« Les résultats encourageants du PDCI aux locales ne sont nullement la traduction d’une victoire » (Michel Benoît Coffi)

Après la proclamation des résultats des élections locales que Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du qualifie d'encourageant, Michel Benoît Coffi, ex-membre du Bureau politique du PDCI inscrit sur la liste des exclus pour être parmi les membres fondateurs du unifié, s'interroge : « Le PDCI-RDA peut-il prospérer en dehors du RHDP ? ». Ci-dessous sa contribution.

 Commentant les résultats des élections couplées du 13 octobre 2018, Maurice Kakou Guikahué, Secrétaire exécutif du PDCI-RDA, déclare : « Les résultats obtenus par le PDCI-RDA sont encourageants ». Il est entendu que le PDCI-RDA ne s'est pas écroulé à l'issue de ces élections couplées, ce qui aurait pu être envisageable si l'on tient compte de la sortie impromptue du PDCI du RHDP.

En effet, ils sont nombreux les candidats RHDP, cadres influents de l'alliance au pouvoir, issus du PDCI-RDA. Les résultats auraient été effectivement « encourageants » si ces candidats étaient allés aux élections sous la bannière du RHDP, en étant reconnus comme militants de leur parti d'origine. Mais dans l'absolu, la vocation du PDCI-RDA n'est pas d'obtenir des   « résultats encourageants » à ces consultations électorales. Le PDCI-RDA, le parti le plus ancien de la Côte d'Ivoire, n'est plus ce grand parti qu'il a été. Depuis 1990, il perd du terrain de manière régulière.

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Aux dernières élections, par exemple, le parti de Bédié était totalement absent dans de nombreuses régions, ce qui est anormal de la part d'un parti qui naguère était implanté sur l'ensemble du territoire national. La sortie du PDCI du RHDP ne doit pas constituer une excuse pour ce parti, de n'obtenir que  des résultats justes « encourageants ».

Même là où les candidats estampillés RHDP issus du PDCI se sont présentés, le PDCI a présenté contre eux ses propres candidats. La défaite du PDCI dans ces localités, doit être perçue comme s'inscrivant dans la logique du recul, d'année en année, de ce parti. C'est le lieu pour nous de faire observer qu'au PDCI-RDA, les années passent et l'histoire se répète. C'est à croire que ce parti, le plus vieux du continent africain après l' d' du Sud, est frappé d'une tare congénitale qui l'empêche de tirer les leçons de ses erreurs passées et des différentes crises qui jalonnent son histoire, en vue de faire sa mue.

Or une telle position aurait été la meilleure voie pour ce parti, de s'adapter avec sagesse à toutes les situations nouvelles. Que non ! Le PDCI reste toujours le même, de marbre, dormant sur ses lauriers et engoncé dans les pratiques surannées qui ont occasionné tant de saignées géantes et incurables dans les rangs des militants et sympathisants, médusés devant tant d'immobilisme et peut-être de mépris.

Depuis le retour au multipartisme jusqu'à ces temps de balbutiements, le parti s'est montré incapable d'autocritiques et toujours prompt à emprunter des raccourcis qui mettent à mal la résilience et surtout l'amour inconditionnel de générations entières d', acquis aux fondamentaux de l'houphouétisme : la paix, le dialogue, la tolérance, l'amour, la culture du pardon, etc.

Nécessité de procéder à une introspection

Le ministre , invité du dernier congrès extraordinaire du PDCI à , tenu le 15 octobre 2018, n'a pas manqué interpeller publiquement ce parti sur la nécessité de procéder à son introspection, en vue de déterminer la nature et l'origine des maux qui le minent, plutôt que de chercher en permanence des boucs-émissaires.

Nous venons d'achever des élections à l'issue desquelles le PDCI a essuyé de nombreux revers, en maintes localités. Plutôt que de chercher à savoir ce qui n'a pas fonctionné, ici encore, on choisit de crier au « hold-up », à la fraude en indexant le RHDP et « ceux qui portent le sceau de la République ». Et pourtant, il s'agit de compétitions locales où s'affrontent des acteurs locaux. Que viennent faire le RHDP et « ceux qui portent le sceau de la République» dans de telles circonstances ?

Pour nous, il s'agit là d'une forme de victimisation, un écran de fumée destiné à masquer les nombreuses erreurs de casting opérées par le parti qui, à un moment donné, était allé jusqu'à envisager de ne pas participer à ces élections.

Dans le Moronou, par exemple, la candidate du PDCI, madame Aka Véronique, accuse monsieur Affi N'guessan d'avoir fraudé pour la battre. En quoi monsieur Affi N'guessan peut-il être considéré aujourd'hui comme membre du RHDP ou personne portant « le sceau de la République» ? Comment pourrait-il user de ces qualités pour frauder contre madame Aka ?

« l'avenir du PDCI se trouve bel et bien au sein du RHDP et non en dehors »

Au vrai, ces « résultats encourageants », qui ne sont nullement la traduction d'une victoire, nous permettent de voir que l'avenir du PDCI se trouve bel et bien au sein du RHDP et non en dehors. Ce parti aurait pu capitaliser les victoires remportées par l'alliance au pouvoir, même s'il aurait eu à partager ces victoires avec ses alliés du RHDP. Une victoire à partager ne vaut-elle pas mieux qu'une défaite ?

Notre conviction, à l'issue de ces élections, demeure la même : le PDCI n'avait pas à engager d'épreuve de force avec le RHDP. L'Houphouétisme est sagesse, et la sagesse aurait consisté à négocier tout avec nos alliés, même l'alternance au pouvoir en 2020. Si le PDCI avait fait cela, ce grand parti n'en serait pas à se satisfaire d'un résultat électoral juste « encourageant ». Il n'est jamais trop tard pour bien faire, « c'est tordu certes, mais ce n'est pas rompu ».

Michel Benoît Coffi 

Membre du Bureau Politique du PDCI-RDA

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Written by YECLO.com

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