Hayek Hassan: « Il faut limoger Patrice Beaumelle » avant la CAN 2023 en Côte d’Ivoire

Ambassadeur de la FIF pour la CAN 2023, nous avons rencontré Hayek Hassan, pour un tour d’horizon du football en Côte d’Ivoire, l’Ivoiro-libanais se prononce sur l’avenir de la sélection nationale dirigée par Patrice Beaumelle qui continue de multiplier les contre-performances ces dernières années.

“La FIF doit saisir l’opportunité qu’offre le projet “Renaissance” de Drogba”

Après une piètre prestation à la CAN 2021 où ils sortent en huitième de finale, puis deux cuisantes défaites récemment en matchs amicaux face à l’Équipe de France (2-1) et à Londres contre l’Angleterre (3-0), les Eléphants de Côte d’Ivoire continuent leur descente aux enfers. Incapable de redresser le navire qui plonge, plusieurs obsevateurs, à l’instar d’Hayek Hassan, éminent inluenceur et promoteur de la plateforme Bénévole de Premiers Secours (BPS), reclament la démission où le limogeage du sélectionneur Patrice Beaumelle.

Comment entrevoyez-vous la CAN Côte d’Ivoire 2023?

Je suis convaincu que ce sera la plus belle des CAN jamais organisée en Afrique. Nous sommes un pays hospitalier malgré les frictions avec nos frères camerounais . Mais cela fait partie du game et de la beauté du football. Les Camerounais seront les bienvenus. C’est déjà oublié.  On espère qu’on sera toujours ambassadeur de la FIF. On voit que le comité d’organisation se met en place par-ci par-là, nous on espère être associés pour apporter notre touche pour développer ce football. 

La Côte d’Ivoire pourra-t-elle relever le défi de l’organisation de cette CAN?

C’est déjà fait. Le plus important est que le trophée de la Can 2023 ne quitte pas Abidjan au soir de la compétition. Le président de la République est en train de travailler avec le Cocan Nous aurons les  plus belles infrastructures de l’Afrique de l’ouest, les hôtels sortent de terre partout, les routes en chantier…

Un regard sur les infrastructures sportives notamment les stades ivoiriens

Il faut qu’on se respecte à un moment donné. Nos stades n’ont rien avoir avec le Japoma. Les bancs de touches dont on parle, c’est pas ça qui est important. Un stade c’est une bonne pelouse et des gradins sécurisés. La Côte d’Ivoire va surprendre le monde.

Parlez-nous du comment  s’est fait votre nomination comme Ambassadeur par la FIF pour la CAN Côte d’Ivoire 2023?

Il faut souligner d’abord que nous n’avons pas touché de l’argent comme entendu sur les réseaux sociaux. C’est un acte patriotique,  on nous a appelé pour nous informer qu’on a besoin de vous. Ça été un honneur pour moi car nous sommes 28 millions d’habitants. On a été en tout 10 ou 11 personnes sélectionnées. Les gens nous ont vu sur les panneaux, et ont pensé que nous avons empoché de l’argent. Mais devant Dieu et les hommes,  même 5f, on pas eu. On dit merci à la FIF même si les résultats escomptés de cette campagne n’ont pas été extraordinaires. C’est la démotivation totale depuis que nous avons été éliminés du tour  de qualification à la coupe du monde 2022. Nous avons remporté la Coupe d’Afrique des Nations il n’y a pas longtemps,  donc c’est le mondial qui était le défi à relever.

L’équipe de Côte d’Ivoire actuelle est-elle à mesure de remporter la CAN 2023 à domicile ?

Oui les Eléphants de Côte d’Ivoire le peuvent, mais  pas avec cet entraîneur actuel. 

Notre sélection avec ses joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs du monde est la plus grande équipe d’Afrique actuellement. Les garçons n’ont pas perdu leur valeur, c’est l’alimentation et un jeu collectif qui manquent. Il faut limoger Patrice Beaumelle. Vous savez il y a deux types d’équipes: de grandes et de  petites équipes, bien entendu avec tout le respect que j’ai pour les équipes du monde entier.

Il y a des équipes où tu prends un coach pour pouvoir développer quelque chose, lui il se donne un nom en développant l’équipe. 

Et il y a des équipes comme la Côte d’Ivoire qui sont mondialement connues. On n’a pas droit d’envoyer des coach pour commencer leur carrière ou pour montrer qu’ils savent faire quelque chose. On n’est pas là pour essayer avec l’équipe de Côte d’Ivoire (il s’énerve et fait monter le ton).

Hervé Renard, il a fini de cocher tous les clubs , qui aurait cru que la Zambie pouvait prendre la Coupe d’Afrique des Nations. C’est un entraîneur de renom qui sait gérer une équipe, une équipe, qui n’a pas peur du salaire des joueurs et d’autres choses. Mais après lui on a pris qui? Lamouchi! Zéro pointé. Puis Marc Wilmots ou ville morte, zéro pointé. On ne savait même pas qu’il existait… Camara et Zahui c’était mieux, 

Beaumelle était le suppléant de Hervé Renard. On peut être suppléant en appliquant ce que l’autre fait, mais en ajoutant sa sauce. 

