Carême 2023: Père Marius Hervé Djadji se prononce, « arrêtez vos nouveaux modèles de jeûne »

Ne relativisez pas ce grand temps de prière qu'est le carême. Pendant le temps de carême, c'est la prière, la privation de la nourriture pour ceux qui remplissent les conditions, et enfin le partage.

Depuis petit à la catéchèse c'est ce qu'on m'a appris à l'école primaire. Maintenant le nouveau modèle de carême que vous présentez où on remplace le jeûne et la prière par des gestes de bon sens, d'humanisme, je ne comprends pas. Dans la doctrine et la discipline, il faut d'abord mettre en évidence l'enseignement.

Être bon, être bien, être à l'heure au travail, être bien avec ses amis, ce n'est pas cela le carême catholique. Ces gestes on nous demande d'observer chaque jour. Le carême c'est un temps pour vraiment aller en profondeur dans la prière et le jeûne pour rencontrer le Christ à travers ces deux réalités. C'est dans la prière et le jeûne qu'on tire les forces pour la charité et tous les actes d'humanisme. Donc le carême c'est d'abord la verticalité c'est à dire la prière et le jeûne et de la verticalité, découle l'horizontalité. Les textes bibliques du temps de carême parlent d'un jeûne et de la prière faites sans hypocrisie.

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Dans notre monde d'aujourd'hui où des courants humanistes veulent une religion sans Dieu, une Eglise humaniste sans Dieu, dans les sociétés sécularisées où l'on ne parle que des valeurs sans Dieu, il faut faire attention au langage qu'on utilise pour parler de carême aujourd'hui dans l'Eglise catholique.

Je comprends l'idée de mettre en lumière des actes concrets. Mais il faut être explicite pour éviter la confusion avec les humanistes athées. Aujourd'hui, tout ce qui est prière, jeûne, méditations et parole de Dieu, contemplation et lectio divination sont considérés comme dépassés au nom d'une certaine rationalité.

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Au début du 19ème siècle, les papes nous ont averti sur ce nouveau modèle de vocabulaire. De manière rusée, ils vous parleront des vertus, des valeurs humaines. Implicitement c'est un nouveau athéisme avec un langage inondé de ruse et de miel.

Le carême dans l'Eglise c'est le jeûne de nourriture, c'est la prière, c'est le partage. Les trois sont intimement liés. Durant les 40 jours, en dehors du mercredi des cendres et du vendredi saint, chacun est invité à organiser son temps de jeûne, soit en groupe, soit en famille. Quant à ceux qui ne peuvent pas jeûner, du fait de l'âge ou de la maladie, il y a la prière et le partage où se priver de quelque chose de fort.

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Le jeûne spirituel est observé par beaucoup de catholiques. Ne les découragez pas. Il y a des grâces dans le jeûne lié à la prière. Les Pères de l'Eglise l'ont expérimentées et nous ont transmis comme un héritage. La privation de la nourriture dans notre relation avec le Christ est un pilier de notre vie spirituelle. Le jeûne délivre, le jeûne purifie, le jeûne transforme, le jeûne protège. Dans ce monde de combat entre les fils de la lumière et les fils des ténèbres, c'est par le jeûne et la prière que nous vaincrons.

Prêtre du diocèse de Yopougon

Professeur de théologie

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