquez le bureau politique qui aura lieu à Daoukro, le 29 septembre. Qu'attendez-vous de cette réunion ?
J'attends qu'il soit un bureau politique ouvert. D'ailleurs, cela a toujours été ainsi. Nous aurons l'occasion de faire notre mea culpa. Nous aurons l'occasion d'aborder courageusement les questions qui minent la bonne marche de notre parti. N'oubliez pas que cela fait une vingtaine d'années que nous sommes dans l'opposition. Il faut en tirer les conséquences et avoir le courage de promouvoir
de bonnes méthodes pour remobiliser nos militants, les mettre en ordre de bataille pour les combats futurs. Vous savez, en ce qui me concerne, je milite pour l'émergence d'une équipe dirigeante nouvelle suffisamment outillée, expérimentée autour du président Henri Konan Bédié. Et je m'engage à œuvrer dans ce sens parce que nous avons le devoir de booster la machine.
Honnêtement, est-ce que les dernières réformes opérées par Henri Konan Bédié n'ont pas impacté négativement le fonctionnement du PDCI-RDA avec l'émergence de clans ?
Je n'ai pas la langue de bois. Je vais être clair avec vous. Les réformes du président Henri Konan Bédié, sur le plan structurel, ont permis de responsabiliser les uns et les autres, de permettre à des cadres aux compétences variées de s'affirmer. Malheureusement, il y a des cumuls de postes qui grippent quelque peu la machine. Je pense que nous devons pouvoir aborder ces sujets avec courage afin de mettre fin à certaines pratiques qui conduisent inutilement à des chevauchements d'attributions. Par exemple, il m'a été donné de constater qu'en plein meeting, une personnalité de premier plan du parti en violation flagrante des procédures, aurait déclaré Candidat du PDCI une tierce personne au détriment des autres postulants. Cette façon dérogatoire de faire ne milite pas pour la solidarité et l'unité des cadres que nous appelons toujours de tous nos vœux. Quand on veut rendre service, on le fait bien et dans le strict respect des procédures que nous nous sommes délibérément données. Ce n'est pas rendre service à l'intéressé en procédant ainsi. Encore une fois, il faut éviter des situations pareilles.
Vous faites sans doute allusion au meeting qui s'est tenu à Yopougon, le 13 août 2022. Pour vous donc, il y a vice de procédure. Est-ce que vous pensez que cela peut fausser les calculs à la base au niveau des élections locales ?
Vous avez bien dit Yopougon ! Comprenez que j'ai un profond respect pour les uns et les autres. Aussi bien pour celui qui est présenté comme candidat, que pour l'auteur des déclarations visées. Mon propos porte sur les règles de fonctionnement, pas sur les personnes. Quand on établit une procédure frappée du sceau de la signature du Président du Parti, il faut la respecter. Je me souviens d'ailleurs, qu'en son temps, l'ancien directeur de cabinet du Président BÉDIÉ avait été limogé pour ce genre d'inconduite. Ce sont des méthodes que je dénoncerai toujours par amour pour le PDCI et pour son président Henri Konan Bédié.
Le récent séjour en Côte d'Ivoire de Tidjane Thiam a ravivé les commentaires sur sa possible candidature à la présidentielle. D'après vous, M. Thiam peut faire l'affaire du PDCI-RDA comme candidat en 2025 ?
Tidjane Thiam est une personnalité de grande qualité, un grand économiste reconnu au plan mondial qui a affiché son appartenance au PDCI-RDA lors de son récent passage en Côte d'Ivoire. C'est un pur produit du PDCI-RDA. Je ne connais pas ses ambitions. Il ne les a pas du tout affichées. Je me réjouis de toutes les compétences qu'il y a au PDCI. Chacun avec ses forces et ses faiblesses. Et je pense qu'il est temps que toutes ces compétences descendent dans l'arène et prennent le terrain. Je milite donc pour la promotion d'une
équipe solide au sein du PDCI-RDA et je reste convaincu qu'un cadre, qui fera certainement le consensus de par ses qualités, se dégagera. Et tous en ordre de bataille autour de ce candidat, nous irons au combat pour la reconquête du pouvoir d'état.
