Kanigui Soro du RHDP à propos du Mali: « où est la logique quand nous acclamons des juntes qui ont prétexté mettre fin à un 3è mandat »

Kanigui Mamadou Soro, ex-proche de Guillaume Soro, se prononce sur les sanctions de la CEDEAO contre le Mali.

La conférence des chefs d’États et de Gouvernements de la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO) s’est réunie en session extraordinaire à Accra ( Ghana), couplée avec une session de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine ( UEMOA) pour examiner la situation au Mali et en Guinée. Au sortir de ces deux sessions extraordinaires, les deux sommets de haut niveau ont sévèrement sanctionné le Mali. Depuis lors, une vive polémique est née.

Pour nous, ce qui se passe au Mali nous interpelle tous. Nous pensons qu’il est vraiment temps qu’on se pose les bonnes questions en Afrique dans la volonté de construire notre continent.

QUEL MODÈLE DE SOCIÉTÉ VOULONS-NOUS AU JUSTE ?
On ne peut pas à longueur de journée, travailler à convaincre nos peuples que le gouvernement de France est notre mal, on allègue qu’il soutient des despotes en Afrique et proposer dans la même saillie politique qu’il faille retourner vers la fédération de Russie où prévaut un règne interminable , la gouvernance du plus fort, avec à la clef, un mandat de représentation illimité détenu par le président Poutine. Où est la logique quand nous acclamons des juntes qui ont prétexté vouloir mettre fin soit à un troisième mandat, soit à un tripatouillage d’élections législatives…bref ! condamner une mal gouvernance pour, subrepticement, élaborer un plan de sortie de crise plus long que le mandat légal et légitime du président déposé ?

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Tout le monde sait que des régimes militaires sont par essence hors la loi. Ne disposant ni de légitimité, ni de légalité, ces autorités de facto sont par là même, incapables d’aider leurs peuples dans les cercles de la haute diplomatie internationale régie par des lois et conventions entre gouvernements élus d’une part et d’autre part, ces autorités de facto sont donc infréquentables par les organismes d’appui au développement ; organisations nécessaires pour l’aide budgétaire dans la plupart de nos pays africains au PIB structurellement déficitaires pour conduire des investissements productifs au profit des populations. Que peuvent donc des militaires avec leur principe de force et sans appui devant les enjeux et les problèmes du pays ? Rien d’autre qu’ajouter de la détresse à la souffrance des populations.

En quoi la Russie permettrait-elle de mettre fin au règne sans partage , à la mal gouvernance et au tripatouillage des élections quand on sait tous que le président Poutine a vu passer près de 05 présidents américains ?
La décence et la vertu ne sont point là où on les cherche.

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Une société de mercenaires russes bien et chèrement rémunérée, convaincue qu’elle tient la sécurité nationale du pays  » client  » peut-elle permettre par la suite, l’organisation d’élections démocratiques, crédibles qui pourraient aboutir à l’avènement de nouvelles autorités élues dans la transparence des urnes qui pourraient leur être défavorables ? Que voulons- nous au juste ?
Peut-on vraiment applaudir un coup d’État censé corriger une fraude électorale aux législatives et une mauvaise gouvernance et saluer une transition militaire et non constitutionnelle de six ans, soit deux fois plus longue que les trois ans restants de l’ancien président pour finir son mandat constitutionnel ?

OÙ EST LA LOGIQUE ?
Peut-on vilipender et chasser un pays comme la France où vivent et travaillent la plus grande diaspora rentable des ressortissants maliens en Europe et , acclamer et installer un pays comme la Russie où on compte si peu de ressortissants africains bien intégrés et respectés dans leurs droits ?

Pendant ce temps quand en France, le candidat à l’élection présidentielle , Éric Zémmour d’extrême droite, évoque la pression de l’immigration et le fort taux de joueurs d’ascendance africaine dans l’équipe de France, cette Afrique populiste et démissionnaire de ses responsabilités, crie au scandale ?

QUE VOULEZ -VOUS AU JUSTE, JEUNESSE AFRICAINE ?
Des populistes incapables de lancer le développement du continent ont pour seul et obsolète argument, la colonisation. Sommes-nous les seuls au monde à l’avoir endurée ? Les États-unis sont une ancienne colonie anglaise. La Chine fut envahie par le Japon. Et pourtant, que de promesses de bonheur accomplies au service de leurs populations et à la face du monde ! Et puis les jeunesses manipulées et les animateurs de ces officines de propagandes et de manipulation abjectes, agissent comme si on pouvait refaire l’histoire.

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Au demeurant, il n’y a pas que la politique dans la vie.
Demain, le terrorisme djihadiste sera maîtrisé dans le sahel comme il le fut en Algérie sur la décennie noire. Nous fondons notre espoir sur des indices congruents sur cette probabilité. Et les peuples continueront à vivre. Au Mali même, la paix obtenue, demain, beaucoup voudront immigrer, poursuivre leur rêve et aventure humaine pour construire aussi le Mali, le pays de leurs ancêtres avec des revenus acquis en Europe occidentale, notre plus proche voisin. En ce moment, iront-ils en masse en Sibérie occidentale ( Russie) avec les bénédictions des Russes ?

Il faut dire la vérité à nos peuples sans démagogie aucune et sans être pour autant un russophobe. Le courage de la vérité est déjà le début des solutions viables à la pauvreté des populations non éduquées.

Ces opposants de la sous-région qui acclament la junte au Mali doivent savoir que si dans la bataille pour la conquête géostratégique du monde, Wagner s’aperçoit qu’il suffit qu’un régime civil africain soit déstabilisé pour que la société militaire privée russe soit engagée par des putschistes civilo-militaires, ça et là, avec pour mission de se substituer presqu’à l’armée nationale, alors, tous les pays africains devront craindre le risque de déstabilisation ou la tentative. Surtout que cette société n’agit pas officiellement au nom de l’État Russe et donc ne saurait l’engager .

Que recherchons-nous?
La démocratie libérale et représentative, l’État de droit ou , paradoxe des paradoxes, le retour des militaires au pouvoir qui se barricaderaient avec des mercenaires étrangers, sans moralité aucune, coûteux , pour les conforter au pouvoir d’État , indéfiniment. Auquel cas, il faudrait, alors dire adieu aux frêles et structurellement vulnérables processus de démocratisation réelle ; un scénario de cauchemar pour les libertés publiques existe et menace la sous-région Ouest-africaine. Est-ce bien là, le rêve des oppositions politiques et de certains résidus de militants populistes qui jouent les impatiences violentes ?

Je soutien donc la décision de nos hauts dirigeants Ouest-africains. Nos instruments d’intégration sous-régionales méritent d’être confortés par des décisions fortes. J’appelle les autorités du Mali au sens de la responsabilité, à la retenue et à la désescalade des positions extrêmes. L’extrémisme des positions politiques est préjudiciable aux citoyens maliens et aux autres citoyens de notre espace communautaire tout comme à son attractivité économique, politique et diplomatique. Le dialogue raccourcit les souffrances inutiles nées des orgueils. Que la raison prévale !

Kanigui Mamadou Soro

Written by Véronique Fortes

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