Liste électorale, CEI, Découpage électoral… : « tout est mis en place et exécuté pour piéger l’opposition »

Liste électorale, CEI, Découpage électoral… Nazaire Kadia fait une analyse des recommandations du dialogue politique ivoirien.

La Côte d'Ivoire, depuis 2011, ne cesse d'étonner le monde, comme l'avaient prédit les oracles. Toutes les grandes décisions et toutes les opérations qui ont un impact sur l'avenir et le devenir des ivoiriens, se prennent ou se font au pas de course.

Pour rappel, la constitution, mère de la troisième république a été écrite, adoptée et promulguée au pas de course, sans laisser la possibilité aux populations ivoiriennes, de la lire, de la comprendre et de se l'approprier avant le référendum.

La mise en place de la deuxième chambre du parlement, le Sénat, n'a pas échappé à ce paradigme dans l'action. Une ordonnance en lieu place d'une loi a été prise pour en définir la structuration, une semaine accordée aux candidats pour faire campagne et près les élections, quelques jours ont suffi pour tenir la première session.

La modification du code électoral, par une ordonnance en lieu et place d'une loi d'habilitation, est intervenue à une période où la pandémie de la covid 19 était à son apogée. « L'urgence du moment » a obligé le Chef de l'Etat à « s'enfermer seul dans son bureau » pour procéder à cette modification qui était certainement une question de vie ou de mort !En réalité, toutes ces décisions et toutes ces opérations qui se prennent ou qui se font dans l'urgence et au pas de course n'ont qu'un objectif : prendre toujours l'opposition de vitesse et la mettre devant le fait accompli, en sachant dès le début que les dés sont pipés et que cette opposition n'aura qu'une réaction timorée.

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Le dialogue entamé par le pouvoir sous la conduite du Premier Ministre Hamed Bakayoko et les partis de l'opposition, n'échappe pas à ce calcul malsain. Il s'était agi de mener des discussions (refusées pour l'élection présidentielle), à l'effet d'avoir des élections législatives apaisées et crédibles. Pour ce faire, plusieurs sujets sont mis sur la table de discussion, entre autres :

– La recomposition de la (), conformément aux recommandations de la Commission Africaine de Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP), telle que rappelée par le Chef de l'Etat et pour laquelle des instructions avait été données au Premier Ministre

– La libération de tous les prisonniers politiques, des leaders de l'opposition embastillés et le retour des exilés dont le président , le ministre Charles et l'ex-président de l'Assemblée nationale, Soro Guillaume.- – etc.

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Alors que les discussions entamées, ne sont pas encore arrivées à terme, La Commission Electorale Indépendante (CEI), vient d'ouvrir, le dépôt des candidatures pour les élections législatives, du lundi 4 janvier au mercredi 20 janvier 2021. C'est un message, on ne peut plus clair qui est adressé aux partis de l'opposition : dialogue ou pas dialogue, accord ou pas accord, les élections législatives se tiendront à la période déterminée par le Chef de l'Etat, c'est-à-dire le premier trimestre de l'année 2021.

Il ne sera certainement pas question de recomposer la CEI, de revoir le découpage électoral taillé sur mesure pour le RHDP, encore moins il ne sera question d'évoquer le problème de la liste électorale. Tout est mis en place et exécuté pour piéger l'opposition et la mettre dans une situation inconfortable. Rien ne lui sera concédé.

Il revient de ce fait à l'opposition de faire son introspection, le bilan de ses actions, voir la portée de celles-ci et de revoir sa stratégie de lutte, à l'effet d'éviter de se présenter mains et pieds liés devant le pouvoir, dans une posture de reddition. Si elle ne le fait pas, elle s'en sortira au meilleur des cas avec quelques strapontins qui ne lui permettront même pas d'avoir voix au chapitre !

A l'observation, et au vu des pas posés, la demande de dialogue du pouvoir RHDP est juste une opération de charme cosmétique et de communication destinée à ses soutiens extérieurs. En réalité, il se prépare à son jeu favori : le passage en force. Si l'opposition n'y prend garde, elle sera juste un faire-valoir pour légitimer une fois encore la forfaiture. Mais il y a certes eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l'ivraie sera séparée du vrai.

Written by Nazaire Kadi

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