Kyria Doukouré, cyberactiviste du PDCI, revient sur l'idée du 3è mandat du président Ouattara, candidat du RHDP à la présidentielle.
Hier, c'est avec beaucoup d'appréhensions que j'ai publié le texte sur la responsabilité partagée de nos leaders politiques dans la situation actuelle. Je m'attendais à ce que chaque militant vienne défendre son leader en rejetant la faute sur les autres. Mais vous avez fait preuve d'une telle maturité qu'elle m'a rassurée quant au fait que mon peuple était prêt à bâtir enfin une nation.
En effet, l'histoire des peuples et des nations rend un témoignage éloquent. C'est après avoir touché le fond qu'on en tire des leçons pour se souder afin d'affronter l'avenir. Le défi de notre génération est de fonder une nation et cela impose de trouver un leader qui parle à toute la Côte d'Ivoire sans distinction d'ethnie ni de religion. Il faut un leader dont le discours rassure et fait rêver tout le monde. C'est lui qui va nous faire entrer dans la modernité.
Parce qu'en fin de compte, ce qu'a fait M. Ouattara avec ses conseillers aux visages pâles, c'est d'observer notre pays et d'y trouver les failles dans la construction de la nation pour y injecter son venin. Il a compris qu'il y a dans ce pays un quart de la population qui est d'origine étrangère et que cette dernière ressentait un mal être et il s'est posé en défenseur de celle-ci.
Ce malaise n'était pourtant pas politiquement entretenu. Socialement, et c'est ainsi dans tous les pays, lorsque les difficultés économiques pointent, le premier réflexe, c'est d'accuser les étrangers qui voleraient les emplois des nationaux. On les accuse de tous les maux et d'être à la base de l'insécurité. C'est à ce moment qu'il faut un leadership fort pour rassurer ces étrangers et faire comprendre qu'ils font partie du projet national parce qu'ils partagent une communauté de destin avec les nationaux.
A défaut de leadership fort, ils sont la proie facile pour tous les aventuriers. Autant les terroristes réussissent à emballer les jeunes de cités en France parce qu'ils se sentent rejetés, autant M. Ouattara a réussi à se poser en défenseur de cette population. Bien entendu, il a aussi attiré vers lui les populations originaires du nord de la Côte d'Ivoire qui connaissaient des difficultés du fait des patronymes et de la religion qu'ils ont en partage avec ces étrangers.
Mais, autant les étrangers ont peur, autant les nationaux ont aussi peur. Ne nous voilons pas la face. Le mot ‘'étrangers'' vient du mot ‘'étrange'' et tout ce qui est étrange suscite suspicions. Les nationaux ont peur car ils craignent de disparaitre avec l'afflux des étrangers. Ils ont peur car ils voient les étrangers gravir les échelons dans ses secteurs économiques importants.
Mais ils ont surtout peur parce que notre état civil est peu fiable et ne protège pas assez notre nationalité. On peut arriver en Côte d'Ivoire à 12h et à 18h détenir des papiers d'identité ivoiriens. Et pourtant, avant, il n'y avait pas ce problème. J'ai reçu plusieurs témoignages où des ivoiriens ont remis des extraits de naissance et autres documents a des étrangers afin qu'ils aillent à l'école ou pour accomplir d'autres démarches administratives.
Tout cela veut dire qu'à la base, ce n'est ni un problème de xénophobie ni un problème d'ivoirophobie. C'est un problème de conjoncture économique exploitée de façon démoniaque par M. Ouattara et son clan. Tout homme politique qui se veut sérieux doit comprendre qu'il y a désormais une fracture importante dans la société ivoirienne qu'il faudra soigner.
Notre nation a plusieurs fois touché le fond mais les leaders n'ont pas été capables de tirer les leçons. Même Allah qui est parfait a dû détruire le monde par le déluge afin de le reconstruire. M. Ouattara s'apprête à nous faire toucher le fond par son obstination à faire un 3ème mandat. Qui sera ce leader capable de rebâtir la Côte d'Ivoire ?
