Tidjane Thiam a quitté sur un bond du bénéfice après cinq ans la tête du Credit Suisse qu'il a recalibré en renforçant la gestion de fortune.
Sur l'exercice 2019, le bénéfice net s'est élevé à 3,4 milliards de francs suisses (3,1 milliards d'euros), soit une hausse de 69% par rapport à l'année précédente, a indiqué la banque dans un communiqué, attribuant cette hausse en partie à des gains exceptionnels, contrebalancés par des provisions pour litiges.
Les revenus de la banque se sont quant à eux accrus de 7%, à 22,48 milliards de francs, a-t-elle indiqué dans un communiqué, soutenus par ses activités de gestion de fortune. Les recettes de ce pan d'activités ont augmenté de 9%, à 14,4 milliards de francs, dopées entre autres par le transfert d'une plateforme de fonds. Hors gains exceptionnels, les revenus dans la gestion de fortune se sont étoffés de 2%, a précisé la banque.
La banque d'investissement a par contre vu ses revenus fondre de 23% par rapport à l'année précédente, à 1,6 milliards de francs sur fond de recul des fusions et acquisitions et d'une moindre demande pour les émissions obligataires.
Sa division dédiée aux activités de marché a néanmoins vu ses revenus croître de 16%, à 5,7 milliards de francs grâce aux revenus de courtage, freinés néanmoins par une baisse des émissions d'actions et obligations.
Après un « très bon début d'année », Credit Suisse, le numéro deux du secteur bancaire helvétique, s'est dite optimiste pour 2020 « avec toute la prudence nécessaire » au regard des aléas géopolitiques et incertitudes telles que le coronavirus.
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« C'était l'objectif: amener la banque là où nous serions moins dépendant des variations de l'économie mondiale », a déclaré Tidjane Thiam, lors d'une conférence de presse à Zurich, lors de la présentation des comptes qui faisait office de bilan de ses cinq années chez Credit Suisse.
Arrivé aux commandes en 2015, il avait lancé une grande réorganisation visant à renforcer la gestion de fortune et à réduire la voilure sur les activités les plus volatiles dans la banque d'affaires.
« Je suis fier de ce que le Credit Suisse a réalisé pendant mon mandat », a-t-il déclaré dans le communiqué, estimant que la banque avait été remise « sur de bons rails ».
Les résultats de la banque étaient en grande partie éclipsés par sa démission, annoncée vendredi, après un scandale à rebondissements autour de la surveillance d'ancien employés.
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- Départ avec la « conscience claire »-L'affaire avait débuté en septembre après des révélations dans la presse concernant l'ancien directeur de la gestion internationale de fortune, Iqbal Khan, suivi par une société de détectives privés après son départ inattendu pour la banque concurrente suisse UBS.
Le scandale avait rebondi en décembre lorsque la banque avait reconnu un second cas d'espionnage concernant cette fois l'ancien directeur des ressources humaines, puis début février lorsque le journal dominical SonntagsZeitung avait affirmé que la surveillance avait également visé l'organisation écologiste Greenpeace.
« J'ai exprimé des regrets par écrit. Je suis vraiment désolé de ces incidents », a-t-il déclaré devant les journalistes. Mais « si le conseil d'administration décide qu'un changement de direction est nécessaire, il est de mon de mon devoir de faire que cela se produise », a-t-il ajouté alors que son départ à suscité des remous auprès d'actionnaires qui lui avaient apporté son soutien, à l'instar du gestionnaire de fonds américain Harris Associates.
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« C'est ce que je fais. Et je le fais avec la conscience claire », a-t-il affirmé.
M. Thiam doit quitter ses fonctions vendredi et passer le flambeau à Thomas Gottstein, un cadre de longue date de Credit Suisse, actuellement à la tête des activités de la banque pour le marché suisse.
Si sa démission a alimenté les spéculations quant à ses futures ambitions, M. Thiam n'a pas donné d'indications sur ses projets pour les mois à venir.
« Demain, je m'en vais et je me repose », a-t-il botté en touche.
A 12H14 GMT, l'action Credit Suisse s'appréciait de 0,37% à 13,42 francs suisses, alors que le SMI, l'indice des valeurs phare de la Bourse suisse, cédait 0,27%.
