« Bédié VS Ouattara : la bataille de Kirina évitée en 1993 aura enfin lieu »

Bédié VS Ouattara: Omar Sanson, dans sa chronique, La lettre à Colette » fait une analyse de la guerre des deux héritiers d'Houphouët Boigny.

C'est fait, la guerre des deux héritiers d'Houphouët Boigny évitée de justesse par les armes en Décembre 93 aura enfin lieu dans les urnes. Si pour Bédié il s'agit de laver deux affronts (se considérant comme l'héritier légitime d'Houphouët et les séquelles du coup de décembre 99) pour Ouattara, Il avait selon lui montré toute sa bonne foi en présentant un successeur. Vue le feu qui couve sous les cendre du suite au décès de Gon, il est revenu sur sa décision.

Il avait d'ailleurs prévenu, « s'ils sont candidats je serai candidat ». Ils l'ont été et il l'est. Soit il s'est rendu compte qu'il s'était très tôt prononcé le 5 mars, ou bien au risque de heurter certaines sensibilités, nous voyons du coté de BEDIE et de , une dose de RANCUNE. Sinon qu'est ce qui pourrait justifier la présence sur la scène politique en 2020 de ces deux pépés. Ce sont eux que nous avons connus ces 30 dernières années.

Ils sont passés par toutes les étapes : méfiance, désamours, rapprochement, amour, puis enfin la haine. C'est ce cocktail qui nous avait amené à affirmer que pour une alternance juste pour le , pour un changement total des mentalités, il fallait choisir la justice au lieu de la légalité. Il fallait qu'en 2020 : Bedié, Ouattara, Gbagbo, Blé Goudé et Soro reconnaissent qu'ils ont fait leur temps dans ce pays.

Tant qu'on entendra parler de l'un de ces 5 dans la sphère politique, la hache de guerre sera dehors entre les communautés, les ethnies, les générations. Notre pauvre point de vue n'atteignant pas celle de la majorité à la cheville, c'est donc les choix des uns et des autres qui ont été respectés. Il ne nous reste qu'à nous incliner. Finalement qu'est ce qui pourrait jouer en faveur du vieux de 86 ans ?

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Son premier atout, c'est le V baoulé qui avait donné ses voix en 2010 à Ouattara pour renverser Gbagbo. Cela n'est un secret pour personne, le tissu du vote a la teinture de l'ethnie. Le V baoulé, est l'une des régions les plus peuplées de Côte d'Ivoire et l'organisation sociale des royautés l'est de sorte que les messages allant du sommet à la base soient respectés à la lettre.

Ouattara qui en n'a profité entre les deux tours en 2010 ne dira pas le contraire. En outre, Bédié n'a vraiment pas été vu à l'œuvre. Il a terminé de Houphouët et à la fin de son premier mandat, il est chassé par un coup d'état dont il avait fait le lit. Ensuite le troisième atout de Bédié, c'est qu'il pourrait rassembler tous les frustrés politique de Ouattara. Nous le disions la semaine dernière, Amon, Toikeuse, Soro… aucun de ces 4 pourra ne dira que le bilan de Ouattara est négatif.

Alors pourquoi ont-ils sauté du bateau avant sa mise à quai ? Tout simplement l'égo, et la volonté de ne plus voir Ouattara à bord comme capitaine. Vue le rejet de leur , la seule opportunité de rebondir c'est se greffer à N'zuéba et s'ils sont suivis par leurs militants, aussi moindres soient-ils, la balance pourrait tanguer en faveur de Bédié. Enfin et le dernier joker de Bédié, c'est le grand groupe qui affirme haut que « ce n'est pas parce que Ouattara a travaillé ou pas, on ne veut pas de lui». La politique dans ce pays est en effet un problème de personne.

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Il n'est pas rare de constater que intellectuels, analphabètes, votent souvent plus contre que pour. C'est-à-dire lutter pour chasser. Et pour atteindre cet objectif, tous les slogans les plus macabres pourraient renaitre des cendres d'un passé qu'on croyait comateux et même en cérébrale : « l'étranger ». Nous n'inventons rien et n'avons sculpté la pancarte de personne. Mais le slogan « les burkinabé retournez à a été vu sur plusieurs pancartes il y'a quelques semaines… Il ressort de tout ce qui précède que les chances de Bedié restent intactes.

Mais n'oublions pas, Ouattara reste le maitre du jeu. La première carte de Ouattara, c'est justement la galvanisation de ses militants face à la résurgence des propos qu'on croyait hors d'usage. Pour ses militants, ce n'est pas qu'à Ouattara qu'on s'attaque lorsqu'il est visé, mais à tous ceux qui ont subi l'époque 94-99. A partir de là, le raisonnement est mis en veilleuse au profit d'un agrippement à Ouattara. Nous en avons entendu dire, même s'il est dans un fauteuil roulant, il ne s'agit plus de droit c'est notre candidat.

Secundo, Ne perdons pas de vue que Ouattara est le président sortant, c'est-à-dire le maitre du jeu. Sans lui prêter des intentions, le slogan est encore frais dans nos mémoires : « on n'organise pas les élections en pour les perdre ». Les experts nous rappelleront les exceptions sénégalaises, béninoises…mais lorsqu'on a les moyens de l'Etat, il est utilisé à fond en mettant la chance de son côté. En fera-t-il usage ou pas ? nous ne saurons le dire. Une chose est sure, en Afrique, la commission électorale a la gomme, le a le crayon, mais les deux ustensiles sortent toujours de la trousse qui se trouve entre les mains du président sortant.

L'opposant devra donc se serrer la ceinture. Puis, La composition de la liste des candidats retenus constitue une pure brèche pour Ouattara. Politique pour politique, c'est probablement la politique qui sera utilisée pour rester au palais. et Bédié ne souffle plus dans la même flute. Affi s'est desapparenté et de Gbagbo qui ne l'a d'ailleurs pas reçu et de Bédié qui ne le voit plus d'un bon œil. Si Ouattara les attire avec promesse de nomination (à moins que nous ne soyons en train de parler en retard) l'électorat de Bédié pourrait prendre un coup.

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Enfin deux autres éléments tangibles pour Ouattara. Même si l'on accorde peu d'intérêts aux réalisations en Afrique, même si le vote y est plus ethnique, le bilan de Ouattara, c'est aussi celui de Bédié jusqu'en 2017. Le paradoxe veut qu'avec l'alliance Ouattara Bédié, le pays n'ait jamais été autant sur les rails depuis la mort de Houphouët.

Dénigrement du Ouattarrisme ? Bédié pourrait faire face à un paradoxe. Bref…. Il y'a pour conclure la souvenance des résultats du premier tour 2010 remporté par Gbagbo. En effet, Lorsque Gbagbo et Bédié obtenaient la victoire dans leur bastion, il y'avait toujours un 9 ou 15% pour Ouattara alors qu'au nord du pays, c'était souvent un 95% pour Ouattara, sauf que le nord est moins peuplé. Sous cet angle, Ouattara a quelques chance…

Finalement, de quel côté se trouvent les bailleurs de fond et les gros investisseurs en C.I. ? on se rappelle que c'est entre les deux tours des élections que M. Gbagbo avait cédé le port d' à la . La suite on la connait… Que retenir donc ? Que la bataille de Kirina évitée en 93 aura enfin lieu. Bedié, Ouattara ? chacun a ses chances. Il s'agira alors pour l'un et l'autre de les exploiter autant que possible pour revenir au palais ou pour s'y maintenir.

Written by Omar Sanson

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