Fernand Dédeh est revenu ce 13 juin 2020, sur l'attaque meurtrière de Kafolo dans le nord de la Côte d'Ivoire qui a coupé la vie à 12 militaires ivoiriens.
Je comprends la nervosité doublée du silence de la hiérarchie militaire. Perdre des jeunes gens en mission, sous les balles assassines « des méchants », « des obscurs », « des inhumains », « des sans-coeurs », à de quoi brûler les viscères. Les premiers journalistes qui se sont précipités sur le terrain, après la nuit sanglante du mercredi 10 juin au jeudi 11 juin 2020 à Kafolo, ont été éconduits. Difficile, le jour d'après-midi. J'ai juste dit aux jeunes, « ainsi entre le métier. Le terrain fait l'expérience. ».Nous continuons de pleurer. Les militaires ont perdu des frères d'armes. La nation, des valeureux fils. Journalistes et soldats sont dans la même barque.
Le jour d'après…
Que s'est-il passé à Kafolo, comment les terroristes ont-ils opéré? Que sait-on de l'attaque? Quelles dispositions ont-elles été prises par les forces de défense et de sécurité? Comment renforcer la ceinture de sécurité autour du pays?
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Selon mes informations, les assaillants sont arrivés du pays voisin, le Burkina Faso, en contournant le fleuve Comoé. Attaques conjointes sur deux sites. Celui tenue par gendarmes et l'autre exclusivement, par les militaires des Faci. Le premier poste est mixte (gendarmes police). Et le second est uniquement Faci. Les militaires sont à l'entrée du village en venant de Kong. Le site mixte à la sortie, sur la voie menant au Faso et à Bouna.
En attendant plus informations et la reconstitution des faits, les assaillants selon les informations collectées sur place, sont arrivés en nombre indéterminés et ont surpris les forces Ivoiriennes. Le bilan rendu public par les autorités fait était de 11 militaires et un gendarme tués, six blessés. Un assaillant tué et un autre blessé.
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Le front est calme et les forces y ont déployées. Toutefois, les populations demeurent inquiètes. « Nous sommes dans l'œil du cyclone depuis l'opération Comoé à partir de notre village. », selon certains, interrogés par les journalistes.
L'opération militaire conjointe des forces armées de Côte d'Ivoire et celle du Burkina Faso, le 13 mai 2020, avaient justement pour but de neutraliser les cellules terroristes dans la zone forestière entre les deux pays. Les opérations militaires se poursuivent d'ailleurs à la frontière. Côté Burkina, les forces n'ont jamais cessé de traquer les foyers des terroristes qui tentent de s'installer dans la forêt. La coordination des opérations est le seul gage de la victoire contre les esprits du mal. Tous les pays frontaliers, notamment, la Côte d'Ivoire, le Burkina-Faso, le Mali et le Ghana doivent mutualiser leurs forces, leurs renseignements et leurs énergies.
Revendications
Tous les spécialistes interrogés attribuent l'attaque de Kafolo au groupe de la Katiba de la Macina. Il tente de s'implanter dans la zone frontalière depuis plusieurs années. « Leur objectif c'est de s'installer dans le parc de la Comoé (1.200.000 ha) pour en faire le sanctuaire ivoire-burkinabé du terrorisme, après le nord Mali. », explique une journaliste.
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Seulement, contrairement au mode opératoire des terroristes, aucune revendication officielle de la nébuleuse non disponible à ce jour. Soit les informations remontent difficilement à leur niveau, soit la Katiba se sent traquée et fait silence pour protéger ses pions et vers dans le fruit.
Encore une fois, forcé à tous nos agents de défense et de sécurité. Nous sommes Kafolo. Nous nous tenons à leurs côtés dans cette guerre asymétrique que les forces du mal imposent aux États. À notre pays.
Comme contre la Covid19, nous devons faire preuve de solidarité, de discipline et de responsabilité.