Laurent Gbagbo et l’art de faire la politique autrement

Traoré Mamadou, ex-député FPI, fait une analyse de la politique de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo de retour en Côte d'Ivoire.

Hier comme aujourd'hui, n'a jamais manqué l'occasion de faire comprendre à son peuple qu'il avait choisi de faire la politique autrement. Cela implique de fait la dénonciation de deux monstres qui impactent négativement la vie des populations d'un pays, à savoir l'instrumentalisation du mensonge et de la violence pour parvenir à ses fins.

En effet, hier étant dans l'opposition, il avait affirmé qu'on pouvait faire la politique sans mentir au peuple. Pour joindre le geste à la parole, il avait choisi de dire la vérité aux Ivoiriens sur sa gestion du pouvoir et les projets qui lui tenaient à cœur pour son pays dès qu'il fut élu Président en octobre 2000. C'est ainsi qu'en 2001, désengageant l'État, il remit la filière café et cacao aux agriculteurs eux-mêmes pour plus de clarté dans la commercialisation de leur production.

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Cela ne s'était jamais vu depuis l'indépendance du pays en 1960. C'est également pour cette raison de clarté et de vérité qu'il avait décidé de faire le point chaque année avec le peuple sur l'utilisation des revenus de son pétrole. C'est pour cette même raison qu'il avait dit à son peuple au lendemain de la signature des Accords de Marcoussis en janvier 2003 que c'était un médicament qu'il trouvait amer, mais qu'il fallait boire pour guérir.

C'est pour cette raison qu'il avait démontré aux yeux du monde qu'il n'avait rien à voir dans le scandale du Probo Koala du nom du bateau qui avait en 2009 déversé des milliers de tonnes de produits hautement toxiques sur les dépotoirs d' et dernière des habitations faisant des milliers de victimes parmi lesquelles on comptabilisa plusieurs morts. C'est enfin pour cette raison qu'il demanda à la Communauté internationale lors de la polémique sur les résultats des élections présidentielles d'octobre 2010 de venir procéder elle-même à un recomptage du suffrage exprimé pour chacun des deux candidats pour une résolution pacifique du différend électoral.

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Comme on le voit, on peut faire la politique et gouverner sans instrumentaliser le mensonge. S'il est possible de gouverner sans utiliser le mensonge comme moyen pour atteindre ses objectifs, il est également possible de faire la politique sans tuer pour parvenir à ses fins à condition d'y être préparé en tant que démocrate et humaniste soucieux des lois de la République et respectueux de la vie humaine.

Cette manière de faire la politique a toujours servi de repère à Laurent Gbagbo qui avait très tôt compris qu'on ne pouvait vouloir le bien d'un peuple et dans le même temps lui mentir opportunément ou bien lui faire subir des atrocités inhumaines. Il a donc tenu à dire dans son allocution à l'endroit de ses visiteurs venus ce samedi 28 août du Guemon et du Cavaly, deux régions de l'ouest du pays ayant subi d'abominables atrocités, pour le saluer après sa libération d'une captivité de 10 ans en Europe, cette vérité qui a toujours servi de philosophie à sa politique vis-à-vis de son peuple : << pour le pouvoir, on n'a pas besoin de tuer. On peut faire la politique sans tuer personne>>.

Cela est d'autant plus vrai que la politique se fait pour le peuple et non contre le peuple.

Written by Traoré Mamadou

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