Lettre ouverte Jean-Yves Esso, membre du Bureau Politique du PDCI à Hamed Bakayoko, suite à son discours de Bouaflé le 26 septembre 2020.
Monsieur le Premier Ministre,
Lors de la visite d'état du président OUATTARA dans la Marahoué, vous êtes intervenu en fin de meeting à Bouaflé pour adresser un message à vos compatriotes ivoiriens. Vos propos ont été tout simplement choquants de la part d'un Premier Ministre de la République, présidentiable de surcroit.
Vous adressant aux leaders de l'opposition, vous avez tenu, sur un ton très menaçant avec la gestuelle du doigt inquisiteur qui va avec, les propos suivants :
« Si vous lancez un appel et qua la fin de la journée il y a des destructions de biens privés ou publics, le soir on sera devant votre domicile pour vous apporter la note. »
Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez la force avec vous ça on le sait… Mais la fonction que vous occupez ne vous autorise pas à montrer vos muscles. Elle doit au contraire vous imposer beaucoup de mesure dans les propos. Soit vous êtes mal conseillé, soit vous n'écoutez pas vos conseillers et c'est bien dommage pour vous car vous venez de descendre d'un étage dans l'estime des non RHDP qui auraient pu déceler en vous un leader. Un leader ne s'excite pas comme un jeune premier en mal de reconnaissance devant son patron…
Monsieur le Premier Ministre,
La désobéissance civile sera effective car votre candidat est illégitime et piétine la Constitution de notre pays. La désobéissance civile sera effective car vous demandez aux gens d'aller compétir avec vous après vous être assuré d'acheter l'adversaire, l'arbitre et le superviseur. Mais le public dit non… Le public dit qu'il n'y aura pas de match tant que les règles du jeu ne seront pas équitables dusse t'il descendre sur la pelouse pour vous le dire de manière suffisamment audible.
La désobéissance civile sera effective par des actions de très grande envergure mais également par de petites actions symboliques comme celles que nous ferons ce midi devant la Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA). Nous sommes prêts à y être enfermés par vos sbires, aujourdhui, si vous le souhaitez car pour nous le respect de la Constitution de notre pays n'a pas de prix.
Monsieur le Premier Ministre,
Le pouvoir n'est pas éternel et seul Dieu est notre Maître. Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n'a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix.
Ressaisissez vous et sachez vous entourer car il vous faudra nécessairement descendre du pont de l'orgueil pour pouvoir toucher la limpidité de votre destin.
Tout en espérant que vous saurez extraire la quintessence de notre présente adresse,
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, nos salutations respectueuses.
