Les conditions d’éligibilités en Côte d’Ivoire sont susceptibles de créer des frustrations chez certains Ivoiriens, selon Saïd Penda.
Les conditions d’éligibilité à la présidence de la république, telles qu’édictées dans le code électoral modifié par ordonnance le 08 Avril 2020, comporte des dispositions susceptibles de créer des frustrations chez certains Ivoiriens.
En précisant dans son article 43 que le candidat à l’élection présidentielle « doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine », l’on instaure de facto un système de discrimination entre citoyens naturalisés, les binationaux, et ceux dont au moins l’un des parents est d’origine Ivoirienne.
Seuls les citoyens de cette dernière catégorie étant éligibles à la fonction de président de la république. Sont clairement exclus de la fonction de président de la république les binationaux, même dans le cas où ils seraient nés de père et de mère « Ivoiriens d’origine ».
Dans un souci d’harmonisation de droits entre citoyens d’un même pays et de justice, et alors que la Côte d’Ivoire recherche des moyens pour se réconcilier, on ne devrait pas s’accommoder avec ce qui pourrait être vécu, par une partie de la population, comme une catégorisation des citoyens pouvant créer des frustrations inutiles.
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Différentes données démographiques –des Nations Unies et d’institutions de recherches nationales et internationales -indiquent que ceux que je qualifie d’ « Ivoiriens à la citoyenneté frustrée » constituent déjà prêt de la moitié de la population. Il s’agit des binationaux, des naturalisés et des Ivoiriens issus de l’immigration qui ont accédé à la citoyenneté par différents autres processus et canaux de naturalisation.
C’est, à mon avis, un des premiers chantiers institutionnels auxquels devra se consacrer le président Ouattara, non pas dans une visée électoraliste, mais bien pour réparer une injustice en assurant l’égalité des droits à tous les citoyens de son pays. Un principe universel de droit veut qu’à égalité des devoirs, correspondent les mêmes droits.
Dans le cas de la Côte d’Ivoire, ce principe de droit est violé, puisque ces « Ivoiriens à la citoyenneté frustrée » sont astreints aux mêmes devoirs vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, sans être éligibles à toutes les fonctions.
La loi actuelle nécessité cependant un courageux toilettage vers une totale modernité et une égalité des droits entre tous les citoyens. J’entends ceux qui nous opposerons le cas des USA qui exige que l’on soit né sur le sol américain pour pouvoir candidater, ou même de l’Allemagne, un pays qui ne reconnaît pas la double nationalité.
Mais il faut savoir que dans ce domaine-là, l’Allemagne et les USA sont considérés comme des pays réfractaires à la modernité.