Rentrée scolaire 2022 – 2023: les mesures de passage en classe supérieure corsées, « l’État pris au piège de sa loi révolutionnaire » (Ferro Bally)

La ministre Mariatou Koné a lancé officiellement le lundi 5 septembre à la rentrée scolaire 2022-2023. Ferro Bally donne sa position les mesures de passage en classe supérieure.

La rentrée scolaire pour l’année 2022-2023 est prévue le lundi 12 septembre 2022. Les mesures destinées à organiser le passage en classe supérieure ont été corsées.

Sous le ministère précédent, les moyennes annuelles (7/20 à 8,99/20 et à partir de 9/20) autorisaient respectivement le redoublement et le passage en classe supérieure. Seuls les élèves ayant moins de 7/20 étaient exclus.

Selon Kabran Assoumou, directeur de cabinet de Mme Kandia Camara-Kamissoko, alors ministre de l’Éducation nationale, « les redoublements coûtent à l’État et aux familles, 87 milliards de nos francs. Et les redoublements empêchent certains élèves à avoir des places dans les écoles publiques ».

Alors, le mot d’ordre était d’éviter les redoublements en permettant à plus d’élèves, malgré leur niveau, de passer en classe supérieure.

Pour cette rentrée, Mariatou Koné, ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, a serré la vis. Les moyennes annuelles pour l’exclusion (moins de 8,50/20), le redoublement (8,50/20 à 9,49/20) et le passage en classe supérieure (à partir de 9,50/20) ont été revues à la hausse.

LIRE AUSSI: Côte d’Ivoire: le conducteur condamné à 6 mois de prison ferme pour homicide involontaire sur 2 gendarmes

Mais cette mesure pour mettre fin à l’ère de la médiocrité et de la complaisance, afin de relever le niveau de l’école, bien que salutaire pose sérieusement problème. Car elle sonne le glas de la Politique de scolarisation obligatoire (PSO) initiée par le gouvernement en faveur des enfants de six à seize ans.

La loi n°2015-635 du 17 septembre 2015 portant modification de la loi n°1995-696 du 7 septembre 1955 relative à l’enseignement soutient cette Politique. Selon Alassane Ouattara, elle vise « à donner à toutes les filles et à tous les fils de notre pays le droit à l’éducation et à une formation de qualité ».

A cet effet, l’article 2-2 de la loi sus-visée est clair et limpide: « L’État à l’obligation de maintenir, au sein du système scolaire, les enfants âgés de six à seize ans, y compris ceux à besoins spécifiques et de mettre en place un mécanisme permettant d’intégrer ou de réintégrer les enfants de neuf à seize ans qui sont hors du système, notamment par des classes passerelles pour la tranche de neuf à treize ans et la formation professionnelle pour celle de quatorze à seize ans ».

LIRE AUSSI: Concours INFJ 2022 lancé : inscriptions en ligne sur infj.org.ci, les conditions

Une ordonnance, qui était envisagée mais qui n’a jamais vu le jour, devrait donc préciser « les moyens de réintégrer les enfants qui ont quitté le système éducatif ».

Mais, sept ans après sa promulgation, la loi sur la PSO est déjà frappée de caducité et de désuétude, face au manque de vision politique et de reformes véritables du système éducatif en panne.

Et l’État se trouve lui-même pris au piège de sa loi révolutionnaire. A l’insuffisance criante d’établissements scolaires, malgré des efforts, pour accueillir les millions d’enfants, s’ajoute l’inexistence avérée de structures pour recevoir les milliers d’enfants qui sortent du système éducatif général.

LIRE AUSSI: Concours INFJ 2022 lancé : option administrateurs des greffes et parquets, inscriptions sur infj.org.ci, les conditions

Ainsi, la politique du surplace, qui plombe le système éducatif, sacrifie irrémédiablement tous ces enfants qui sont exclus en masse à devenir des déchets de la société et de potentiels « Microbes ». Et c’est le cercle vicieux.

F. M. Bally

Written by Ferro Bally

Échangeur du carrefour Akwaba à Port-Bouët: ce qu’il faut savoir

Grabo: un paysan tué par un arbre qu’il a abattu