« La voie de la sagesse, » une analyse de Venance Konan après la libération et le retour en Côte d'Ivoire des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali.
Il n'est pas toujours facile d'être opposant. Comment reconnaître le mérite de son adversaire lorsqu'il est aussi évident ? Ainsi, pour ne pas reconnaître publiquement la victoire de la diplomatie du Président Ouattara qui a permis de libérer nos soldats injustement détenus au Mali, sans que l'on ne passe par des mesures qui auraient pu être dommageables pour les relations entre nos deux pays, notre confrère « le Nouveau réveil » a choisi de titrer sur le triomphe de… Houphouët-Boigny ! Apparemment pour eux c'est son esprit qui a négocié avec les Maliens pour que nos soldats soient libérés. Bravo Houphouët-Boigny. Nous, nous félicitons le Président de la République Alassane Ouattara pour son sang-froid et la maestria avec laquelle il a géré cette affaire, et aussi pour sa main tendue aux frères maliens lors de la cérémonie d'accueil des soldats à l'aéroport. « Nous estimons qu'avec un pays frère et ami, il n'était pas nécessaire d'avoir une voie autre que celle de la diplomatie », a dit le Chef de l'Etat, qui a ajouté que c'est sur ses instructions que nos jeunes soldats sont allés au Mali pour apporter la paix à ce pays.
En son temps, quelqu'un disait « quand on t'envoie, il faut savoir t'envoyer. Et souvent, c'est dans la manière de t'envoyer toi-même que tu peux rencontrer des problèmes. » Apparemment c'est Pulchérie Gbalet qui n'a pas su s'envoyer. Félicitons aussi le peuple ivoirien qui a su garder son sang-froid comme son chef, et n'a, à aucun moment, cherché à s'en prendre aux Maliens vivant en Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire et le Mali sont deux Etats voisins aux histoires et intérêts économiques très imbriqués les uns dans les autres, mais il va sans dire que la Côte d'Ivoire avait de nombreux moyens de pression sur le Mali. Mais à aucun moment les autorités de notre pays n'ont cherché à les utiliser. C'était peut-être ce que cherchaient certains, à savoir une escalade entre les deux pays qui aurait pu déboucher sur encore plus de chaos dans la région. En attendant, remercions le président togolais et son ministre des Affaires étrangères ainsi que tous ceux qui ont œuvré dans l'ombre pour que nous obtenions ce résultat.
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Cela dit, que voulaient exactement les autorités maliennes en créant cette crise entre nos deux pays ? Elles se sont acoquinées avec le groupe de mercenaires russes Wagner, brouillées avec la France qu'elles ont copieusement insultée à la tribune des Nations Unies, de même que les président du Niger et de la Côte d'Ivoire, la CEDEAO, tout en détenant nos soldats de manière totalement abusive, bref elles se comportent comme si elles ne veulent plus d'amis, ni dans la région, ni ailleurs dans le monde, en dehors des Russes. Sont-elles sous le contrôle total des mercenaires russes ? Que leur ont donc apporté ces derniers dans la lutte contre le terrorisme, puisque c'était la raison officielle de leur présence au Mali ? Rien.
Au contraire les djihadistes sont à la porte de Bamako et sont allés jusqu'à frapper à Kati, là où se trouve le cœur du pouvoir malien. Ce sont les populations civiles qui sont massacrées aussi bien par les djihadistes que par les mercenaires russes. Mais pour ce qui concerne les mines, là par contre, les mercenaires en ont bien pris le contrôle. C'était cela l'objectif.
Tout indique actuellement qu'ils sont aussi en train de prendre pied au Burkina Faso. Le premier ministre de ce pays s'est rendu en Russie, et récemment, le président du Ghana a dit publiquement que les mercenaires de Wagner sont actuellement au Burkina Faso. Un autre pays gangréné aussi par le terrorisme et les coups d'Etat, comme le Mali. Et l'on a annoncé la prise de contrôle par une société russe d'une importante mine d'or. Wagner avait aussi pris pied en Centrafrique, pays qui est en proie à une très grande insécurité du fait de la présence de rebelles sur son territoire. Là-bas aussi, les Russes ont pris le contrôle des ressources minières. Apparemment ils ne vont que dans des pays en proie à l'insécurité.
Que les Russes aient de visées sur la Côte d'Ivoire n'est pas à écarter. Se sont-ils servis, comme des marionnettistes, des militaires maliens pour tenter de déstabiliser notre pays en leur demandant d'arrêter nos soldats ? Ce n'est pas non plus à exclure. Comme il n'est pas à exclure que quelqu'un de chez nous leur ait dit que s'ils arrêtent nos soldats, lui, il pourrait monter le reste de l'armée contre le pouvoir ivoirien qu'il rêve de faire chuter.
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Ce que nous devons retenir, nous, Ivoiriens, de cette affaire, est que nous devons faire très attention. Pour dire les choses clairement, nous sommes menacés. Par les djihadistes qui tentent de faire de notre pays ce qu'ils ont réussi à faire du Mali et du Burkina Faso, et par des Etats ou des entreprises qui ne prospèrent qu'en déstabilisant des pays comme les nôtres.
