Dr Paul Agoubli de LIDER fait une analyse des élections législatives de mars 2021 et le Pouvoir RHDP face à l'Opposition ivoirienne.
Le régime parlementaire tient comme nous le savons tous une place importante dans le dispositif des réformes que propose LIDER depuis la création du parti. Les élections législatives du 06 mars prochain offriront à coup sûr une occasion inespérée d'en comprendre la logique innovante et démocratique à défaut d'en permettre la mise en œuvre imminente dans notre pays.
? – Que se passera-t-il en mars 2021 ?
?1/ Les appels récurrents de Gnamien Konan ;
?2/ les récentes déclarations de Pascal Affi N'Guessan ;
?3/le changement de cap des partisans de Laurent Gbagbo
donnent à penser que l'opposition participera aux élections législatives en formant un bloc monolithique contre le RHDP au pouvoir, de fait.
Deux forces politiques pour une fois se feront clairement face (la naissance du RHDP en 2005 et l'élection présidentielle de 2010 n'invalident pas cette analyse du fait des contextes différents et du but présidentialiste poursuivi à l'époque).
?? – En recherchant la majorité à l'Assemblée nationale, le RHDP sera moins en quête d'une assise politique supplémentaire que
?1/ d'une légitimité pour corriger la bérézina du 31 octobre dernier.
? Mieux, engagé dans la compétition,
2/ le régime aura à cœur de conserver ce levier institutionnel sans lequel il devra lutter plus âprement pour a/valider le budget de l'État, b/ garnir les budgets de souveraineté mirobolants, c/ nommer confortablement à certaines fonctions politiques et administratives, d/ voler l'Eco de la CEDEAO en douce avec Emmanuel Jean-Michel Frédéric Macron, e/ voter ou modifier les lois, etc.
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???- Une victoire de l'opposition lui permettrait quant à elle de se rapprocher des objectifs du CNT :
?1/ demande de clarification/réglages de la Constitution,
? 2/ réforme de la CEI,
? 3/ restauration de l'état de droit malmené,
?4/ formation de commissions d'enquêtes parlementaires sur divers sujets…
Avec un Président du parlement issu de ses rangs, un (de préférence) ou plusieurs groupe.s parlementaire.s puissant.s, l'initiative également de la loi, l'opposition ivoirienne imposerait une cohabitation douloureuse au régime. Ceci pourrait déboucher sur une gouvernance partagée (?? ???? ?'?? ???????????? ?'????? ??'?? ????????) et une présidence tempérée de M. Ouattara qui n'en a pas l'habitude.
??- Un tel parlement, à l'exemple de ce qui se fait en Angleterre, est plus conforme à l'esprit démocratique. Dans un tel système, les ministres, qui ne pourraient pas faire ce qui leur chante, rendraient effectivement compte devant le parlement : la représentation nationale.
Il est évident que l'on ne retrouverait plus ces situations abracadabrantesques où le garde des sceaux peut mentir sans gêne aux députés au sujet de l'esprit de la loi et tenir plus tard sa parole solennelle/assermentée pour un argument quelconque. C'en serait fini d'un tel manque de respect.
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?- Dans ces conditions, les arguments/slogans de campagne gagneront pour une fois en clarté politique (l'élection législative est une élection politique) au lieu d'être ces grands moments de mensonges et de petites professions de foi (comme on le voit avec les fameux jeunes candidats de Cocody). On devine d'emblée ceux de l'opposition : ils consisteront
? 1/ à présenter partout les risques d'une présidence excessive renforcée par la passivité du parlement.
?2/ Les populations seront informées des conséquences d'une telle situation qui exposerait aux velléités d'un cinquième mandat si le régime s'inventait un nouveau péril
?3/ ainsi qu'à l'exagération de la patrimonialisation du pouvoir en cours avec, comme une certaine presse l'annonce, la possibilité de voir le propre frère du chef de l'État à la tête de l'assemblée nationale.
La Côte d'Ivoire ne pourrait plus jamais se remettre d'une telle audace.
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??- C'est à ces arguments que les candidats du pouvoir seront aux prises, il leur faudra aller au-delà des PowerPoint, des publireportages, des spots publicitaires, pour une fois.
???- Cette logique est bien celle du régime parlementaire dont l'élection à venir pourrait préfigurer l'avènement du moins si elle se tient dans une démarche solidaire de l'opposition appuyée par un mouvement populaire résolu.
P.S.: Une guerre (c'est une métaphore) est faite de plusieurs batailles ; si on peut en perdre quelques-unes, les plus importantes souvent, l'essentiel reste de gagner la guerre elle-même.
