Bally Ferro, journaliste ivoirien, fait une analyse des premiers résultats de la présidentielle en Côte d'Ivoire proclamés par la CEI.
Les affaires sont allées très vite. Le dimanche 1er novembre, la CEI a commencé à donner les résultats provisoires de la présidentielle controversée du samedi 31 octobre 2020. Les électeurs, libres de leur choix, ont accordé leurs suffrages aux quatre candidats -Affi N'Guessan Pascal, Bédié Konan Henri, Kouadio Konan Bertin et Ouattara Alassane – officiellement retenus pour la compétition.
Car deux, Affi et Bédié, ont boycotté le scrutin à cause de « la candidature anticonstitutionnelle et illégale » de Ouattara. Pour eux et l'Opposition, l'élection du samedi est « une mascarade ». Aussi, ont-ils, le 1er novembre, déclaré « la fin du mandat présidentiel » du chef de l'État sortant et exigé « l'ouverture d'une transition civile ».
L'organe électoral, quant à lui, joue sa partition dans ce contexte de fronde politique. Mais dans la course politique contre la montre du gouvernement de transition, la CEI a confondu vitesse et précipitation, convainquant ses détracteurs que la consultation, sujette à controverses, a été susceptible de manipulations.
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Ainsi, à Danané, les suffrages des candidats atteignent 107.08% comme suit: Ouattara (99.45%), Bédié (3.55%%), KKK (2.33%) et Affi (1.75%). Mieux, Man, à l'ouest, et Korhogo, au nord, sont des siamois, affichant le même score pour chacun des candidats : Ouattara (192.483 voix à Man et à Korhogo), KKB (758 voix), etc.
Ce n'est pas tout. Dans certaines circonscriptions électorales, les votants sont supérieurs aux inscrits: Mbengué et Sinématiali avec, respectivement 30.442 et 26.506 inscrits, ont eu 30.501 et 29.378 votants.
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Cette « technologie électorale » du gonflement des chiffres que fustigeait, aux législatives de 1990 à Sinématiali, Laurent Dona Fologo opposé à Hyacinthe Sarassoro, rappelle étrangement la triche dénoncée au second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010 à Bouaké et dans des villes du nord. Car, on prend les mêmes et on recommence.