Jeune Afrique dans un entretien avec le groupe zouglou Yodé et Siro revient sur l'affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali.
Votre dernière chanson, Les 49, évoque l'affaire des soldats ivoiriens emprisonnés à Bamako. Le texte adopte un ton conciliateur, loin du registre dans lequel vous vous êtes fait remarquer : pourquoi cet effort de diplomatie ?
Siro : Pour nous, le treillis militaire, l'uniforme, représente une nation, et voir nos militaires emprisonnés nous déchire le cœur. La situation a créé beaucoup de colère et de tensions, certains Ivoiriens appelaient même à des manifestations. Nous avons voulu sortir cette chanson de sensibilisation pour accompagner la diplomatie. Nous devons faire confiance au chef de l'État sur ce dossier, il faut éviter de mettre de l'huile sur le feu.
Et vous l'aurez remarqué, trois jours après la sortie de cette chanson de mobilisation pour maintenir la flamme d'espoir, trois soldates ont été libérées. Nous espérons que les autres recouvriront la liberté eux aussi, d'ici deux semaines. Notre priorité, c'est la libération de nos soldats. La chanson reste complètement d'actualité. Les 49, c'est un esprit, même s'il en reste 46 là-bas, pour nous ils seront toujours 49 : parce que c'est une équipe qui est partie, c'est une équipe qui doit revenir. Tant que ce ne sera pas le cas, nous poursuivrons la mobilisation.
Sur ce dossier, vous appeler à faire confiance au chef de l'État. Vous êtes pourtant réputés proches de l'opposition…
Nous faisons une musique qui est née dans la contestation, dans le combat. Nous sommes toujours du côté des plus faibles. Nous ne faisons pas de zouglou de salon ! Mais pour autant, nous ne sommes pas proches de l'opposition. Nous pensons par exemple que le rapprochement entre le président Alassane Ouattara et ses deux prédécesseurs, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, fait du bien au pays.
C'est une initiative du président Ouattara que nous saluons. Tout comme nous saluons l'opposition car, si le pays se porte mieux, c'est aussi grâce à la maturité de cette dernière, qui n'est plus dans la défiance. Le comportement de l'opposition est un gage d'apaisement de l'environnement politique. Quand l'opposition bouillonne, le pays est fragilisé. Notre rêve, c'est la paix. Nous ne pouvons pas aller de guerre en guerre, de crise en crise. Et dans cette optique, la notion de pardon est importante… LIRE LA SUITE