Interrogé par le Point Afrique, Soro écarté de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre prochain, revient sur la candidature de Ouattara.
Comment voyez-vous la Côte d'Ivoire de l'année à venir ?
Je ne peux m'empêcher de nourrir les pires craintes quand je vois l'obstination avec laquelle le président Ouattara conduit notre pays vers une nouvelle crise électorale, dix ans après celle qui lui a permis d'arriver au pouvoir.
Face aux appels à la raison émanant de la France, des États-Unis, de l'Union européenne, des organisations internationales de défense des droits de l'homme, de l'ONU, de certains de ses pairs de la Cedeao, il choisit de faire la sourde oreille et s'inscrit dans une forme de défi lancé au monde entier en prétendant n'avoir de leçons à recevoir de personne. Oui, j'ai peur pour la Côte d'Ivoire.
Nous avons à mener un bien âpre combat de civilisation, pour sauver l'espérance démocratique en suspens et consolider l'État de droit en Côte d'Ivoire. C'est précisément en raison de ce cap inflexible que je vois la Côte d'Ivoire de retour dans le concert des nations africaines en progrès, à l'horizon 2021. Pour ce faire, nous devrons avoir réussi à obtenir le triomphe du consensus national autour de l'organisation d'élections justes, transparentes, inclusives, véritablement démocratiques.
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Si, finalement, le scrutin se tient et qu'aucune décision ne vous requalifie. Qu'allez-vous faire ? Appeler au boycott, soutenir un candidat contre Alassane Ouattara ? Si oui, lequel ?
Pour le moment, je ne m'inscris pas dans un schéma où cette élection pourrait se tenir, alors que j'en aurai été illégalement écarté. Je ne l'accepte pas. D'ailleurs, j'ai lancé un appel à l'union de toutes les forces politiques significatives pour faire barrage au désir irrationnel de M. Ouattara d'imposer sa volonté d'effectuer un troisième mandat en marchant sur la Constitution. Je suis heureux que cet appel ait rencontré un écho favorable auprès des principales formations politiques ivoiriennes. Ainsi, le président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA après concertation avec l'ensemble des partis politiques, a lancé un appel à la désobéissance civile que nous soutenons activement. Il faut que Ouattara recule et que le droit prévale.
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Et la Cedeao, l'Union africaine, l'Union européenne, l'ONU savent qu'il est vraiment temps de sauver la paix en Côte d'Ivoire en faisant entendre raison à M. Ouattara.