“Il faut encore de l’expérience à Beaumelle pour coacher une grande équipe comme les Éléphants »

En tant qu’ancien professionnel de l’équipe nationale du Liban, j’estime qu’on construit une équipe en fonction de la pointe qu’on a. J’ai vu Barcelone jouer plusieurs années sans pointe. Ils ont construit leur système de jeu autour de Messi, tout passe par Leo Messi. C’est quand Suarez est venu, ils ont recommencé à jouer avec une pointe.

Au Real Madrid, ils ont construit l’équipe autour de Ronaldo. C’est pourquoi, Karim Benzema a été le seul attaquant a pu rester malgré le passage de plus gros attaquants, car Benzema a compris qu’il faut jouer pour Cristiano Ronaldo. Et c’est quand Ronaldo s’en va que tu prend sa place.

C’est ce qui s’est passé avec Didier Drogba quand il jouait dans la sélection ivoirienne. 

Centré le jeu sur Haller

Aujourd’hui on a un Sébastien Haller qui, dans les relances, est capable de stopper tous les ballons et faire des déviations de la tête comme il le fait à l’Ajax. 

Dans le centre, il a un jeu de tête hors pair, dans la profondeur, il peut marquer dans toutes les situations.

Il faut créer le système et l’ambiance autour de lui, pour qu’il soit alimenté en ballon.

On prend Haller comme pointe, et on alimente uniquement Zaha et Pépé ou encore Max Gradel, en ballon. Mais eux-aussi doivent alimenter Sébastien Haller.

Mais le système n’est malheureusement pas fait ainsi et les remplacements sont improductifs, parfois inutiles.

Personnellement, avec tout le respect que je dois à tout le monde, il  faut encore de l’expérience à Patrice Beaumelle pour cocher une grande équipe.

C’est pas un mauvais entraîneur mais il n’est pas fait pour cocher les Eléphants de Côte d’Ivoire. C’est trop lourd pour lui.

Didier Drogba, Sory Diabaté et Idriss Diallo… qui a le meilleur profil pour être à la tête de la FIF, selon vous?

Il est préférable que ces trois travaillent pour le développement du football ivoirien. C’est une nécessité.

Idriss et Sory ont un vécu et Drogba a une image, un nom.  Si on me demande personnellement aujourd’hui, je dirai que pour moi l’image de Drogba peut rapporter beaucoup à la Côte d’Ivoire, en termes de sponsor. Le projet “Renaissance” de Drogba veut tout dire. 

Drogba peut ne pas être un bon dirigeant. Mais l’image et le nom jouent pour beaucoup. Regardez avec Samuel Eto’o, c’est grâce à lui qu’on connaît aujourd’hui la Fécafoot à l’international. Personne ne connaissait la Fécafoot.

Votre regard sur le football ivoirien

Ce qui tue notre football est que les joueurs locaux ne sont pas payés et mis en valeur. Donc le championnat est mort.

Grâce à l’image de Didier les sponsors comme Nike, Puma, Adidas peuvent associer leur marques au football ivoirien. et cela génère de l’argent pour les clubs locaux où les joueurs touchent 10 ou 20 milles francs FCFA. 

Le football, c’est 30% de psychologie, 30% pour la nourriture et enfin 40% pour l’environnement dans lequel évolue le joueur professionnel. Quand les trois ne sont pas réunis, il y a problème.

Malheureusement en Côte d’Ivoire, toutes ces conditions ne sont pas réunies, à part à l’Asec d’Abidjan.

Comme beaucoup d’ivoiriens, il y a longtemps le football ivoirien ne m’intéresse plus, c’est l’équipe nationale qui nous enchante un peu.

Avant, SOA vs Africa Sport national, Stella vs Asec d’Abidjan c’était des derby qui faisaient remplir les stades. Les chocs Asec vs Africa se jouaient à guichet fermé et les tickets étaient finis trois jours avant le match, à l’instar des Real vs Barcelone en Liga.

Pour le développement du football ivoirien et local en particulier, les trois candidats à la FIF doivent coordonner ensemble. Ils peuvent s’asseoir pour discuter. Mais il ne faut pas laisser passer pour compte l’image de Didier Drogba. C’est une énorme opportunités qu’on a pour notre football local. Pour les professionnels ou internationaux, ça ne leur dit absolument rien. Ici, si tu ne joues pas, tu n’as même pas cette minable prime dont on parlait plus haut.

C’est pas seulement une affaire des clubs, la FIF doit créer les conditions d’un meilleur épanouissement des clubs locaux en se réinventant avec de nouvelles idées. 

Written by Tristan Sahi

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