Un jugement critique du FPI sur le bilan de Ouattara : « l’échec de l’émergence proclamée restera indéfiniment un mirage »

Le secrétaire général du FPI, Assoa Adou, s'est exprimé ce mercredi 11 mars 2020, en conférence de presse sur le bilan Ouattara à neuf ans de gestion de notre pays.

S'agissant de son bilan de neuf ans de gestion de notre pays, monsieur Ouattara, passant en revue les plans social, sécuritaire et infrastructurel, nous a abreuvé à la fois de chiffres et de très nombreuses contrevérités.

Sur le plan social, il se félicite d'avoir installé la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation (CDVR) qui a, dit-il, « œuvré pour nous permettre de comprendre les causes de la crise et en tirer les leçons pour l'avenir de notre pays ». Et pourtant tout le monde sait, jusqu'à ce jour, que monsieur Ouattara refuse de rendre public le rapport de cette commission, parce que les résultats ne lui sont pas certainement favorables. Monsieur Ouattara se réjouit aussi d'avoir « identifié et indemnisé la grande majorité des victimes de la crise postélectorale grâce aux actions de la CONARIV (…) et d'être allé plus loin en amnistiant les prisonniers civils (…) en favorisant le retour des compatriotes refugiés dans les pays voisins, dont la grande majorité est rentrée ».
Sur tous ces chapitres : indemnisation des victimes, libération des prisonniers et retour des exilés, le bilan de monsieur Ouattara est très sélectif et très éloigné de la vérité.

Appliquant sa politique de rattrapage ethnique, il n'a vu de victimes que dans son camp, parmi ses partisans, alors que les familles des 30.000 morts identifiés dans le pays Wê, considérés comme des pro-Gbagbo, n'ont pas été prises en compte. Il en est de même sur l'ensemble du territoire national des familles des victimes ensevelies dans des fosses communes à Adebèm (Sassandra), à Okrouyo (Soubré), des 60 gendarmes tués, des femmes en grossesse éventrées à Bouaké, des danseuses d'adjanou massacrées à bout portant à Sakassou. Quant aux prisonniers politiques que M. Ouattara appelle civils, il convient de lui rappeler que de nombreux militaires et civils croupissent encore dans les geôles de son régime, et qu'ils sont nombreux les qui sont retenus en exil, craignant pour leur vie.

LIRE AUSSI: Billon donne des précisions sur sa candidature et réagit au retrait de Ouattara

Le dernier en date est , l'ex-président de l'Assemblée Nationale, contraint à l'exil pour avoir commis les crimes de lèse-majesté, en refusant de militer au et en osant annoncer sa candidature à l'élection présidentielle d'octobre 2020. C'est pour réparer toutes ces injustices que le président n'a de cesse d'appeler à la vraie réconciliation nationale, seule gage de la paix par l'effacement de toutes les rancœurs et rancunes.
Monsieur Ouattara qui a trop à se reprocher s'y oppose de toutes ses forces depuis toujours.

Sur le plan social, monsieur Ouattara se réjouit également d'avoir réalisé sa promesse de créer la (CMU) qui, selon lui, « est opérationnelle depuis le 1er octobre 2010 et près de trois millions de personnes ont été enrôlées ». La vérité sur ce dossier est que cette CMU mort née est loin d'être opérationnelle pour son mauvais arrimage à la MUGEFCI, pour la faiblesse ou le défaut d'expertise de ses concepteurs. Mais la plus énorme des contrevérités de monsieur Ouattara est à venir. Il prétend avoir enrichi les producteurs agricoles quand il affirme : « J'avais promis un revenu minimum garanti aux producteurs. Aujourd'hui, nos parents paysans bénéficient d'une meilleure rétribution pour leur labeur ».

LIRE AUSSI:  Un pro-Affi à Simone Gbagbo:  » Mettons nous ensemble pour mettre fin au système de Ouattara »

Tout simplement stupéfiant ! Sous la gouvernance du président Laurent Gbagbo, le prix bord champ du cacao a toujours été au-dessus de 1000 fcfa/ kg et celui de l'hévéa à plus de 1200 fcfa/ kg. Sous le régime Ouattara, le cacao s'est en moyenne acheté à 800 fcfa et l'hévéa s'achète à environ 300f voire 200 fcfa ou moins par kg. Entre ces deux présidents, lequel a enrichi les paysans ? Toute la classe paysanne est aujourd'hui unanime en Côte d'Ivoire à dire qu'elle vit le calvaire sous monsieur Ouattara, et avait un train de vie bien meilleur sous la gouvernance du président Laurent Gbagbo. Comment dans ces conditions, monsieur Ouattara peut-il dire, sans sourciller, « qu'aujourd'hui en 2020 le taux de pauvreté qui était, selon lui, à 51% en 2011 sous la gouvernance du président Laurent Gbagbo, est descendu grâce à lui à 35% » ?
Tout porte à croire que monsieur Ouattara vit dans une bulle, coupé des vraies réalités de la Côte d'Ivoire. Son discours bilan ne concerne nullement la Côte d'Ivoire dont les réalités palpables au quotidien par tout le monde n'ont rien à voir avec ce qu'il dit. Cela d'autant plus que sur les autres plans, sécuritaire et économique qu'il a abordé, le constat est le même.