Pour vous, y a-t-il une personne qui a le bon profil pour être le candidat du PDCI-RDA en 2025 ? Les noms de Thiam, Billon, Thierry Tanoh, Bendjo et bien sûr, de Henri Konan Bédié, reviennent souvent…
Écoutez ! Pour moi, il est difficile de parler, à ce stade, du candidat ayant un bon ou meilleur profil. Il y a plutôt une équipe à bâtir et à mettre en place. Le choix du candidat du PDCI-RDA se fera lors d'une convention. Je suis membre du Comité économique et social du PDCI-RDA. Je ne peux me permettre de faire des déclarations anticipées sur telle ou telle candidature. Pour moi, le terrain et
l'esprit d'équipe feront la différence. Et nous avons des personnalités de terrain pour former une équipe solide et conquérante. D'ailleurs, de façon naturelle et pragmatique, un leader se dégagera à coup sûr avec une bonne proposition de
gouvernance aux Ivoiriens.
Pensez-vous que l'alliance entre le PDCI-RDA et le PPA-CI a des chances de bien fonctionner lors des élections locales à venir ?
Je ne milite pas pour une quelconque alliance pour l'instant. Le meilleur allié du PDCI-RDA, c'est le PDCI-RDA. Il n'y en a pas autre. Je ne suis donc pas pour une alliance avec X ou Y. Quand vous êtes un parti politique, vous vous donnez les moyens de conquérir le pouvoir d'État. Si au moment des élections, nous en éprouvons le besoin, sur la base des informations que renvoie le terrain, on peut
envisager des alliances. Mais on ne peut pas déjà, sans avoir compéti, sans avoir recueilli l'avis des militants, sans avoir tenu un bureau politique d'appréciation, se précipiter et dire : « nous sommes en alliance ». Il n'y a aucune alliance qui existe pour l'instant. Il n'y a aucun accord, en tout cas, à ma connaissance, entre le PDCI-RDA et un autre parti. Nous avons eu les expériences des alliances qui
ont toujours abouti à des palabres inutiles dans ce pays. Ma doctrine à moi : que celui qui est au pouvoir gouverne et que Celui qui est dans l'opposition s'oppose. C'est ainsi que va la Démocratie des stratégies et programmes pour convaincre et gagner des élections.
Que dites-vous du retour du président de l'UDPCI, Mabri Toikeusse, au RHDP avec Alassane Ouattara qu'il a combattu en 2020 aux côtés du PDCI ?
Je ne pourrai porter de jugement de valeur. Il a ses raisons. À chaque chapelle politique ses valeurs. Je ne sais pas ses motivations. Je pense qu'il faut respecter le choix de tout un chacun. En ce qui me concerne, en tant que politique, je respecte son choix.
Pensez-vous, comme certains, qu'en obtenant le retour de Mabri Toikeusse au RHDP, Alassane Ouattara réalise une prouesse politique et consolide son parti ?
J'avoue que sur le plan politique, j'avais quelque peu sous-estimé le Président Alassane Ouattara. Sur le plan économique, ses qualités sont perceptibles. Mais, politiquement, ce n'est pas forcément le cas. Aujourd'hui, en tant qu'opposant, je fais le constat amer qu'il est un redoutable homme politique. Je le dis en toute franchise. Il nous mène la vie dure politiquement. Il n'empêche que nous allons
nous réorganiser pour prendre le taureau par les cornes et le contrecarrer si tant est que nous le voulons au PDCI.
Que devient le Réseau des cadres dynamiques du PDCI-RDA de Jean Michel Amankou ?
Écoutez ! Je reçois beaucoup d'appels de cadres, plus ou moins inquiets, qui estiment que la structure est dans une certaine léthargie. C'est vrai, je le reconnais. Mais il faut dire que mon équipe et moi avions décidé de prendre un peu de recul eu égard à un certain nombre de contingences au niveau du parti. Tout rentrera dans l'ordre bientôt, et nous allons reprendre nos activités.