Sur le plan sécuritaire, les populations vivent dans la crainte des exactions des milices, enfants soldats pudiquement appelés « enfants en conflit avec la loi » qui sévissent impunément partout où bon leur semble. Ce phénomène appelé « Microbes » que n'arrive pas à sécuriser les forces de défense, hante les jours et les nuits des population..

Sur le plan économique, il est de notoriété publique que la Côte d'Ivoire est surendettée, qu'elle vit très nettement au-dessus de ses moyens dont une grande partie est engloutie dans des budgets de souveraineté faramineux avec, en regard, une paupérisation croissante des populations.

Dans son bilan, monsieur Ouattara a oublié de mentionner que l'atteinte du point d'achèvement du processus PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) lui offrait 600 milliards de FCFA par an, somme que le Président Laurent Gbagbo était obligé de payer chaque année au titre du remboursement de la dette imposée au peuple ivoirien par ses prédécesseurs. En dix ans, il a donc bénéficié de 6 000 milliards de disponibilités qui ne l'ont pas empêché de surendetter la Côte d'Ivoire.
A l'exception de monsieur Ouattara qui se gargarise de ses prétendus succès, tout le monde en Côte d'Ivoire sait qu'il a échoué à conduire le peuple ivoirien vers les rivages heureux promis. En lieu et place, ila semé, durant neuf ans, misère et frustrations de toute sorte.

Monsieur Ouattara a fini par se décidé à sortir de la scène politique parce qu'il sait que pour avoir forcé sa main pour le gouverner, le peuple ivoirien (y compris ceux qui avaient cru en lui) n'est plus prêt à le garder au pouvoir, en raison des très nombreuses tâches qu'il a laissée dans la mémoire collective. C'est bien cela la raison de sa sortieinopinée de la scène politique sur la pointe des pieds. C'est aussi pour ces mêmes raisons que monsieur Ouattara a volontairement omis dans son discours de faire son bilan politique.

La politique ce ne sont pas les chiffres, bien souvent tronqués pour les besoins de la cause. La politique c'est la gestion de la cité, c'est-à-dire une nation avec toutes ses composantes humaines. C'est donc la saine gestion des hommes et des femmes pour leur prospérité et épanouissement. Cet épanouissement des citoyens passe d'abord et avant tout par la reconnaissance de leurs droits et libertés.

LIRE AUSSI:  Un grand réseau de « Brouteurs » ivoiriens démantelé en France

Monsieur Ouattara a décidé, durant ses neuf ans de gouvernance, de dénier au peuple ivoirien l'exercice de tous ses droits et liberté, en dépit des dispositions de la Constitution, la loi fondamentale de notre pays dont il viole à souhait les règles. Il a mis en place un régime liberticide, où toutes les libertés sont confisquées. A commencer par la liberté d'association, en s'immisçant dans le fonctionnement des partis politiques d'opposition. Il les a tous divisé en plaçant à leur tête des hommes à sa solde, comme dirigeants légaux pendant qu'il emprisonne les présidents légitimes pour les contraindre au silence. Les médias publics sont réservés aux seuls tenants du pouvoir.

Monsieur Ouattara n'a pas fait le bilan politique de sa gouvernance parce qu'il a échoué sur toute la ligne à faire de la Côte d'Ivoire un Etat de droit. Or, sans l'instauration d'un Etat de droit, aucun développement n'est possible. De là résulte aussi l'échec de l'émergence tant proclamée qui restera indéfiniment un mirage. Si monsieur Ouattara veut rentrer par la grande porte de l'histoire, il ne s'offre à lui qu'une seule issue : renouer le dialogue politique qu'il a rompu avec l'opposition et discuter lui-même avec toutes les parties prenantes, afin d'aboutir à des conditions consensuelles d'un scrutin présidentiel transparent, inclusif et apaisé.

LIRE AUSSI: Serge Kassy à Tiken Jah : « quand on a soutenu une rébellion, sa gueule on la ferme »

Pour le Front Populaire Ivoirien, tous les protagonistes de la crise ivoirienne qui n'a que trop duré, à savoir les présidents Gbagbo, Ouattara, Bédié, le Premier ministre Soro, les partis politiques, les organisations de la société civile, doivent absolument et urgemment se retrouver pour définir les conditions d'une paix durable et définitive en Côte d'Ivoire.

Je vous remercie. »

Written by Assoa Adou

Yamoussoukro : 3 voleurs de barres de fer arrêtés

La rue ultime option pour l’opposition ivoirienne face à Ouattara ?